samedi 16 novembre 2019

Le sexe criminel



L'"affaire Polanski" vient de trouver une nouvelle extension avec les accusations de viol, 44 ans après, d'une actrice- photographe française.


Sur cette affaire, je me garderai bien d'exprimer un avis quelconque. Les féministes nous somment bien sûr de "croire" a priori la plaignante, forcément victime. On est également encouragés à boycotter immédiatement la sortie du film du "monstre" consacré à l'affaire Dreyfus.


Je me suis pour ma part dépêchée d'aller le voir. Il est excellent, développe un point de vue nouveau, c'est ça qui est important. Les éructations, les meutes, les piranhas, j'ai ça en horreur. Surtout, je refuse absolument ces Polices de la Création Artistique que l'on voudrait mettre en place. Et puis, j'ai la faiblesse de toujours croire en la Justice et au Droit. Il n'y a qu'eux qui permettent de statuer sur ces histoires en assurant un minimum de protection à l'accusé.


Et puis, la "véracité" des témoignages, je n'y crois pas du tout. Surtout, lorsqu'il s'agit de la vie intime. On ment tous de "bonne foi" à ce sujet ! Sans cesse on construit, reconstruit, son parcours de vie de manière à conforter sa petite cage narcissique, à s'afficher de manière plus présentable.


Les plus coupables à mes yeux, ce sont les médias eux-mêmes qui ne s'embarrassent pas de précautions. Qu'importe que cette accusation ne puisse donner lieu à aucune suite judiciaire (compte tenu des délais de prescription), qu'importe qu'il n'y ait donc juridiquement aucune affaire et qu'on devrait en conséquence ne pas en parler. Voilà qui va faire vibrer les foules, soutenir l'audience. Voilà une justice du Peuple, rapide et expéditive, qui donne satisfaction aux bas instincts.


J'en ai vraiment marre aussi de ces  hystériques, mauvaises comme des teignes, pour qui être une femme, c'est nécessairement être victime d'une domination masculine, voire d'une domination sociale. Ces bonnes sœurs qui veulent punir et se venger des hommes, de leur existence à eux, de leur vie misérable à elles, de tout ce qui leur échappe, de tout l'impondérable de la vie et que sais-je encore..., pour pouvoir montrer, au moins une fois, qu'elles ont le pouvoir. J'observe d'ailleurs que ces furies s'en prennent exclusivement à des hommes âgés (Polanski, Woody Allen, Besson) sans doute pour conforter l'opposition de la "pure jeune femme" et du "vieux dégueulasse".


Oserais-je le dire ? Moi à 18 ans, Polanski, il n'aurait pas eu besoin de me violer pour coucher avec moi. J'en aurais même été fière et je m'en serais vantée auprès de mes copines. Et je m'en serais vite remise; à cet âge là, j'avais connu bien pire.

Et puis, les bonnes sœurs ne craignent plus maintenant d'assimiler de simples attouchements à des  viols (Adèle Haenel). Ouh la, la ! Je me dis tout à coup que je dois avoir une capacité de "résilience" hors du commun parce que si j'essaie de faire le compte des types qui m'ont pelotée...


On voudrait nier une réalité incontournable : la vie en général et la vie sexuelle en particulier est faite de rapports de domination et d'humiliation. C'est sans doute un jeu cruel mais il n'est pas sûr que les femmes s'en tirent le plus mal. Que dire, par exemple, de tous les types moches, timides, complexés qui sont radicalement exclus de la compétition sexuelle ? Tout le monde se moque bien de ceux-là et n'a aucune compassion pour ces "dominés".


Moi au contraire, devenue adulte, j'ai tout de suite éprouvé un sentiment de force et de puissance du simple fait d'être une femme. Je sentais bien que j'étais devenue le centre de l'attention et que j'avais tout loisir de dominer, manipuler les autres. Le pouvoir, c'est moi qui le détenais et ça m'a même rendue arrogante: combien de types j'ai pu faire tourner en bourriques, avec qui j'ai été odieuse et souvent cruelle. Je ne suis pas sûre qu'un homme, même le plus beau, parvienne à éprouver pareil sentiment d'assurance et de plénitude.


