samedi 6 juillet 2019

Tueurs par amour: les érotomanes



































J'aime bien aller chez le coiffeur parce que c'est aussi pour moi l'occasion de consulter la presse féminine: c'est d'une niaiserie addictive.

Je m'intéresse surtout à la rubrique "psychologie" mais je vois que rien ne change: depuis des années, on ressasse des histoires de harceleurs, de pervers narcissiques et de bipolaires. Est-ce qu'on en sortira un jour de ces bêtises ? Comment s'étonner que les femmes soient de plus en plus pétochardes puisqu'on leur dépeint sans cesse un monde effrayant où elles sont le jouet de forces maléfiques, de pauvres victimes impuissantes ?


J'aimerais vraiment qu'on sorte de ces radotages, qu'on évoque des figures un peu plus complexes et surtout plus affirmées, plus actives.

Par exemple, moi j'aime bien "les érotomanes". Les érotomanes, généralement on ne sait pas ce que c'est, on les confond avec les "obsédés sexuels", les nymphomanes ou les "sex-addicts". Pourtant ça n'a à peu près rien à voir parce que l'érotomanie n'a presque rien de sexuel: c'est la fascination obsédante, hallucinée, d'un autre.

Après vous avoir parlé, la semaine dernière, des tueurs mythomanes, je vais  vous parler aujourd'hui d'autres tueurs, les tueurs par amour.



Les érotomanes, ce sont ceux qui, justement, deviennent, à la fin,  des tueurs (ses) par amour. Ils sont habités par une passion excessive qui se retourne en haine destructrice. Leur crime s'exerce alors contre l'autre ou contre eux-mêmes (suicide).


 
Les érotomanes, on les connaît très mal, ils n'alimentent guère les magazines ou le conversations en société. On n'y  prête généralement pas trop attention parce qu'on ne perçoit pas bien en quoi ils diffèrent de banals amoureux éconduits. Pourtant, on risque véritablement sa vie quand on a affaire à un véritable érotomane et c'est moins rare qu'on ne le croit.


Le point de départ de la passion de l'érotomane, c'est qu'il a la certitude qu’il est secrètement aimé par la personne qui est l’objet de son délire (l'érotomanie, c'est la "conviction délirante d'être aimé"). Et cette personne est, systématiquement, d'un rang social supérieur: homme politique, chef d'entreprise, journaliste, star, avocat, médecin, enseignant, etc.. Cette structuration du désir autour de la hiérarchie sociale explique que les érotomanes soient surtout des femmes mais les évolutions sociales font que c'est en train de changer.


L'amour érotomane est donc un amour impossible mais celui qui le vit voit partout des signes de cet amour interdit:  dans les actions de la personne, dans ses paroles, dans des regards que lui seul comprend, et parfois même dans des messages codés qu’il est le seul à pouvoir déchiffrer.



"L’érotomane retourne à son « admirateur » ou « admiratrice » l’affection dont il croit être l’objet par des messages, des coups de téléphone, et des cadeaux. Et, quand on rejette ses avances, il est incapable d’accepter et de comprendre le refus. Au contraire, il le voit comme un test, ou un stratagème permettant de cacher la relation interdite au reste du monde. Ainsi, quoi que fasse la personne sur laquelle il a fixé son attention, l’idylle imaginaire continue… et peut durer pendant des années".


Et puis, un jour, il y a le "retournement fatal". L'amour fou se renverse en haine folle. L'érotomane passe à l'acte et devient un assassin potentiel, de l'autre parfois, de lui-même plus souvent. Le crime, le suicide, la dépression profonde, c'est la conclusion tragique d'un amour qui n'a pourtant souvent jamais eu de réalisation concrète, a fortiori sexuelle.


Ce sont des histoires qui me fascinent. D'abord parce qu'elles me touchent personnellement.

Je me suis longtemps demandé, en effet, si je n'avais pas, moi-même, été une érotomane. Il faut dire que lorsque j'étais adolescente et jeune étudiante, j'étais entreprenante avec les hommes, une terrible allumeuse. Mais je ne m'adressais pas aux types de mon âge, je ne m'intéressais qu'aux hommes "supérieurs". Je draguais comme ça effrontément d'abord mes profs (ceux des disciplines reines, les maths et la philo) et puis tous les hommes de l'entourage de ma mère qui avaient réussi, surtout des médecins. Je me renseignais sur eux, leur famille, leur domicile, leurs goûts, leurs voyages. Qu'est-ce que je n'ai pas fait pour partir en week-end au Grand-Hôtel de Cabourg ou me retrouver sur la banquette arrière d'une belle Mercedes ?


Mais je plongeais aussi ceux que je tourmentais dans des abîmes de perplexité et de culpabilité. Et puis ça ne marchait pas toujours et certains, qui n'en avaient rien à fiche de moi, ont cru devoir signaler ma conduite "inappropriée" aux autorités scolaires et à ma mère. Heureusement, j'étais très bonne élève mais ma mère, ça l'a quand même terrassée: "Tu me fais honte, je ne t'ai pas élevée comme ça, tu vas nous attirer des ennuis, on n'a surtout pas besoin de se faire remarquer ici". Quant à ma sœur qui était le contraire de moi et n'aimait que les "bad boys", les voyous, elle se moquait bien de moi avec mes "vioques".


