samedi 15 juin 2019

La guerre des sexes



J'ai bien rigolé, la semaine dernière, à la suite de la déclaration du philosophe Alain Finkielkraut qu'il n'allait pas regarder la Coupe du Monde de football féminin et qu'il ne fallait pas non plus lui demander d'assister à un match de boxe ou de rugby féminin.


"Quel vieil idiot !", tout le monde a dit avec des accents profondément outrés. C'est pas possible d'être à ce point sexiste et misogyne. Il a tout de suite été sommé de venir confesser son indignité sur plusieurs chaînes de télévision.

Pour ce qui me concerne, pas plus que je ne regarde le football masculin et encore moins le rugby (que je déteste carrément et je ne parle même pas de la boxe), je ne vais regarder des matchs féminins.


D'abord, parce que je n'arrive à m'intéresser à un sport que si je le pratique ou l'ai pratiqué. Le football, je ne suis donc pas capable d'avoir une appréciation technique. Et puis, oserais-je le dire, est-ce que le football, c'est vraiment un sport ? Un jeu plutôt, un jeu réclamant de l'habileté mais peut-être pas plus. En tant que coureuse à pied, je sais bien que les footballeurs comme les rugbymen n'ont qu'une endurance physique limitée: au-delà de 100 mètres, ils sont rincés. Leurs capacités athlétiques, c'est comme pour les joueurs de tennis, elles sont très relatives.


Mais surtout, les sports médiatiques sont devenus les supports du chauvinisme et de la beaufitude les plus hideux. Les groupes, les foules, c'est souvent horrible et il faut bien reconnaître que les femmes savent être les égales des hommes dans le domaine de la stupidité. Les bandes de filles, c'est aussi bête que les bandes de mecs. Tant pis si j'apparais odieusement élitiste en ces temps de "giletjaunisme" généralisé.


Voilà quelques-uns des motifs qui me rendent absolument insensible à cette injonction d'admiration et d'adoration obligatoires du foot féminin. Pourtant, je trouve ça bien que les femmes fassent du sport. Je suis même la première à en faire car ça brise tous les clichés et c'est un peu d'autonomie conquise. Je trouve même bien qu'elles occupent des emplois peu recommandables: la police, l'armée. Ça peut contribuer à pacifier un monde de brutes.


Mais est-ce que ça marque vraiment l'achèvement de l'émancipation des femmes ? Est-ce que l'égalité parfaite sera atteinte lorsque les femmes seront comme des hommes ? Que les filles soient presque des mecs, c'est cela que l'on veut ? Qu'elles jurent, qu'elles crachent, qu'elles se battent, qu'elles puent ? Pourquoi pas mais ce sera une victoire du modèle masculin.

Est-ce qu'il n'y a pas plutôt une ruse et une imposture de l'Histoire ?


La vérité, c'est qu'on s'attache aujourd'hui à dénier la différence des sexes, leur fracture. On fait comme si le féminin et le masculin étaient interchangeables, substituables, on entretient leur confusion, leur indifférenciation.

L'Unisexe ! Tel est notre grand fantasme.


Avec l'unisexe, on espère d'abord vivre dans la Paix perpétuelle. Un monde sans aspérités, sans conflits, sans incompréhensions, le monde de la belle indifférence et de l'échange généralisé.

L'unisexe pour mettre fin à l'immémoriale et fatale guerre des  sexes.


Comme si la vie pouvait s'arrêter, se figer. Mais on le sait, la vie, elle déborde sans cesse d'elle-même, elle est toujours faite de conflits, de dissensions et même de tragédies.

Moi, je préfère la guerre à cette paix sourde de l'égalité et de l'indifférence, la paix du refoulement. La guerre, et notamment la guerre des sexes, est au principe même de la vie et c'est son piment. Ce n'est pas la Bible, ni la Tragédie grecque, ni la littérature universelle, ni Freud, ni Lacan, qui me contrediront.