Le bonheur d'être une femme, il faut aussi l'évoquer et je n'ai encore rencontré personne exprimant le regret d'être née femme.


Tout n'est pas rose cependant parce qu'il est vrai que la sexualité féminine est quand même bien marquée par l'effraction-humiliation : les règles, la défloration, la sodomie, la fellation. On en bave souvent avec les types et ça n'est pas toujours rigolo, ils ont tendance à vous avilir d'autant plus que vous les avez rendus fous. On a un corps soumis à traumatismes, qui nous échappe en partie et qui est bien différent du corps glorieux, lisse et sans aspérités, promu par la publicité et les magazines de mode.


C'est peut-être justement le contraste immense entre ce corps idéal, en papier glacé, et le corps réel qui soutient ce fantasme du viol permanent chez de nombreuses femmes. On voudrait être d'éternelles poupées en porcelaine préservées des outrages.


J'ai ainsi tendance à croire que l'humiliation, l'outrage, font bien partie des fantasmes féminins. Ce basculement vertigineux de notre belle identité. C'est d'ailleurs pour ça qu'on n'aime pas tellement les gentils garçons et qu'on leur préfère souvent les crapules. Mais l'humiliation se renverse également en instants de gloire lorsque l'on touche aux tréfonds du désir. Je l'ai déjà dit: je crois que les femmes s'intéressent moins aux hommes en eux-mêmes (leur personnalité, leurs goûts, leur bonne éducation), qu'à leur capacité ressentie à les faire sortir de leurs limites et des convenances.


Il y a les gens que l'on aime et les gens que l'on désire ! Mais personne ne s'y trompe. On préfère et choisit toujours celui que l'on désire, fût-ce au prix de l'opprobre social.
 

Les femmes savent très bien cela. C'est même le ressort de la puissance féminine, du pouvoir et de la maîtrise de la vie qu'elles exercent. Mais ce pouvoir, on s'efforce aujourd'hui de le contenir dans les filets de l'amour et du mariage. L'emballage sentimental, c'est le carcan obligatoire du désir féminin.


A cet égard, le magnifique livre d'Emma Becker, "La Maison", m'a profondément troublée, interrogée. Oser affirmer qu'elle avait  été heureuse dans sa vie de prostituée. Adopter finalement la sexualité d'un mec dans l'indifférence des partenaires mais avec, parfois, des moments lumineux. Déconnecter, grâce à l'argent, le sexe de toute considération affective. S'ouvrir à une multiplicité de rencontres, d'expériences, qui vous renversent, déconcertent, mettent en question. Voilà le programme d'un féminisme des temps modernes même si on en est aujourd'hui à des années-lumières.


J'ai évidemment choisi, intentionnellement, de nombreux tableaux de Balthus avant que les "féministes" (dont il est l'un peintres "préférés") ne parviennent à en interdire l'exposition.

Les autres images sont issues du film de David Lynch ("Mulholland Drive"), de Norman Rockwell, R. Kenton Nelson, Jack Vettriano.

* Dans le prolongement de ce post, je recommande la lecture de :

- "Lolita" de Vladimir Nabokov. Le désir humain, sa beauté.
- "Le misogyne" d'Alain Roger. Le contraire du point de vue de Nabokov. Un livre déconcertant célébré en son temps par Gilles Deleuze (Alain Roger était son élève). Se trouve encore sur Internet.

* Au cinéma, outre le film de Polanski, je recommande vivement: deux films que j'ai adorés :

- "Au bout du monde" de Kiyoshi Kurosawa. Une jeune Japonaise un peu perdue en Ouzbékistan. Le choc détonnant des cultures.