Et puis ça m'a passé, à peu près au moment où j'ai commencé à travailler. Aujourd'hui, les hommes de pouvoir ne m'attirent  pas plus que ça. Et puis on m'a rassurée en me disant que mes aventures, ça faisait partie des étapes normales de la construction amoureuse d'une jeune fille.

Plus tard, j'ai eu une autre "aventure" au sein, justement, de mon activité professionnelle.


Il s'agissait d'une de mes collaboratrices, du même âge que moi. J'ai d'abord remarqué qu'elle copiait la façon dont je m'habillais:  des robes Alaïa, des vestes de cuir Aurelia Stouls, un sac Tod's, une montre Péquignet. "Bah ! ce ne sont que des trucs de nanas, je me suis d'abord dit". Ça m'a énervée quand j'ai remarqué qu'elle avait adopté mon parfum Mitsouko puis troublée quand elle m'a présenté sa nouvelle voiture: une BMW série 1. Je suis devenue carrément inquiète quand elle m'a dit qu'elle avait commencé à étudier le russe et qu'elle aimerait que je luis donne des conseils de vacances en Europe Centrale. J'ai eu l'imprudence de le faire et elle m'a ensuite, à son retour, submergée de cadeaux, de mails et d'appels téléphoniques à tout moment. Elle était convaincue que nous étions deux véritables sœurs intellectuelles.


Le problème était qu'elle était irréprochable dans son travail et qu'elle ne cessait de proclamer alentour que j'étais une grande star qui allait sauver la boîte. Elle m'a cependant fait suffisamment peur pour que je demande au directeur général sa mutation loin de moi. Ça a été un choc terrible pour elle et je ne sais pas si elle s'en est jamais remise. Elle n'a alors plus répandu que des horreurs sur moi: que j'étais une infâme salope qui n'avait réussi que grâce à son cul, que j'étais nulle, que ma comptabilité était fausse, que je multipliais les malversations, qu'avec moi la boîte allait au-devant de la catastrophe.


Ces deux expériences ont été pour moi très formatrices, instructives. Ça m'en a d'abord appris beaucoup sur le sentiment amoureux dont l'érotomanie est probablement la matrice. On est tous en fait un peu érotomanes et j'en veux pour preuve trois caractères essentiels de l'"amour érotomane" qui ne sont pas en fait différents de ceux de l'amour courant.

 - Les érotomanes, sont d'abord convaincus qu'on les aime et cela même en l'absence de tout élément tangible. Ils sont, à cet égard, le contraire des paranoïaques, persuadés que tout le monde leur veut du mal. Je trouve ça intéressant parce qu'on a tous en fait un petit côté érotomane. On est toujours un petit peu prétentieux, présomptueux, on est presque tous convaincus qu'on ne peut que nous aimer. En notre for intérieur, on ne doute pas qu'on est formidable, exceptionnel.


- le désir est structuré par les rapports de classe. Quoiqu'on en pense, quelles que soient nos belles convictions démocratiques, nos désirs sont électifs, discriminants. Le pouvoir, la puissance, qu'ils soient liés à l'argent ou à la beauté, c'est ça qui fait vibrer.


- le moteur du désir, c'est un peu l'amour mais c'est surtout la haine et la folie. On prête d'abord à l'autre des qualités qu'il n'a bien sûr pas dans la réalité. On attend ensuite une réciprocité amoureuse de la part de la personne élue. On se venge enfin, éventuellement dans un bain de sang, de la personne qui nous a déçu en amour. Ce qui est en fait inquiétant, c'est que cette trajectoire de l'érotomane n'est que la forme exacerbée d'un banal amour.

Images principalement de Man Ray (1890-1976) mais aussi de Hans Bellmer (1902-1975), Horst P. Horst (1906-1999), Peter Tscherkassky (1958), W.T. Benda (1873-1948).

Si vous vous intéressez à l'érotomanie, vous pouvez vous reporter au psychiatre Gaëtan de Clérambault, personnalité singulière (je conseille absolument la lecture du livre de Douwa Draaisma: "Quand l'esprit s'égare" aux éditions du Seuil) qui, le premier, a théorisé l'érotomanie, au début du 20 ème siècle au sein des Urgences de l'Hôtel Dieu de Paris.

Il y a évidemment aussi la thèse de médecine (1932) de Jacques Lacan: "De la psychose paranoïaque dans ses rapports avec la personnalité". Elle évoque le cas clinique d'une érotomane, le cas "Aimée". Ça se trouve facilement en poche (Seuil) mais il faut reconnaître que c'est un peu hard.

Pour comprendre l'érotomanie et les "tueurs par amour", je conseille plutôt des romans:

- Camilla Grebbe: "Un cri sous la glace". C'est un récent polar suédois dont j'ai déjà parlé mais que je juge, en tous points, remarquable.