Et la vie, elle appartient d'abord bien sûr aux femmes puisqu'elles la donnent. Mais transmettre la vie, c'est aussi transmettre la mort. La vie est une maladie à coup sûr mortelle, dit-on. C'est l'un des secrets les mieux gardés: les femmes sont les gardiennes du Temple, celui qui abrite la vie et de la mort. Et là-dessus, les hommes et les femmes n'ont pas fini de se disputer dans les décennies à venir. De plus en plus, en effet, on pourra procréer, fabriquer des corps, en dehors de tout rapport sexuel. La vie devient techniquement transmissible de même que  la mort. Mais il s'agit là d'un autre sujet dont je parlerai peut-être plus tard.


En attendant, je ne vais pas aller jouer au football ce week-end. Après une séance de démonstration-exhibition à la piscine, je vais sortir mes belles affaires d'été pour arpenter, légère et court vêtue, les boulevards parisiens. Telle est ma contribution à la guerre des sexes. Et la guerre, croyez-moi, c'est un Art, un Art de stratégie et de dissimulation-séduction.



Tableaux de Florence Obrecht ("Emilie" 2018) et Céline Berger ("Capitaine Hérode" 2006) figures montantes de l'Art Contemporain.

Images des dessinateurs de BD François Bourgeon (principalement "le cycle de Cyann"), Annie Goetzinger, Georges Pichard.

Il y a longtemps que je n'ai pas parlé cinéma. Je n'ai, à vrai dire, rien vu d'extraordinaire mais je recommande quand même:

- Jim Jarmusch : "The dead don't die"
- Agnieszka Smoczynska: "Fugue"
- Bong Joon-Ho: "Parasite"  - Une palme d'or méritée.
- Elise Otzenberger: "Lune de miel". Un film curieux pour moi. L'une de ses prétentions est de parler de la Pologne. C'est à la fois arrogant et étrange tellement c'est vu avec des œillères mais c'est quand même drôle.

16 commentaires:

Richard a dit…

« Je vais vous dire quelques chose ma petite dame, la seule chose que nous avons su préserver, c'est notre poésie et c'est la seule chose à sauver de l'Iran ».

(Propos d'un chauffeur de taxe à Téhéran)

Maryam Madjidi
Marx et la poupée
page -215-
Édition Héliotrope

Bonjour madame Carmilla.

Je tiens à vous rassurer que la prostitution existe au Québec. Montréal et Québec n'ont rien à envier aux autres grandes villes dans le monde, par contre en région c'est plus discret, en autre les femmes qui ont des enfants en bas âge, dont les mères arrondissent leur fin de mois. Mon propos visait surtout le côté festif et joyeux de la sexualité, sa nature gratuite tout comme l'eau. S'il faut payer en argent comptant après avoir payé psychologiquement, je crois que c'est payer chèrement.

Pourquoi ajouter le crime et le mal à la sexualité ? Lorsque cela tourne à la violence, ce n'est plus de la sexualité à mon avis.

Je connais des couples heureux, je pense que nous en connaissons tous. J'ai des amis qui sont mariés avec des femmes depuis une trentaine d'année et je n'ai jamais été témoin, qu'ils aient sauté la clôture.

Une fascination pour l'interdit et la transgression, s'il y en avait autant que vous le dites les prisons seraient pleines ; mais selon d'autres de vos textes, ils semblent que les crimes commis dans nos sociétés baissent malgré l'augmentation des populations.

Laissez les Saints à la porte, c'est comme les Dieux, c'est une invention humaine pour tourner en rond.

J'essaie d'imaginer la réaction d'Emmanuel Macron s'il vous entendait tenir ces propos ?

J'abonde dans votre sens en ce qui concerne la niaiserie des relations entre hommes et femmes. C'est très loin de mon idéal de liberté ! Voilà qui est désolant.

Richard St-Laurent

Richard a dit…

Les contrats en affaire, c'est comme les traités de paix, ils sont fait pour être violés et déchirés. Exemple, je suis en train de lire Le grand Jeu de Hopkirk, il n'y a pas beaucoup de traités ou d'ententes qui ont tenus entre les peuples de l'Asie Centrale. Ce livre est vraiment passionnant, lu 250 pages depuis hier, j'ai rogné sur ma nuit de sommeil tellement que j'étais pris par cette lecture. J'y reviendrai.

