samedi 8 février 2020

Splendeur et décadence des nations


La Grande-Bretagne vient de quitter l'Union Européenne, c'est très triste.

Il faut bien le reconnaître, l'idée européenne n'arrive pas à prendre. Partout, ça n'est qu'une abstraction et presque tout le monde a le sentiment d'appartenir d'abord à une nation plutôt qu'à cette vague entité abstraite de l'Europe.


De l'histoire, on n'arrive pas à se défaire. L'Histoire ou plutôt ses récits particuliers, mythiques et enjolivés, que l'on raconte aux écoliers de chaque pays, la petite histoire nationale. Je l'ai déjà dit, l'Histoire qui est enseignée aux petits Français n'a pas grand chose à voir avec celle qu'étudient les petits Allemands, Russes etc... Tant qu'on n'arrivera pas à construire une histoire commune à tous les Européens, l'idée de nation, archaïque et étriquée, sera toujours prédominante.


Pourtant, les nations, c'est souvent éphémère et fragile. Pour les Français, ça apparaît très simple : la nation coïncide avec un territoire à peu près stable depuis plusieurs siècles et le pays a toujours été une puissance dominante avec une langue unique. Mais c'est une situation qui n'a rien d'évident et qui est même exceptionnelle pour la plupart des pays, ceux notamment d'Europe Centrale.


Avant même la catastrophe de la seconde guerre mondiale, la confusion, la grandeur, la décadence, voire l'effondrement et l'horreur, ont plutôt marqué ces pays. Ça a façonné les consciences de manière anxieuse et méfiante. Je me contenterai de recenser quelques événements marquants qui continuent de hanter les esprits mais sont souvent méconnus en France.

- La horde d'Or et le "joug mongol". Il est fascinant de se rendre aujourd'hui en Mongolie et dans son ancienne capitale, Karakorum. Le pays semble misérable, vide, désolé. Pourtant, pendant plus de 3 siècles (1 200-1500), les Mongols ont dominé et ravagé le monde (en s'avançant jusqu'en Galicie) et soumis les principautés russes au joug tatar. Le rapport des Russes au pouvoir en serait encore aujourd'hui affecté.


- le péril Ottoman. Aux Mongols, ont immédiatement succédé les Ottomans après la prise de Constantinople en 1453. On l'a oublié mais il a fallu un véritable miracle, en 1683 devant Vienne, pour éviter une conquête presque complète de l'Europe. Il y a eu ensuite les incessantes batailles russo-turques qui n'ont pris fin qu'au début du 20 ème siècle. Toute l'Europe Centrale, jusqu'au Nord, en Pologne et en Ukraine, porte encore aujourd'hui la marque des innombrables places-fortes et châteaux érigés pour se défendre des Turcs. L'épouvante ottomane a été une longue réalité.


- La Suède et les guerres du Nord. Quand on évoque les Suédois aujourd'hui, on pense à des gens ultra-pacifistes et non-violents. Pourtant, ils ont ravagé, au 18 ème siècle, l'Europe du Nord (Danemark, Saxe, Russie, Pologne, provinces baltes), y semant le terreur et la destruction, sous la conduite insensée de leur jeune roi Charles XII (18 ans). C'est la célébrissime bataille de Poltava (Ukraine 1709) qui a initié leur déclin et l'émergence de la Russie. Mais on continue, en Europe Centrale, de dire "les Suédois sont passés par là" face à un paysage de chaos. Je m'amuse beaucoup à ressortir cette expression à des Français; visiblement, on ne me comprend pas.


- L'Union Polono-Lituanienne. Il est troublant de se promener aujourd'hui dans Vilnius, paisible petite capitale de Lituanie. Comment imaginer que ce si petit pays, la Lituanie, était, aux côtés de la Pologne, une puissance dominante en Europe (plus même que la Russie)  jusqu'à la fin du 18 ème siècle ? Son territoire s'étendait de la Baltique à la Mer Noire. Pourtant, on considère aujourd'hui les Lituaniens et les Polonais avec beaucoup de condescendance et on n'imagine pas une seconde que les rôles pourraient être inversés.