- "Little Joe" de Jessica Hausner. J'aime beaucoup cette réalisatrice autrichienne, ancienne script de Haneke. Ce film est notamment inspiré par Mary Shelley et Frankenstein.

9 commentaires:

Richard a dit…

Bonjour Dame Carmilla
Lorsqu'on me demande quels sont mes peintres favoris et que j'évoque les noms de Norman Rockwell et Jack Vettriano, le gens me regardent en soulignant mon manque de goût. Pourtant Rockwell a fait la page couverture de (Saterday Evening Post) pendant 60 ans, et Vittriano s'est propulsé au sommet des ventes mondiales en abandonnant sa pelle à charbon. Qui plus est, se sont deux peintres autodidactes, ce qui a tout pour me réjouir. Plusieurs les considères comme des peintres naïfs, il n'en n'est rien, chaque tableau est très évocateur et s'accorde très bien à vos propos d'aujourd'hui Carmilla. Il y a cette toile de Vittriano, où un couple danse sur le sable d'une plage, sous un ciel gris et pluvieux avec deux domestiques qui tiennent des parapluies. Voilà une scène très évocatrice de la relation et de l'union d'un homme et d'une femme. Je ne discerne pas encore qui domine qui.
Mais, celui qui domine, s'il domine réellement, garde le silence et profite du sentiment de sa domination. Il aime ou désire, peu importe, pour dominer. Son but n'est ni le sexe, ni l'amour, son but reste la domination. Ce que je viens d'évoquer vaut pour les femmes.
Contrairement à vous j'ai rencontré beaucoup de femmes qui auraient aimé être né homme. Ce qui souligne que dans la domination féminine (certaines), n'y trouvent pas leur compte.
Lorsqu'on rend un type fou, il ne faut pas se surprendre qu'il perde les pédales. Certaines femmes jouent à ce jeu, comme lorsque j'étais jeune et que j'avais un vif plaisir à exciter les taureaux. Après je disais à mes parents que le taureau avait cassé sa chaîne. Il est difficile d'imputer une responsabilité à un taureau furieux, parce que la responsabilité est un concept humain, y compris pour les femmes.
Tant qu'à l'humiliation et l'outrage, c'est un jeu dangereux, et préférer un salaud à quelqu'un de bien peut vous coûter la vie ou des blessures graves. Des fois, je pense que les femmes préfèrent se faire battre par un salaud, que passer leur vie avec un type (gentil) comme vous dites. J'y reviens toujours, j'en ai rencontré combien de femmes qui se faisaient battre par leur voyou dans un esprit sado-maso, le pire, c'est qu'elles devaient aimer cela se faire brasser ainsi. Tant qu'à avoir des relations avec ces genres de femmes, aussi bien éviter le (marché) sexuel. Les exclus du marché sexuel, ceux qu'on se plaît à mépriser comme vous l'évoquez, en bout de piste, dans le grand âge, ce sont eux les vainqueurs, parce qu'ils ont été brillants et qu'ils ont évité les souffrances, pour eux-mêmes comme pour les autres. Insaisissables, ils deviennent parfaitement libres !

Bonne fin de journée Carmilla
Richard St-Laurent

dominique a dit…

J'ai un avis sur la question Polanski, c'est que certaines jeunes femmes ont couché avec lui autrefois, dans le but de faire carrière au cinéma, ou simplement pour avoir couché avec un artiste célèbre, mais en espérant quelque chose comme de l'argent, de la considération, rendre jalouses leurs copines, voire de l'amour, que sais-je encore? . Et n'ayant rien obtenu de ce qu'elles souhaitaient, elles saisissent l'occasion de se venger. c'est tellement évident à mes yeux... ! Quand aux filles mineures que leurs parents conduisent eux-même chez un homme bien plus âgé, un homme qui a du fric et une certaine notoriété... ils doivent bien savoir ce qui va se produire! Si Adèle Haenel n'est pas contente à présent, qu'elle s'en prenne à son parent qui était responsable d'elle, et qui, pour une raison qu'on préfère ignorer, ne l'a pas protégée...
Beaucoup d'hypocrisie dans tout cela! Et je suis bien contente de lire des propos comme les vôtres qui prouvent l'existence de personnes sensées et capables de penser par elles mêmes!
j'aime beaucoup Balthus, vous avez très bien choisi vos illustrations.