La guerre des sexes ?
Il y aurait une guerre des sexes ?
Je ne sais pas, à chaque fois que j'entre dans une salle et que je me retrouve devant un groupe de femmes, la moitié veulent me cribler de balles et l'autre moitié me fuir. Par contre, lorsqu'elles sont en pannes, ou encore comme la semaine dernière alors que je faisais le plein de mon Jeep, une femme est venue vers moi avec son bidon. Elle n'arrivait pas à dévisser le bouchon. On peut haïr les hommes, mais on a encore besoin de nous. Qui plus est, il manquait une pièce dans son bouchon pour le rendre étanche, j'ai improvisé une réparation avec une feuille de plastique. Ou bien ma logeuse en panique l'hiver dernier, alors que le toit du bâtiment était couvert d'un mètre de neige et menaçait de s’effondrer, c'est qui a grimpé sur la toiture ?

Combien de femmes dans la vie, m'ont révélé qu'elle aurait préférer être un homme ? Je ne les compte plus. Beaucoup de femmes nous envie, et comme vous l'écrivez, elles désirent être des hommes comme si être un homme c'était le sommet et le summum de l'évolution. J'en reviens à la lecture du moment : Le Grand Jeu. Je remarque que dans cet univers de l'Asie Centrale, il ne semble pas y avoir beaucoup de place pour les femmes.

La séduction ne suffit pas, c'est comme la diplomatie, des fois il faut emprunter un autre chemin.

Je n'ignore pas que la polémique actuelle ne mène à rien. À mes yeux, cela tiendrait plus de l'errance que de l'évolution.

Je n'ai aucune objection que des femmes s'engagent dans la police ou dans l'armée. Il y a des femmes qui se débrouillent très bien avec un 357, ou une FN, et elles peuvent être aussi cruelles que les hommes. Rappelez-vous lors de votre voyage en Israël, vous avez sans doute rencontrez quelques femmes en uniformes.

Richard St-Laurent

Richard a dit…

Habituellement, je fais tout pour éviter un conflit ou une guerre ; mais, s'il faut faire la guerre, faisons-là totale, une fois engagé on ne baisse plus les bras. Un conflit, une guerre, cela laisse toujours des traces, des traces des fois que l'on regrette lorsque l'action est passée. Entre l'homme et la femme, je trouve que cette guerre est inutile. Je ne vois pas que cela pimente la vie. Une dispute demeure une dispute.

Moi non plus, je ne regarde pas le sport à la télévision, la vie est trop passionnante pour perdre son temps, mais il y a une chose que je ne manque pas, lorsque l'équipe féminine canadienne de hockey joue en final. Se sont d'excellentes patineuses, très imaginative pour créer des jeux, je trouve que c'est rafraîchissant par rapport au hockey masculin. S'ajoute, leur présence devant les journalistes lorsqu'elles s'expriment. Plusieurs sont des diplômées universitaires et ça parait.

Par contre vous me rassurez selon vos dires, que nous en aurions encore pour quelques décennies avenir de cette guerre des sexes. Je vais encore assister en public à ces disputes regrettables de couples qui semblent trouver un sens de la vie dans leur conflit. Je pense alors, que je pourrais être à la place de l'homme et je me dis : tu as sans doute échappé à cette inutilité décevante.

Je n'ai jamais caché mon côté baveux, très baveux, et me connaissant, le mieux pour moi, c'est d'éviter les conflits le plus possible. J'ai appris le contrôle et ce ne fut pas facile. Je tourne le dos et je fuis, pas parce que j'ai peur, mais pour éviter des blessures et qui sait peut-être un décès.

Nous savons le jour où nous commençons une guerre tout en ignorant quelle en sera la conclusion, alors dans le doute abstiens-toi !

J'espère que vous vous exprimerez au sujet de la vie et de la mort transmissible. Vous allez mettre les pieds dans le jardin d'Harari. Ce qui ne manquera pas d'intérêt.

Ce soir, Homards pour tous, et grand bien nous fasse !