- Ian Mc Ewan: "Délire d'amour". L'ouvrage littéraire de référence sur l'érotomanie.

- Nathalie Rheims: "Maladie d'amour"

- Florence Noiville: "L'illusion délirante d'être aimé".

Il y a aussi quelques films traitant de l'érotomanie: "L'histoire d'Adèle H." de François Truffaut (avec Isabelle Adjani); "Anna M." de Michel Spinosa; "Un frisson dans la nuit" de Clint Eastwood; "Liaison fatale" d'Adrian Lyne; "A la folie... pas du tout" de Laetitia Colombani.

Enfin, si j'ai dit du mal, au début de ce post, des magazines féminins, je précise cependant que je suis, personnellement, une fan du mensuel "Vanity Fair" (version française). Les articles sont toujours originaux et bien écrits et peuvent intéresser aussi bien les femmes que les hommes. Comme j'ai l'impression d'être à peu près la seule à le lire et que je ne voudrais surtout pas qu'il disparaisse, je lui fais aujourd'hui de la publicité.

16 commentaires:

Anonyme a dit…

Passionnants votre parcours, vos voyages et vos analyses, chère Carmilla.

J’ai l’impression, en lisant ce billet, me reconnaître dans ces drôles de types que sont les érotomanes au masculin. Avec bien sûr quelque singularité, la connaissance que tout change tout le temps, y compris le plus sot de tous les crétins en amour, et que je suis incapable de tuer qui que ce soit.

L’amour fou rend délirant le plus ordinaire des personnages. C’est évident a posteriori et ce fut le cas pour moi. Je vais donc vous raconter une petite histoire personnelle, somme toute banale. J’espère ne pas faire trop log.

Je suis tombé raide dingue amoureux d’un regard à travers des persiennes il y a quelques années, alors que rien ne permettait de l’envisager. La mer était d’un calme ennuyeux. Je n’avais d’ailleurs jamais subi ce qu’aucuns appellent un ''coup de foudre'' mais plutôt vécu des histoires ''normales'' ; je n’y croyais pas et pourtant cela m’est arrivé. J’ai voulu fuir, mais c’était trop tard. Elle avait dévalé les escaliers et la porte s’est ouverte entre nous. Premier vertige.

Le voyage sur notre Argo dura près de cinq ans et je fus jeté par-dessus bord à six reprises, à chaque fois en pleine mer, entre Charybde et Scylla, pour reprendre le lexique que je viens de découvrir. Au début, le paysage était voluptueux et la mer laiteuse. J’étais l’amour de sa vie. Sa plus belle rencontre. Et j’en étais convaincu, en être prétentieux, pour ne pas dire vaniteux, et surtout incapable d’humilité. Rien ne m’avait jamais résisté. J’ai toujours tout eu, souvent au prix d’une obstination, voire de manigances et d’un art du combat tout aussi redoutablement efficaces qu’humainement insatisfaisants. Et elle a tout renversé. Deuxième vertige. En fait, nous nous étions sans doute destiné.

Un jour, elle m’entretint que d’autres hommes étaient forts intéressants, me convainquit que j’étais finalement aussi creux qu’un plat d’huîtres après un repas de Noël. La seule vérité, c’est que je m’étais vu bien trop beau pour une femme de ce calibre ! Alors, j’ai cultivé un éloge de l’insipidité ; je me détachai, entrai en silence ou fit résonner l’insupportable, les mots du vide, en repli, en ascèse quand, soudain, je fus convoqué à nouveau pour entendre, ou plutôt pour lire, parce que les mots furent le coeur de la Chose, que la Dame acceptait que je fasse enfin partie de son histoire et de sa vie, alors que tout était fini. Cinq ans plus tard. Vertige.

Je compris alors immédiatement ce qu’il y a d’impossible dans l’amour entre une femme et un homme lorsqu’ils ne s’accueillent pas, pas vraiment, lorsqu’ils se battent en étrangers l'un à l'autre, alors même que c’est souvent le moteur du désir. Un paradoxe. Et c’est à cet instant précis que je fus le plus maudit, ou le plus aimé, je n’en sais plus rien, après être entré dans les sombres qualifications de la psychopathologie masculine, de celle que vous relatez au début de votre billet : Un malade, un tordu, un baiseur. Vertigineux encore ! Je compris aussi que j’avais toujours manqué de lucidité en matière sentimentale, pour les raisons que vous évoquez, et elle m’enseigna que la lucidité, cet artisanat du vrai, exige l’humilité.

Anonyme a dit…

(suite)


Depuis je me suis dit qu’on ne m’y reprendrait plus et pourtant, je suis à peu près sûr que j’y retournerais si elle sortait ne serait-ce qu’un cil de ses abysses de sirène. La passion est un vampire, vous avez raison, et certaines femmes s'y entretiennent bien mieux que nous. Alors je me planque, je me distrais, je travaille beaucoup et je lis beaucoup. Je lis les histoires d’amour des autres, ai dévoré tous les Douglas Kennedy, les Claudie Gallay, Martin-Lugand, et même Levy mais sans céder à Musso !!... Rires honteux...