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Richard,

Vettriano et Rockwell sont, je crois, assez peu connus en Europe. Leurs images sont cependant troublantes, pleines d'ambiguïté. Elles mettent bien , en scène, me semble-t-il, les rapports de sujétion qui se tissent dans l'érotisme.

Évidemment, leur esthétique est aujourd'hui datée. Elle se rattache clairement aux décennies révolues des années 50-60, ce qui explique peut-être le moindre intérêt qui leur est maintenant porté. Mais cela peut changer et je considère que ces images énoncent bien certaines vérités du désir.

Je critique les féministes mais je crois bien à la différence sexuelle (même si celle-ci ne repose pas seulement sur la biologie et l'anatomie). Surtout, je pense qu'il y a un désaccord profond entre l'homme et la femme. Ils ne peuvent pas s'entendre ce qui explique les conflits et la guerre entre eux, avec d'incessants retournements dans la domination. La domination n'est donc pas exclusivement masculine même s'il est vrai que, culturellement, les femmes sont enclines à choisir la soumission. Mais au total, je pense que notre époque, que l'on qualifie de libérée, est, paradoxalement, celle d'une grande frustration et misère sexuelle.

Bien à vous,

Carmilla

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Dominique,

La psychanalyse souligne qu'il y a dissymétrie, discordance, entre l'homme et la femme. Il y a un malentendu permanent qui se tisse dans des rapports de domination-sujétion qui se retournent continuellement.

C'est une vision qui m'apparaît assez juste mais je ne crois pas que, dans ce jeu, la femme soit, "par nature", continuellement assujettie et dominée. Beaucoup de femmes sont de grandes "tacticiennes".

La "guerre des sexes", je reconnais donc qu'elle existe. Mais ce que je n'aime pas dans notre époque, c'est qu'elle promeut quelque chose de bien différent: la haine des sexes.

Sous le prétexte d'un assujettissement millénaire (ce qui est à nuancer), on prêche l'esprit de vengeance. On a alors recours à des procédés bien peu recommandables: la dénonciation, délation, voire le mensonge et l'affabulation. Le statut de victime par essence autorise tout. C'est vraiment l'époque des passions tristes.

Bien à vous,

Carmilla

Richard a dit…

Bonjour Carmilla
Mon constat est le même que le vôtre, le paradoxe semble infranchissable entre une artificielle liberté sexuelle et d'autre part une grande misère esclave des frustrations, c'est l'époque des passions tristes. Ce que souligne Rockwell à plusieurs niveaux. Ce que j'aime particulièrement chez lui, dépasse sa technicité de la peinture et embrasse un universalisme qui touche tous les aspects de l'existence. Je ne pense pas que nous soyons aussi différents que cette petite fille qui se regarde dans le miroir ou qui se lamente devant son reflet. Vous auriez pu choisir Marmont Hill ou encore Rosie The Riveter pour illustrer vos propos. Certes Rockwell c'est profondément américain si on s'arrête au premier degré. Mais, il y a plus. Les sentiments, les désirs, les sensations, touchent tous les humains, peut importe où ils habitent sur cette terre, un humain reste un humain. Rockwell ne fait pas que dessiner ou peindre, lorsqu'il se livre à son art, il raconte. Certes, j'aime la peinture figurative et surtout sur cet espace réduit d'un dessin ou d'une toile lorsque ça raconte une histoire. Rockwell possède ce don de raconter ce qui procède d'une certaine finesse. Vous pouvez très bien imaginer la petite fille avant le miroir et vous pouvez extrapoler après le miroir.
Lorsque la fatigue ou la lassitude m'envahissent, j'ouvre un livre d'art, surtout de peinture, ce peut être Rockwell, Vettriano ou Léonard de Vinci, peut importe, et je me laisse emporter par mon imagination. À chaque fois, ça ne manque pas, je renais.
J'évoquerais pour illustrer mon propos, la page couverture de : La Fabriques des salauds de Kraus. Cette main qui tient cette pomme, l'empreinte des dents à la surface du fruit, c'est très envoûtant. C'est un détail d'une peinture de Lucas Cranach l'Ancien, dont le titre est Adam et Ève. Peintre de La Renaissance, qui lui aussi raconte une histoire avec ses deux personnages. C'est très bien choisi pour l'histoire que relate ce livre, et c'est encore plus pertinent une fois que vous en avez terminé la lecture. Il y a comme un petit doigt qui reste suspendu dans les airs sans conclusion et surtout sans fin.
Rockwell, c'est à la fois la fin du XIXe siècle, et je le soupçonne d'avoir puisé son inspiration ainsi que sa technique dans les affiches de cette époque, qu'il a peaufinées tout au long de sa vie, en y ajoutant une touche de modernité mais surtout de finesse. Ce qui fait que nous pouvons nous reconnaître dans chacun de ses personnages. Il ne s'est jamais pris pour un intellectuel, c'est peut-être ce qui dérange les Européens, qui ne l'ont jamais connu ?