Les jardins sont pratiquement terminés et le maïs a commencé à percer le sol. Ce n'est pas une promesse, mais un bon début.
Bonne nuit et que le vent de vos rêves vous soulève.

Richard St-Laurent

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Richard,

Pour répondre d'abord à votre premier message, je préciserai que je suis une sceptique radicale : je ne crois nullement à la bonté naturelle de l’homme et à ses grandes proclamations de vertu et sincérité. Les personnes dont je me méfie même le plus sont celles qui se prétendent altruistes et vouées au Bien. Qu'est-ce que ça cache ?

On n'est jamais d'un seul bloc, d'un seul tenant. Il y a une duplicité fondamentale de la nature humaine.

C'est notamment le message du Christianisme dont le coup de génie a été de montrer que le Mal était en chacun de nous, de manière originelle. On est tous parcourus, chaque jour, d'impulsions, de "tentations" en langage chrétien, qui nous poussent à mentir, voler, trahir, exercer la violence. C'est une terrible leçon d'humilité mais c'est une réalité complètement occultée dans le monde "moderne" où chacun se prétend totalement intègre.

La tendance naturelle de l'homme, ce qui l’attire, ce n'est pas le Bien mais le Mal et l'Enfer. Dostoïevsky l’a bien montré dans ses livres et plus on commet le Mal, plus on se rapproche de Dieu.

Quoiqu’on pense également de la littérature du Marquis de Sade, il faut bien reconnaître qu’il a su explorer toute la noirceur de l’âme humaine.

Et dans le Mal, on trouve généralement une espèce de joie : « le bonheur dans le crime ». Et ce plaisir du Mal, il englobe toute la sexualité. C’est la pulsion de mort et toutes les dérives perverses.

Bien sûr, la violence est en recul continu depuis plusieurs siècles. L’homme est en voie de domestication et les forces de répression sont de plus en plus efficaces. Mais imaginez qu’un Etat décrète que tous les crimes et délits commis un jour donné, c'est-à-dire pendant une période de 24 heures, ne feront l’objet d’aucune poursuite… Ce serait sûrement une journée d’épouvantable terreur.

Sur tout cela, il y a un grand silence et même un déni total. On a peine à reconnaître sa propre crapulerie. Et beaucoup de gens ont aussi une existence paisible et heureuse. Mais au prix de quelles compromissions, arrangements, avec eux-mêmes et les autres ?

Quant à Emmanuel Macron, je suis convaincue qu'il souscrirait entièrement à mes propos. C'est quelqu'un qui a une solide formation philosophique.

Bien à vous,

Carmilla

P.S. : la suite, plus tard...

Carmilla Le Golem a dit…

Pour faire suite à notre échange, je préciserai que lorsque je parle de guerre des sexes, c'est, bien entendu, une métaphore: je n'appelle pas à prendre les armes.

Je rappelle simplement ainsi la séparation, la division des sexes, ce qui est, à mes yeux, de plus en plus occulté aujourd'hui.

La guerre des sexes, elle a jusqu'alors alimenté toute la littérature et toute la production artistique (peinture, cinéma, théâtre). Des romans d'où est exclu cet affrontement, des romans unisexes, ça ne peut être qu'ennuyeux à périr: ils sont forcément dépourvus de toute dimension tragique, i.e. de tout ce qui fait le malheur mais aussi la beauté de la condition humaine.

Évidemment, j'ai conscience de parler compte tenu de mes pays d'origine où prévalait une culture de la séduction. Mais croyez-moi, le spectacle de la rue est bien plus attrayant à Kiev, Varsovie, Moscou et même Téhéran qu'à Berlin ou Copenhague.

De toute manière, la séparation des sexes ne signifie pas non plus qu'on ne peut pas s'entendre, se comprendre. On peut aussi aimer les mêmes choses et puis je crois qu'il y a les personnes positives, qui vous apprennent plein de choses, et les personnes négatives, enfermées dans le ressassement de leur infortune et à fuir absolument.

Bien à vous,

Carmilla

Anonyme a dit…

Bonjour Carmilla,

vous présentez là un bien beau sujet de réflexion.