Et puis est venu Andréa Marcolongo et le mythe des Argonautes qui ont clôturé cette merveilleuse et douloureuse errance relationnelle et littéraire sur un constat, banal : je n’ai fait que vivre l’itinérance d’un homme dont le coeur s’est enflammé sans qu’il l’ait décidé. Tout cela m'a dépassé, a été plus grand que moi.

L’amour est complexe. C’est une maladie virale fort heureusement incurable et, quoi qu’il en soit, ce voyage a été magnifique et je lui en serai toujours éternellement reconnaissant.

Bien à vous et bonne journée.

Alban

Richard a dit…

Bonjour Carmilla !

Vous avez écrit en réponse à Alban:

« Est-ce qu'on n'est pas nous-mêmes un peu menteurs et un peu mythomanes ? Est-ce qu'on ne serait pas capables d'aller au-delà, emportés par les circonstances et une espèce de fatalité ? »

Et vous m'avez aussi répondu :

« Mais comme militaire et politicien, je m'interroge sur le bien fondé de ses interventions. »

J'ai immédiatement pensée à une autre citation de Lawrence.

« De toute évidence, je n'avais pas l'ombre d'un droit à engager les Arabes, à leur insu, dans un parie de vie et de mort. Inévitablement et justement, nous récolterions de l’amertume, triste fruit d'une entreprise héroïque. Aussi, par ressentiment de ma fausse position (un second lieutenant a-t-il jamais été aussi loin dans le mensonge pour ses supérieurs?), j'entrepris cette longue et dangereuse chevauchée, pour voir les plus important des amis de Fayçal et pour étudier les positions clefs de nos campagnes futurs ; mais les résultats furent sans commune mesure avec les risques, et l'acte était injustifiable du point de vu artistique, comme le mobile. Je m'étais murmuré : (Prenons ce risque, maintenant, avant de commencer), voyant bien que c'était la dernière chance et que, si nous réussissions à enlever Akaba, je ne serais plus jamais librement à moi-même, sans compagnie, dans la sécurité qui guette les obscurs, tapis dans leur ombre protectrice ».
Thomas Edward Lawrence
Les sept piliers de la sagesse.
Page -392-
Lawrence est tout à fait lucide de la partie qui va se jouer au Moyen-Orient et parfaitement conscient de son rôle qui sera le sien dans les méandres d'un théâtre qui semblait secondaire au début, mais qui avec le temps va prendre des dimensions colossales. Comment résister à l'appel de cette aventure ? Et surtout, comment assumer moralement et tant soi peu, sereinement, ce destin, qui allait être le sien ? Le prix pour se regarder dans le miroir se révélera exorbitant.

Richard St-Laurent

Richard a dit…

Et Lawrence de poursuivre :

« Devant moi s'ouvrait une perspective de responsabilité et de commandement qui répugnait à ma nature transpercée de pensée. Je me sentais méprisable de tenir la place d'un homme d'action, car mes valeurs étaient une réaction entêtés contre les leurs, et je dédaignais leur bonheur. Mon âme désirait toujours moins qu'elle n'avait, parce que mes sens, plus paresseux que ceux de la plus part des hommes, exigeaient un contact immédiat pour parvenir à la perception ; ils ne distinguaient que les genres, pas les degrés ».

Thomas Edward Lawrence
Les sept piliers de la sagesse
Page -392-393-

Il se sentait coupable avant de passer à l'acte.

Lawrence comme plusieurs écrivains, aurait pu masquer voir ne pas écrire ce bout de texte, mais dans sa nature profonde c'était impossible. Dans ce geste, j'y vois une grande honnêteté. Certes, des hommes de bien mentent ; mais ils leurs arrivent aussi de dire la vérité ; c'est là qu'ils sont les plus désarmants.

Carmilla vous posez une question tout à fait pertinente : Fallait-il vraiment détruire complètement l'Empire Ottoman ?

C'était quoi la situation au début de 1916 ? En Europe le jeu de massacre se poursuivait dans les tranchés. Le sort des Français comme des Britanniques se révélait précaire. Les Allemands voulaient en finir le plus rapidement possible. C'était encore plus désastreux sur le front de l'Est, les Russes étaient en train de s'écrouler. Et, pour tous, l'avenir était bien sombre.