Richard a dit…

Tant qu'à Jack Vettriano, c'est une autre histoire, il a construit son fond de commerce sur les conflits entre hommes et femmes. Ses personnages masculins laissent entrevoir une violence latente mais qui peut éclater à tout moment, lorsqu'ils n'affichent pas un certains dédain. Les femmes ne sont pas en reste, soit qu'elles provoquent, ou encore se prélassent dans les bras de leurs amants. Le trait de peinture est lourd, c'est une technicité différente de Rockwell, mais qui parvient aux même fin, celle de raconter une histoire. La toile que j'évoquais dans mon premier commentaire samedi dernier, c'est : The Singing Butler. Quelle est cette histoire ? On ne danse pas sur une plage en compagnie de ses domestiques, sans vivre une histoire. Est-ce la fin de leur histoire, ou le début ? J'aurais tendance à croire que c'est une danse matinale au petit matin après une nuit sans sommeil.
Ces traits lourds de la peinture de Vettriano rappelle ceux de Hopper qui lui évoque la solitude sous la lumière, celle qui éclate, après bien des histoires. Maisons de bois de la Nouvelle-Angleterre dans le petit matin alors que le soleil se lève. Vide sidéral, absence d'humain, et lorsqu'il y a des humains, on sent la tristesse, le vide, l’absence, le manque, que l'on retrouve dans deux toiles exceptionnelle : Morning Sun, (qui a servit de couverture d'un roman de Siri Hustvedt : Tout ce que j'aimais), et Seven AM, une simple devanture de magasin où l'on peut voir une horloge qui indique 7 heures du matin. Ainsi Vettriano ne serait pas très éloigné de Hopper.
Nous pouvons considérer les américains comme des gens naïfs, imbus d'eux-mêmes, inculques, fades, pourtant entre l'Europe et L'Amérique, je me retrouve dans dans chacune de ces civilisations très différentes, où Albert Camus n'est pas très éloigné du romancier Jim Harrison, où Rockwell et Hopper peuvent tendre la main à Balthus. Je suis chez moi autant à Errol New-Hampshire qu'à Saint Laurent sous Coiron, où peu importe sur cette terre.
Vos images m'ont grandement inspirées, ce qui m'a incité à parler de ce que j'aime même si cela n'a pas la faveur des foules, parce que justement ce n'est pas une mode, non, mais, parce que c'est universel.

Merci Carmilla et bonne nuit

Richard St-Laurent

Nuages a dit…

C'est vraiment un de vos thèmes favoris : je me souviens de vos billets à propos de Denis Baupin, par exemple.