De mon expérience, je dois tirer le constat que les femmes que j'ai rencontrées et moi ne nous sommes pas souvent compris, même si j'ai pu vivre de bien belles relations.
J'ai compris en particulier que le langage que nous utilisions, bien que recourant aux mêmes termes (amitié, désir, liberté, engagement, etc.) renvoyait à des fonctions singulières, pour ne pas dire sexuées, et que ces mêmes mots présentaient des sens parfois disjoints et irréconciliables.
La relation relevait alors du domaine de l'impossible, ce qui attisaient évidemment les attirances et les répulsions associées, voire même une certaine fascination (ou un mépris) réciproque. Une guerre, dans une certaine mesure, et dont je suis bien loin aujourd'hui.

Avec un peu de recul, je me dis que les femmes et moi ne nous comprenons qu'à condition d'être clairement séparés. Dans le cas contraire, la fusion amoureuse est (a été) un désastre, une dévastation tant sur le terrain spirituel qu'énergétique. Une abomination. Et elle l'a été d'autant plus lorsqu'elle s'appuyait sur un récit et une rhétorique romantique mielleux ou, pire, sur des injonctions extérieures à être ensemble, à être Un. Nous sommes deux. Point barre.

Pour le reste, je pense que vous vous trompez sur les fouteux. A un certain niveau, ils arpentent entre 8 et 10 km en 1h30 sur la base de courses fractionnées à haute intensité. Les pros ont quasiment tous des VO2max supérieures à 70, ce qui est largement au-dessus du sportif moyen, et ce qui explique pourquoi je n'ai jamais pu être pro dans mes jeunes années. Mais cela n'a guère d'importance.

Bien à vous.

Alban

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Alban,

Je pense en effet que l'on se donne une très mauvaise base de départ si l'on se donne pour objectif d'être "les mêmes".

Cela relève non seulement de l'impossible mais c'est profondément aliénant puisqu'on se trouve contraints de se modeler sur une supposée identité. On perd rapidement toute liberté de choix.

Quand en plus ils faut être transparents l'un à l'autre et tout se dire, ça devient vite l'Enfer.

Les femmes sont différentes des hommes bien sûr. C'est surtout sociologique. Mais pour lever cette séparation, je crois qu'il faut, paradoxalement, respecter cette différence et ne pas chercher, à tout prix, à l'effacer comme le commande aujourd'hui le modèle égalitaire et fusionnel contemporain.

Admettre l'indépendance de l'autre, ça n'est sans doute pas facile mais c'est peut-être ça le véritable amour.

En ce qui concerne enfin les footballeurs, félicitations tout d'abord pour l'avoir pratiqué à, semble-t-il, un bon niveau. Cependant, je dis peut-être, bien sûr, des bêtises mais j'ai du mal à être convaincue. Ce sont généralement de bons sprinteurs, c'est évident. Mais c'est une qualité qui ne se développe qu'au détriment de l'endurance. De plus, ils sont trop lourds (> 80 kilos), ce qui les rend inaptes à la course à pied au delà de 400 mètres. Je sais bien qu'ils courent plus de 10 kilomètres au cours d'un match de 90 mn mais ça ne m'impressionne pas du tout: une bonne coureuse féminine (c'était mon cas) boucle un 10 kms en sensiblement moins de 40 mns. En tout état de cause, les cardiologues ne vous conseilleront pas la pratique du football (de même que celle du tennis).

Bien cordialement,

Carmilla

Anonyme a dit…

Bonjour Carmilla,

me concernant, c'était à un niveau moyen, mais j'ai entraîné et j'adore le sport ce qui m'a fait m'intéresser aux aspects physiologiques.
La préparation des sportifs (hors endurance) a beaucoup évolué, de même que leurs caractéristiques physiques. C'est vrai qu'ils sont évidemment plus lourds que les marathoniens mais ils sont tous aujourd'hui très endurants, avec des préparations d'été avant la reprise spécifiquement axées sur le footing en intensité. Par exemple, sur les 21 joueurs de l'équipe de France championne du monde, seuls 5 joueurs de champ ont un poids supérieur à 80 kg et les coureurs du milieu de terrain sont des poids plumes.
En courant le 10000 m en moins de 40 minutes, vous avez (ou aviez) un excellent niveau! Félicitations! Si je prends une course de niveau international comme les dernières foulées Valenciennoises, vous auriez été classées dans les vingt premières (+ de 500 engagées), sachant que les leaders viennent toutes d'Afrique de l'Est avec des temps qui feraient rosir d'envie nombre de messieurs (31'06).
Espérant ne pas vous avoir contrariée avec tous ces chiffres.
Bien à vous.
Alban