Lors de mes recherches sur cette période, surtout avant 1914, j'ai appris que les Turcs avaient entrepris des négociations avec les Russes, puis les Anglais et finalement les Français afin de voir s'il était possible de garantir la neutralité de l'Empire Ottoman. C'était sans compter sur les Jeunes Turcs qui prenaient de plus en plus de pouvoir dans le gouvernement, dont plusieurs étaient des fervents partisans des Allemands, et qui rêvaient de redorer le blason de cet Empire croulant. Tous le savaient dans les officines européennes que cet Empire vacillait. C'est ainsi que la Turquie s'est embarquée pour son plus grand malheur au côté des Allemands.
Richard St-Laurent

Richard a dit…

Du côté allié, comment la situation se présentait au Moyen-Orient ?
L'enjeu stratégique c'était le canal de Suez, vital pour les alliers, et en particulier pour les Britanniques. Il était hors de question de perdre cette artère. Mais, comment assurer ce passage, lorsque les Turcs occupaient Akaba ? Qui plus est, pouvaient vous attaquer en passant par le désert du Sinaï ? Où trouver les hommes et les armes pendant qu'ailleurs soldats et armes disparaissent à une vitesse ahurissante, sans oublier le désastre de Gallipoli.
Les Britanniques ont fait ce qu'ils ont toujours fait, ils ont joué sur la connaissance qu'ils avaient de l'Empire Ottoman avec une fine diplomatie. C'est le moment où Lawrence entre en scène. Il n'était qu'un sous-officier dans le bureau de renseignement de l'armée Britannique au Caire. On l'utilisait pour de la traduction parce qu'il connaissait l'arabe, en fait de compte, il lisait des rapports, en écrivait et avait une certaine connaissance du terrain. Alors on lui a demandé d'aller rendre une petit visite à Fayçal, question de tâter le terrain mais surtout les cœurs. De là l'idée de foutre de bordel en alimentant la révolte des Arabes a pris forme. Mais pour ce faire, il fallait unir toutes ces tribus arabes, ce qui n'était pas une mince affaire. C'est là que Lawrence a basculé dans son destin, qu'il s'est révélé un fin négociateur, voir un puissant séducteur. On ne parle pas de la petite séduction ici, mais de la grande. Être assez fort psychologiquement pour unir, puis envoyer des milliers d'hommes à la mort.
Lorsque les Anglais vous disent de ne pas toucher à ce qui leur appartient, vous avez intérêt à croire au sérieux de leurs propos. Ils l'ont prouvé à maintes occasions au cours de leur histoire. La guerre est une maudite école, les Anglais sont de bons enseignants, ils sont méthodiques et surtout obstinés. Ne mettez jamais en doute leur opiniâtreté. Ils ont formé, armé, et instruit les Arabes qui allaient apprendre comment faire sauter des trains. Pendant ce temps, Lawrence éteignait les feux, dirigeait, négociait, et participait à des raids. Il allait se servir de la haine des Arabes à l'endroit des Turcs. Ce qui était important, protéger le canal de Suez, puis gagner cette guerre. Il n'y avait pas d'autre considération. Ces hommes, dont Lawrence en était, n'imaginaient pas qu'ils étaient en train de poser le socles de leurs problèmes futurs au Moyen-Orient. En moins de deux années l'Empire Ottoman allait s'écrouler tout comme l'Allemagne d’ailleurs. Le peuple Turc ne voulait pas faire la guerre, mais le gouvernement et surtout les hauts-gradés de l'armée la voulaient cette guerre. En s'alliant à l'Allemagne ils ont fait le mauvais choix. Erreur qu'ils ne commettront pas une deuxième fois lors de la Seconde Guerre mondiale, en restant neutre.

Richard St-Laurent

Richard a dit…

Thomas Edward Lawrence aurait pu connaître une autre destinée, surtout après la guerre, et surtout après avoir été déchiré par cet irréalisable paradoxe de servir son pays et d'autre part d'être fidèle à ses idéaux, celui de la liberté des Arabes. Ce n'était pas du nationalisme à proprement parler au-début des opérations qui visait l'union des différentes tribus, mais c'est devenu ainsi. On peut bien faire porter le chapeau à Lawrence, alors je me dresse comme son défenseur. Je n'ai jamais vu Lawrence comme un militaire et encore moins comme un politicien. Il ne semblait pas avoir beaucoup d'ami dans la classe militaire et il n'a jamais été élu comme politicien. Reste, que ce qu'il a pensé, dit, évoqué, me rappelle vos propos Carmilla : (Des fois en politique vaut mieux laisser faire). Une fois la guerre terminée, laisser les Arabes à eux-mêmes, pas de Sykes-Picot, pas de gouvernement à l'européenne, pas de démocratie du moins comme nous la connaissons et surtout pas de nationalisme, mot qui ne devait pas exister dans la langue arabe de l'époque et qui pour ces tribus nomades n'était même pas le commencement d'un concept. Le tout ficeler entre Damas et le Golfe Persique. Sans doute que cela aurait pris une autre tournure. Est-ce qu'ils auraient évités ce fameux (nationalisme) que vous évoquez, rien de moins sûr. Pensez-y, ils sont entré dans l'ère moderne par une guerre alimenté par la haine des Turcs. En 1915 ils étaient armés de vieux pétoires, ne connaissaient ni mitrailleuse, ni carabine à répétition, ne savait rien des explosif et n'avait jamais vu un canon ou un avion. Sur le photos en 1916, ils posent avec leurs Lee-Enfield .303, des mitrailleuses Lewis, des canons de montagne, et ils savaient tout ce qu'ils devaient savoir sur les explosifs. Qui plus est, avec tous ces outils, il faut se faire une idée de la démocratie. C'était beaucoup demander à des peuples qui émergeaient d'époques antiques.
Après avoir vu six empires se déclarer la guerre, dont quatre allaient disparaître, Lawrence aura vu ses rêves et surtout ses idéaux, c'est le cas de le dire, partir en poussière. Il aurait bien pu gommer cette période de sa vie, accepter le poste de conseillé aux colonies que lui proposait Winston Churchill, ou encore devenir enseignant à Oxford, sans doute qu'au Foreign-Office on lui aurait donné un poste comme ambassadeur, ou tout simplement, il aurait pu continuer d'être un merveilleux écrivain, ce que j'aurais préféré. Non, Lawrence se sentait en faute, il a balancé ce monde de la facilité et du parvenu qui s'offrait à lui, pour s'engager dans l'armé comme simple soldat et se tuer dans un accident de moto en 1935. Était-ce une suicide ? Nous en reparlerons...