Les accusations à l'égard de Polanski ne m'empêcheront pas de voir son dernier film, ni d'apprécier la plupart de ses oeuvres (par exemple "Le pianiste", "The ghost writer").

Il demeure que le viol, l'agression sexuelle, restent des violences, des crimes, dont beaucoup de femmes (pas toutes, peut-être), gardent des traces, des traumatismes.

Les agissements de Tariq Ramadan, par exemple, loin d'être un "vieux dégueulasse" par rapport aux "jeunes filles pures", semblent avérés, corroborés par de multiples témoignages, comme ceux de Harvey Weinstein, qu'on n'a pas "attaqué" parce qu'il était Juif ou "gros et repoussant", mais parce que des témoignages multiples semblent constituer un faisceau de présomptions : c'est (c'était) un personnage puissant, qui faisait la pluie et le beau temps dans le cinéma, mais aussi une sorte de prédateur, dont l'entourage faisait tout pour le satisfaire et arriver éventuellement à un "accord" avec les femmes qu'il avait abusées.

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Richard,

Je souscris à vos analyses et n'ai pas grand chose à ajouter.

Rockwell et Vettriano énoncent, de manière dérangeante (ils n'ont que faire du "Straight"), des choses importantes sur le désir humain et la relation entre hommes et femmes. C'est intéressant à une époque où l'Art devient de plus en plus épuré, abstrait (mais aussi puritain).

Enfin pour ce qui me concerne, je me sens bien peu américaine même si je parle convenablement l'anglais. La littérature, le cinéma, l'esthétique, je trouve ça d'une désolante platitude. C'est l'ennui qui suinte, pour moi, des villes américaines à l'image du peintre Edward Hopper. Tout y apparaît simple, prévisible, évident, dépourvu de mystère et profondeur. Mais je connais sans doute trop mal. Il faudrait que j'aille davantage en Amérique du Nord.

Bien à vous,

Carmilla

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Nuages,

Je suis d'accord. Le viol est bien sûr lourdement condamnable et constitue un grave traumatisme.

Ce que je déteste aujourd'hui, c'est l'hystérie victimaire qui érige en ennemis les hommes et les femmes. Je constate ainsi que le terme "féminicide" vient de rentrer dans le langage courant. Pourtant, ce n'est sûrement pas en décrétant que chaque femme assassinée l'est en raison de son genre que l'on comprendra la psychologie d'un meurtrier. Les romans policiers vont devenir ennuyeux. De même, on parle d'une "culture du viol". Mais il me semble que les violeurs ont aussi des mères qui les éduquent. Et cela veut-il dire qu'il faut mieux contrôler l'accès à la littérature et à la pornographie ?

Et puis, on cherche à étendre la définition du viol. Les attouchements, le pelotage, les propos séducteurs, sont maintenant assimilés à un viol (cf. affaire Denis Baupin). Je suis désolée mais ça, même si ça peut-être déplaisant, on s'en défend et on s'en remet. Ce sont des affaires qui relèvent de la bonne éducation mais pas du pénal.

Je déplore enfin que les médias et les réseaux sociaux pratiquent le lynchage et bafouent toutes les règles de l'instruction judiciaire. A mes yeux, le Droit demeure le dernier rempart contre le déchaînement de la haine. Alors Weinstein, Ramadan ? Je m'interdis de les déclarer aujourd'hui coupables. D'ailleurs, comme presque tout le monde, je ne connais pas le dossier, seulement des rumeurs et des accusations. S'agissant de Tariq Ramadan, dont je n'ai rien lu ni écouté, j'observe simplement qu'il a été longuement incarcéré dès le début de sa mise en examen. J'ai trouvé ça très sévère et éminemment contestable mais, curieusement, personne ne s'en est offusqué. On semblait contents de punir ce personnage tout à coup horrible. Personnellement, j'ai très peur de tous ces gens, ces meutes innombrables, qui se réjouissent d'envoyer les autres en prison.

Bien à vous,

Carmilla