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Alban,

Les chiffres me parlent, surtout lorsqu'ils concernent l'endurance et la course à pied.

J'avais un petit talent en la matière et je m'entrainais même beaucoup à une époque (100 kms par semaine). J'étais toujours bien classée mais je n'ai jamais gagné aucune course. Il m'a toujours manqué 3 à 5 minutes sur 10 et 20 kms pour atteindre un niveau national. C'est peu de chose et c'est énorme en même temps.

La course à pied m'a malheureusement abîmé un genou et je ne peux plus envisager de compétition. J'essaie de compenser avec la natation mais ce n'est pas pareil: la technique joue un rôle immense.

Aujourd'hui en effet, les internationales féminines courent le 10 000 m en 31 mns, ce qui est ahurissant et conduit à s'interroger.

Plus modestement, je pense que si on veut avoir un petit niveau en course à pied, on doit d'abord être capable de franchir la barre des 3 mns sur 1 km. Ça vaut pour les hommes comme pour les femmes. Ce n'est pas extraordinaire mais tout le monde ne le fait pas et si on est au-dessus, il n'y a pas beaucoup d'espoir.

Bien à vous

Carmilla

Anonyme a dit…

Merci Carmilla,

moi aussi j'aime les chiffres.
Aucun espoir me concernant à plus de 45 ans, et aucun non plus dans mes plus belles années. Je n'ai jamais fait moins de 40 minutes sur 10 bornes, 3'20 au mille, mais 6m40 en longueur et 58 m au javelot ce dont j'étais un peu fier. Mais c'est tellement loin du compte ! Rires
En revanche, 300 km de vélo ou plus de 50 km de rando avec sac et par jour ne m'ont jamais fait peur. Sur le St Jacques, il y a dix ans, c'était génial et bouleversant.
A ma connaissance des temps du niveau national, vous devez courir le 10000 en 37/38min! ce qui m'impressionne!! 16 km/h sur cette distance, c'est bien plus que de l'endurance. Le cap, c'est 14, et peu nombreux sont ceux qui peuvent tenir plus de 16 sur le long cours. Vous devez avoir un corps de gazelle.
Je vais aller lire votre dernier billet.

Bien à vous.

Alban

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Alban,

Il faut relativiser les performances en course à pied: le poids joue un rôle essentiel. Une femme de plus de 60 kilos et un homme de plus de 67 kilos n'ont à peu près aucune chance.

J'ai d'abord le gabarit adéquat: je suis plutôt grande (1m 76) et plutôt mince (55 kilos et parfois moins).

Ensuite, je n'ai pas atteint mon niveau instantanément. L'adaptation cardiaque est longue et réclame plusieurs années d'entraînement presque quotidien. Mais quand on est bien entraîné, il est plutôt moins éprouvant de courir sur 20 kms ou sur marathon (où on est forcément à son rythme) que sur 10 kms (où on est en surrégime).

Et puis, je n'étais pas si bonne que ça en sport. Je détestais même ce qu'on fait faire aux filles: de la gym, des barres parallèles, du cheval d'arçon. Je n'en voyais pas l'utilité. Il n'y avait que la course à pied pour la quelle je me suis révélée douée.

Ça m'a donné une liberté et puis c'était un moyen de m'affirmer par rapport aux garçons que je battais presque tous. Ça a sûrement façonné mon caractère.