Avec toutes mes salutations distinguées

Richard St-Laurent

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Alban pour votre témoignage.

Je précise, au préalable, que je ne souscris nullement aux délires féministes qui voient en tout homme un agresseur par essence.

Sinon, je partage votre votre point de vue: le délire érotomaniaque et les sentiments amoureux "normaux" se ressemblent fortement.

Les différences, c'est que l'érotomane devient parfois un criminel. Mais il y en a également certains qui, toute leur vie, entretiennent cette conviction qu'ils sont aimés par quelqu'un d'exceptionnel et ça suffit à leur bonheur même s'il ne se produit rien de concret. Finalement, c'est peut-être ça l'amour heureux.

Mais dans l'amour en général, on invente toujours, plus ou moins, l'objet de son désir: nous voyons davantage les personnes que nous aimons comme nous voudrions qu'elles soient plutôt que comme elles sont réellement.

La relation amoureuse est donc toujours un peu délirante. Elle est incontestablement une forme de folie puisqu'elle porte sur un être qui n'existe nulle part ailleurs que dans notre imagination. Si nous souffrons tant de l'amour, c'est parce que nous n'arrivons pas à admettre cette idée simple.

Et puis, il faut bien admettre que l'autre ne se sent nullement obligé de nous aimer en retour. Il est même souvent tenté de profiter de la situation, d'en abuser pour nous manipuler et exercer un pouvoir sur nous.

J'ai tendance à penser qu'on devient souvent amoureux parce qu'on est en état de faiblesse et que l'on recherche un soutien affectif. C'est là que ça devient dangereux parce que l'on se fait fatalement dominer.

J'apprécie, pour ce qui me concerne, de ne plus être une gamine. Je suis peut-être devenue dure mais je suis du moins lucide. Il faut parvenir à sortir des illusions. L'amour est finalement une cruelle leçon de réalité.

Bien à vous,

Carmilla

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Richard,

Je ne suis pas une spécialiste de Lawrence mais il me semble justement qu'en matière de non-dit et de mensonge à soi et aux autres, son cas est exemplaire.

Il s'est pris d'"amour" pour les Arabes ou plus précisément pour les musulmans arabes. C'était sans doute une noble cause mais les motivations de Lawrence étaient beaucoup moins désintéressées qu'il ne l'affirmait. On sait bien ainsi que, comme aujourd'hui nombre d'intellectuels occidentaux, Lawrence trouvait dans la culture virile de l'Islam une expression conforme à ses tendances homosexuelles. Mais cela, il n'en dit évidemment pas un mot mais l'habille sous des motifs généreux et héroïques.

Par ailleurs, je ne vais bien sûr pas prendre la défense de l'Empire Ottoman. Il s'agissait cependant d'une société multi-culturelle dont les différentes communautés vivaient en paix et en bonne entente.

Aujourd'hui, depuis qu'on a promu les peuples et les nations, depuis qu'on a redécoupé le Moyen-Orient sur la base de ces accords surréalistes Sykes-Picot, n'y règnent plus que la violence et la haine.

Un simple rappel: au début du 20 ème siècle, les chrétiens représentaient 20 % de la population du Moyen-Orient. Aujourd'hui, c'est à peine 3 % et bientôt zéro.

Un pays comme la Turquie n'a par exemple absolument plus rien à voir avec ce qu'il était par le passé.

Si vous vous intéressez à cette question du bouleversement culturel du Proche Orient, je vous conseille vivement un très bon livre: "Dans l'ombre de Byzance" de William Darlymple. Il n'a qu'un seul défaut: il a maintenant 20 ans.

Veuillez m'excuser si je donne l'impression de m'exprimer de manière trop abrupte. Je le répète: je ne suis de toute manière pas une spécialiste, je raconte peut-être des bêtises. En fait,je n'ai que des interrogations.

Bien à vous,

Carmilla

Richard a dit…

Bonjour madame Carmilla !
Pour la tolérance des Turcs on repassera. 1.5 millions d'Arméniens exterminés, pas mal, et ce n'était que le début des festivités, Lawrence raconte dans son ouvrage, pour ne pas que leurs blessés graves intransportables à dos de chameau ne tombent aux mains des Turcs, ils les achevaient eux-mêmes afin qu'ils ne subissent pas la torture en fin de vie. Ça donne une idée de l’atrocité des combats et de la cruauté autant des Turcs que des Arabes.
Présentement, lorsque je lis les nouvelles en provenance de la Turquie, moi aussi je m'interroge sur la tolérance de Erdogan. Un autre dirigeant dont il faudra se méfier.
Par ailleurs, cela ne m'empêche pas de lire Orhan Pamuk, que je considère comme un excellent écrivain, et j'aime particulièrement ses descriptions d'Istanbul. À chaque fois que j'ouvre un de ces livres, je me laisse happer par cette atmosphère empreinte de tristesse et de nostalgie.
Si Lawrence n'avait pas été désintéressé, comme je l'ai écrit hier, il aurait accepter un parachute en or, ce ne sont pas les offres qui manquaient.
Tant qu'à l'Empire Ottoman, il fallait voir comment il traitait ses propres soldats, ce qui donne une petite idée pour les civils. Ils disposaient de moyens techniques énormes, qui plus est, avec le concours de l'Allemagne. Tout au long de ce conflit, si on s'en réfère à l'Histoire, les Turcs n'avaient aucune envie de se battre.
La haine et la violence ont toujours existé dans cette partie du monde. Je vous l'accorde, cette violence a été exacerbée par des traités iniques. Nous sommes chanceux, jusqu'à maintenant, que cette poudrière n'a pas encore sauté totalement.
Tant qu'aux chrétiens, c'est une question de démographie. Les Arabes font plus d'enfants et les chrétiens émigrent. Exemple les Palestiniens.
Je ne manquerai pas de lire : Dans l'ombre de Byzance, peut importe que cet ouvrage date de vingt ans. Les sept piliers de la sagesse a maintenant un siècle et on ne cesse de le rééditer parce qu'il est toujours d'actualité.
Vous n'avez pas à vous excuser de cette manière de vous exprimer, (trop abrupte), vous n'êtes plus une gamine et moi non plus je ne suis plus un gamin, et nous en sommes bien conscients, nous sommes peut-être devenus des durs mais avec une bonne dose de lucidité. Alors vive la lucidité de la maturité !
J'aime débattre avec vous surtout lorsque la moutarde vous monte au nez ! Si nous faisons le tours de nos échanges depuis la dernière année, nous avons abordé bien des sujets épineux. Je n'ai pas l'occasion de parler souvent des : Sept Piliers, ça n'intéresse pas mon entourage pas plus que les Québécois et les Canadiens. Je savais par contre, qu'avec vous Carmillia, j'aurais une partenaire de débat allumée.

Merci et bonne fin de journée Carmilla

Richard St-Laurent

Alban Plessys a dit…

Ne me remerciez pas Chère Carmilla. Tous les ingrédients du désastre sentimental étaient présents et il faut un talent particulier d’alchimiste pour réussir à servir un tel naufrage ! Le troisième essai fut parfait, dès lors que nous nous sommes reconnus l’un et l’autre comme catastrophiques, tragiques, et absolument dangereux l’un pour l’autre. Le plus drôle, c'est que je ne doute pas qu'il y en aura d'autres dès lors que cette faiblesse me fascine.

Je voulais aussi vous informer que j'ai finalement décidé d'alimenter le blog que j'ai ouvert à mon retour de Flandres. Ecrire ici m'a redonné le goût des mots et je voulais vous en remercier (https://chroniquesdalban.blogspot.com/).

Très sincèrement.

Alban

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Richard,

La moutarde ne me monte jamais au nez. Dans la "vraie vie", je suis quelqu'un d'"apparence" très maîtrisée, je suis même réputée pour ça: vous ne me verrez jamais en colère mais ça peut être encore plus déstabilisant. J'ai simplement quelques convictions intellectuelles.

Sinon, je connais en fait assez bien la Turquie: je m'y suis rendue à plusieurs reprises quand j'étais étudiante. C'étaient des vacances bon marché et on avait encore l'impression de vivre une petite aventure en allant là-bas.

C'était surtout l'Est du pays (Arménie et Kurdistan) qui m'intéressaient. J'ai des souvenirs très vifs de 2 villes frontières: Kars ( ancienne ville russe décrite par Pamuk dans son roman "Neige") et Dogubayazit toute proche de l'Iran et surmontée par la montagne mythique de l'Ararat.

La Turquie, c'est un pays magnifique mais une véritable chape de plomb règne sur l'histoire du pays. La Turquie, c'était aussi la Grèce, la Rome antique, les débuts du christianisme et des ermites et surtout Byzance. Et puis, ce sont aussi les Arméniens, les Kurdes, les Assyro-Chaldéens, les Grecs du Pont-Euxin et de Smyrne etc...