Ça m'a permis aussi de connaître un peu le milieu de la compétition qui est beaucoup plus intéressant qu'on ne peut le supposer. La plupart des coureurs (ses) de haut niveau portent une espèce de folie en eux mais il n'existe pas de rivalité, jalousie entre eux (elles). Sans doute, parce qu'en course à pied, la hiérarchie est absolue, incontestable, intangible: le meilleur, le plus rapide, gagne forcément, ce qui n'est pas le cas des autres sports où il peut y avoir de la tactique, de la stratégie.

Aujourd'hui, je suis un peu détachée de ça mais ça me fait toujours sourire quand j'entends quelqu'un déclarer qu'il fait du triathlon ou qu'il a couru le marathon de Paris en 4 heures ou même qu'il a participé à un 100 kms. On est dans l'illusion complète.

Pour ce qui vous concerne, 6m 40 en longueur et 58 m au javelot, je situe très bien ce que ça représente. C'est plus qu'honorable ! Mes propres performances dans ces disciplines, je n'en ai aucune idée mais je pense qu'il faut les diviser au moins par deux.

3' 20 au kilomètre, ça n'est pas trop mauvais. Ça peut vous permettre d'envisager 3H 30 au marathon, sous réserve d'un entraînement approprié. C'est mieux que la moyenne (4 heures). C'est possible parce qu'on ne baisse pas tant que ça avec l'âge. Il y a encore de très bons marathoniens à 45/50 ans.

Carmilla

Anonyme a dit…

Bonjour Carmilla,

vous avez un corps et un coeur parfaits pour la course à pieds et la natation.

Lorsque j'observe les bilans mondiaux du demi-fond, je me demande quels sont les facteurs qui conduisent à cette hiérarchie des coureurs que vous évoquez. A part les Africaines de l'Est et quelques asiatiques, on trouve tellement de Biélorusses, de Russes et d'Ukrainiennes au sommet! Les Slaves auraient-elle un don, un goût ou un appétence particuliers pour les courses de fond, les sauts? Il y a surement d'autres facteurs, sociologiques ou même politiques. Gagner, c'est prendre une revanche, se faire reconnaitre et élire par ses pairs. Et dans le sport, sans la convoitise, c'est juste magnifique.
Je me reconnais entièrement dans ce que vous écrivez sur la folie, voire le vertige de la compétition. Je les retrouvais aussi dans les examens, puis les concours.

Me concernant, je crois qu'il n'y aura jamais de marathon. J'ai un goût bien trop immodéré pour le tabac et les vins, ce qui est évidemment rédhibitoire.

Bonne journée.

Alban

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Alban,

Effectivement, les Ukrainiennes, Russes, Biélorusses demeurent bonnes en athlétisme.

Ça n'a rien à voir avec la génétique bien sûr. Quant à l'argent, il n'a aujourd'hui qu'un rôle négligeable en athlétisme.

Je crois que c'est surtout un facteur sociologique. Des Françaises m'ont dit qu'on avait, autrefois, vite fait de les traiter de lesbiennes ou de garçon manqué quand elles commençaient à pratiquer un sport à haut niveau. Ce n'est absolument pas le cas dans les pays slaves où les femmes qui font du sport sont positivement perçues. Mais c'est surtout parce que les contraintes d'idéal esthétique des femmes, de minceur notamment, y sont très fortes. Faire du sport est ainsi un moyen d'être plus belle que sa voisine. La revanche, la reconnaissance, ça joue peut-être un peu mais je ne crois pas trop: qui connaît les sportives hormis les tenniswomen ? C'est peut-être difficilement compréhensible depuis la France mais une femme doit, à tout prix, être belle (du moins jusqu'à 40 ans) dans un pays slave, sinon elle est presque rejetée. J'ai parfois accompagné des Françaises en Russie, Ukraine et j'ai bien perçu qu'elles y étaient mal à l'aise.

Ça explique peut-être que le football féminin, peu esthétique, ne prenne en revanche pas du tout dans les pays slaves.

Mais les choses changent. Je crois que les Françaises font de plus en plus de sport. Les joggeuses sont aujourd'hui peut-être plus nombreuses que les joggers. Leur motivation est plus esthétique (affiner sa ligne) que sportive. Mais ça prépare peut-être de futures championnes d'athlétisme.