Sur tous ces peuples, c'est le grand silence. L'Histoire turque semble n'avoir commencé qu'en 1453 avec la conquête musulmane de Byzance. Ça en dit long...

Alors non, je ne pense pas que le déclin des chrétiens soit lié à leur démographie. Ils ont surtout été chassés et exterminés.

Bien à vous

Carmilla

Carmilla Le Golem a dit…

Félicitations Alban pour avoir démarré un blog.

Je ne manquerai pas de vous faire part de mon avis.

Après avoir débuté, il faut surtout, me semble-t-il, être persévérant et très régulier. Et puis ne pas trop porter attention à la fréquentation de son blog.

Ça doit surtout devenir en fait une discipline d'écriture et de pensée: ça vous apprend en effet une certaine rigueur faite de concision et précision.

Dans le prolongement de nos échanges sur l'amour, je vous invite à lire éventuellement : "La fille à la voiture rouge" de Philippe Vilain qui pose cette question troublante: peut-on quand même aimer une fille mythomane ? et "Un cri sous la glace" de Camilla Grabe, le portrait extraordinaire d'une érotomane.

Bien à vous,

Carmilla

Anonyme a dit…

Merci Carmilla pour vos suggestions.

Je m'y pencherai avec plaisir, en commençant sans doute par le second, parce que pour moi, s'agissant du second, c'est évident : on peut. Quand on est un hyper rationnel, légèrement rigide et qu'on tient toujours les faits pour exacts en bon positiviste, et lorsqu'on sait par ailleurs qu'aimer c'est d'abord désirer la part d'inconnaissable chez l'autre, on peut.

Pour l'heure je suis en train de relire "28 siècles d'Europe" de Denis de Rougemont. C'est la lecture de Marcolongo qui m'y a invité puisqu'il commence par une longue lecture de la Théogonie, d'Homère, de l'enlèvement d'Europé, cette nymphe fascinante, blonde comme les blés, au corps diaphane comme le soleil glacé qui se couche à l'arrière des forêts du grand Ouest. Il y est aussi longuement question de l'européanité et de l'une de ses conditions, tenant à la friction essentielle avec le monde musulman, le désert et l'aridité, pour prolonger ce que je lis de vos échanges avec Richard. L'Europe est géographique (n'en déplaise aux géographes et à Valéry, elle n'est pas un cap de l'Asie), elle est aussi météorologique et donc historique, puissamment culturelle. Ce qui se passe en Méditerranée, notamment, ne tient pas du tout d'un repli identitaire fachisant, ou d'un désintérêt égotique pour le sort des "migrants". Erdogan et l'UE l'ont bien compris. C'est un prolongement de l'histoire qui interroge les limites de l'universalisme et du droitdelhommisme. Mais c'est un autre sujet.
Quand à mon blog, je m'en fous un peu. Je ne nourrirai à l'envie. S'il attire des lecteurs, tant mieux. Sinon, tant mieux aussi. Je suis fondamentalement un planqué, alors qu'il y ait un découverte paresseuse ça me va parfaitement!

Bien à vous.

Alban

dominique a dit…

Bonjour Carmilla!

Ce qui est original dans " Délire d'amour" de Mc Ewan, c'est que l'érotomane est un homme; c'est tout de même assez rare! J'ai adoré ce bouquin drôlement bien construit.
L'érotomanie comme toute psychose repose sur une certitude délirante (comme vous l'avez bien dit, il me semble) . Dans ce cas, celle d'être aimé par le personnage visé .L'amoureux ordinaire est tout de même différent: il passe son temps à douter de l'amour de l'autre à son égard. Je dirai même que s'il est sûr des sentiments de l'autre, il va commencer à s'ennuyer...

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Alban,

Je suis sûre que vous aimerez le livre de Camilla Grebe: "Un cri sous la glace".

Sinon peut-on continuer d'aimer quelqu'un quand on découvre qu'il est mythomane ? Je pense également oui. Son mensonge est révélateur d'une détresse et d'une profonde blessure narcissique.

Je connais bien sûr Denis de Rougemont mais, à ma grande honte, je n'ai pas lu.

Je partage votre point de vue sur l'Europe qui est largement culturelle. Il suffit de la parcourir pour s'en rendre compte: l'Europe des cafés, de la musique, du roman, de la peinture, de l'amour etc...

Quant au blog, il ne faut pas, bien sûr, y attacher trop d'importance. C'est d'abord une recherche ou une distraction personnelle.

Bien à vous,

Carmilla

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Dominique,

Les érotomanes sont effectivement surtout des femmes. Mais il y a une évolution. Il y a de plus en plus de femmes occupant des postes de pouvoir ou des fonctions prestigieuses et celles-ci exercent maintenant une séduction sur certains hommes. Et puis l'érotomanie existe aussi entre hommes ou entre femmes sans que cette relation soit explicitement sexuelle.

Sinon, vous avez raison:l'amoureux normal est dans le doute permanent, ce qui le différencie de l'érotomane. Mais il a quand même tendance à voir l'autre tel qu'il n'est pas.

Bien à vous,

Carmilla