Si vous fumez, votre avenir sportif est évidemment très compromis. Mais vous précisez que vous êtes capable de faire 300 kilomètres à vélo. Ça ne s'improvise pas. J'imagine mal faire ça sans un bon entraînement. Combien d'heures vous faut-il ?

Le Compostelle, oui j'aimerais beaucoup. Mais c'est devoir porter un sac qui m'embêterait et puis la marche, ce n'est pas la course à pied, je trouve ça parfois lancinant tant sa lenteur m'indispose.

Bien à vous

Carmilla

Anonyme a dit…

Il me fallait environ 12 à 15 heures en fonction du parcours et du vent. Mais c'était il y a quelques années et j'aurais donc du écrire que cela ne me faisait pas peur. Je me suis laissé aller à d'autres choses depuis et grand bien m'en a pris. Je suis donc aujourd'hui un peu moins actif sur ces terrains même si j'ai au programme le tour de l'Aubrac et du causse Méjean en juillet. J'ai hâte!

Pour ce qui est du sujet qui nous occupe, je pense que la génétique a son importance, mais sensiblement davantage pour les coureurs des hauts plateaux d'Afrique. Pour le dire autrement, si j'étais sherpa, avec mes clopes et mon haplogroupe R1b, je serai mort avant 7000 mètres sans avoir porté un seul kg! Rires

C'est vrai, les facteurs sociologiques, et parfois mêmes politiques, dominent. Aux Etats-Unis, par exemple, les filles se sont mises à jouer au foot pour se différencier des garçons et aussi parce que la Cour suprême a imposé aux Universités de financer les sports des deux sexes à parité à partir des années 70. Un flot de dollars a ainsi inondé les campus et, depuis, les américaines dominent outrageusement un sport qui est ailleurs celui des mecs. Les Brésiliennes sont nulles, même si elles vont battre la France. Et certaines sont vraiment mignonnes. Mais c'est un autre sujet.

C'est vrai aussi que les choses changent. Mes soeurs jeune quadra se sont toujours foutues un peu de l'esthétique. Et elles sont magnifiques pour autant. Rien à voir avec ma fille pour qui aller au monde est une cérémonie qu'elle prépare avec beaucoup d'application et souvent de la finesse. Et si je rate le mot qu'il faut au moment de la conduire en ville, je prends cher!!

Merci pour cet échange.

Bonne soirée.

Alban

dominique a dit…

Je regarde certains matchs de tennis à la TV, hommes ou femmes peu importe, même si je n'ai jamais tenu une raquette de ma vie. Je trouve le tennis agréable à suivre, aérien, les gestes élégants et parfois brutaux, ce mélange me convient tout à fait. Je ne suis pas du tout sportive. Étonnée parfois d'être encore en vie à plus de soixante ans, sans avoir fait de sport! Par ailleurs, j'aime assez ce que vous dites dans votre article à propos d'unisexe. On ne parle que de ça, dans certains médias: " de grâce qu'on ne nous oblige pas à choisir d'être sexué homme ou femme" supplient certains. Pour l'instant, c'est une petite minorité...

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Dominique,

Je regarde moi-même parfois le tennis mais je trouve que les matchs sont souvent trop longs. La puissance, la force, sont de plus devenues déterminantes alors qu'il y avait autrefois, me semble-t-il, un peu de tactique. J'en ai fait un peu mais je n'avais pas de disposition particulière.

Il n'est jamais trop tard pour commencer à faire du sport. On ne perd pas tant que ça ses capacités cardio-vasculaires avec l'âge. D'expérience, je puis dire que le jogging est le plus efficace: un maximum d'efficacité dans un minimum de temps. Simplement, il faut être très régulier, très persévérant et, surtout, ne jamais se décourager: il faut compter une année d'entraînement avant d'être à niveau. Je vous conseille vivement d'essayer. J'ajoute que ça permet de rencontrer plein de gens.

Enfin, je pense en effet que l'on assiste à un effacement de la différence sexuelle dans nos sociétés. Ça aboutit à l'"unisexe" mais aussi à la disparition du désir et de la séduction. A chacun de juger si c'est ou non positif.

Bien à vous,

Carmilla