- La dislocation de l'Empire d'Autriche-Hongrie. A la suite de la 1ère guerre mondiale, on a eu pour premier souci, en particulier la France, de démembrer l'Empire d'Autriche-Hongrie.Comme s'il avait été la cause de tous les maux et que la priorité était alors de faire droit aux nations et aux peuples. Est-ce qu'on ne s'est pas alors lourdement trompés et est-ce qu'on ne paie pas aujourd'hui les conséquences de cette funeste décision ? L'Autriche-Hongrie, c'était aussi un État multiculturel et malgré tout démocratique : à la pointe de la modernité technique et artistique, rassemblant, en assez bonne entente, une multitude de langues, de cultures, de religions et de communautés. Il est consternant de se rendre aujourd'hui dans les pays de l'ancienne Autriche-Hongrie. L'esprit cosmopolite de Vienne a disparu au profit des rancœurs nationalistes.


Voilà ce que j'ai principalement retenu de l'Histoire de l'Europe Centrale. J'aurais pu ajouter les chevaliers Teutoniques qui ont préfiguré, au Moyen-Age,  la menace germanique sur l'Est avant d'être écrasés, par l'armée polono-lituanienne, au cours de la bataille de Tannenberg mais il s'agissait d'un ordre religieux (cependant Tannenberg demeure très évocateur en Allemagne).
Quoiqu'il en soit, ma vision de l'Histoire ne coïncide sans doute pas avec la vision française de l'Histoire ou celle d'Européens de l'Ouest. A l'Est, c'est sûr, on est davantage torturés et souvent endoctrinés par l'Histoire.


Mais l'essentiel n'est pas là. Ce qui est inquiétant aujourd'hui, c'est que la mémoire historique est aujourd'hui, à l'Est, utilisée comme instrument de propagande. Elle autorise l'affichage, au nom d'une ancienne gloire nationale, d'une volonté de revanche. Revanche sur l'Occident et sur l'Europe. C'est particulièrement vrai en Russie et en Turquie où on rêve d'un "rééquilibrage". Ça l'est un peu aussi dans les anciens pays de l'Est où on se vit souvent comme méprisés, traités comme quantité négligeable (moi-même, je l'avoue, j'éprouve cela). Bizarrement, ça ne semble pas beaucoup préoccuper à l'Ouest où l'Allemagne et la France se montrent souvent d'une arrogance insupportable en s'érigeant en véritables chefs de l'Europe et en modèles vertueux et "donneurs de leçons".

La tragédie de l'Europe Centrale, elle est incontestable et il faut la reconnaître, ce qui n'a sans doute pas été suffisamment fait. Mais toutes ces vicissitudes, toutes ces horreurs, ces fausses gloires et ces chutes fracassantes, il faut maintenant les dépasser. Plutôt que de chercher à affirmer aujourd'hui son identité nationale, à mettre l'accent sur ce qui nous différencie, il faut peut-être d'abord penser à ce que nous avons en commun. Pourra-t-on, à partir de là, voir enfin une Europe unie avec un gouvernement unique et une politique économique et sociale unifiée pour la construction d'une véritable identité européenne ? Il y a urgence parce que nombreux sont ceux (Russie, Turquie, Chine) qui rêvent de la dislocation de l'Europe et de l'effondrement de ses valeurs démocratiques.

Tableaux de Vassily Kandinsky (1866-1944) relevant de sa première période "figurative". Tableau également de Malevitch : "la cavalerie rouge" (1932)

6 commentaires:

Richard a dit…

Bonjour Carmilla !
Être traité ou se sentir comme une quantité négligeable, n'ayons pas peur des mots, c'est d'être humilié. Lorsque vous écrivez : Ça l'est un peu aussi dans les anciens pays de l'Est où on se vit souvent comme méprisés, traités comme quantité négligeable (moi-même, je l'avoue, j'éprouve cela). Je dirais plus après ces quelques mots : C'est la honte de l’humiliation. Je sens dans vos propos que vous êtes fiers d'être Galicienne, tout comme je suis fier d'être Québécois. Il n'y a pas de mal d'être fier de ses origines, là où nous sommes nés, où nous avons été éduqués, et parfois même aimé. Vous vibrez à chaque fois que vous évoquez l'Europe Centrale, le billet d'aujourd'hui en témoigne. Comment ne pas sentir chez-vous la déchirure de la nostalgie, partagée entre L'Ukraine et l'Iran, que vous évoquiez à votre retour de votre dernier voyage ? Toujours cette petite tache au fond de soi, cette petite douleur qui se transforme en inconfort, travailler en France pour gagner sa vie, mais respirer l'air de Lviv, savourer en pensée sa dernière lecture polonaise ou russe, et pendant un moment au tournant d'une rue, sentir une irrésistible odeur de l'Est qui vous tenaille pendant quelques secondes. Vous pouvez bien, pendant l'espace de quelques phrases vous bercez de nostalgies et de romantismes, ce qui habituellement vous cachez très bien, mais ce matin, cela dépasse, on ne peut pas empêcher sa nature de refluer. C'est comme les marées, cela vient, cela va, et nous n'en sommes pas toujours maître dans notre irrésistible désir de modeler l'histoire, d'influencer la politique, en un mot de refaire le monde. Mais comment ne pas y songer ? Comment échapper à ce petit frison très personnel de se sentir appartenir, à une terre, un peuple, une nation, et d'éprouver cette épopée bouillir en soi ? Difficile d'extirper le viscéral, et lorsque le cérébral s'en mêle, c'est encore plus indomptable. D'échafauder des rêveries de l'autrement, de ce qui auraient pu survenir, avec des merveilleux conditionnels hypothétiques, partagés entre la jouissance et la douleur de ce que nous créons dans les tréfonds de nos cerveaux. Nous savons pertinemment que cela n'est pas la vie et encore moins la réalité, pourtant nous capitulons lorsque ces sentiments nous submerge. Est-ce une méthode acceptable de soigner ses insuffisances ? De se rassurer devant l'inéluctable ? De masquer ses lacunes ? De poursuivre son chemin sans se retourner, mais en trichant toujours un peu pour jeter un coup d’œil par-dessus son épaule ? Pour les individus comme pour les nations, les heures de gloires passées alourdissent le présent pour se perdent dans les méandres de l'avenir. Les individus sont éphémères, les nations aussi. Comment peut-on se mélanger heureusement lorsque nous doutons de nous-mêmes ?
Richard St-Laurent

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Richard,

Il y a quand même bien une hiérarchie implicite des nations. Suivant que vous vous présentiez comme Française ou Ukrainienne, j'en ai souvent fait l'expérience, l'attention portée n'est pas la même.

Mais je n'impute pas non plus ça à du racisme. Plutôt à une formidable ignorance. On ne sait généralement à peu près rien des pays dits de l'Est, on les confond tous allégrement et on sait à peine les situer. Ça n'empêche pas d'avoir sur eux des opinions bien arrêtées: des pays de truands, de prostituées et de fascistes. Il y a donc d'abord un grand effort d'éducation à effectuer.

Pour ce qui me concerne, je ne pense avoir ni fierté ni honte particulières. Je ne me sens pas de racines, surtout pas génétiques. Certes, il y a des différences. Les codes ne sont pas tout à fait les mêmes dans les pays slaves et en Europe de l'Ouest. Être une femme en Ukraine ou en France, ce n'est pas la même chose mais je ne saurais dire quelle est la meilleure situation. De même, il y a la convivialité slave qui contraste avec la distance française. On est moins seuls mais la convivialité, ça finit aussi par lasser, c'est étouffant à la longue.

Mais au total, ce ne sont que des différences anecdotiques. Je me sens plutôt profondément européenne par la culture.

Bien à vous,

Carmilla

Richard a dit…

Bonjour Carmilla !
La Grande-Bretagne vient de quitter l'Union Européenne, c'est très triste.
Les Britanniques ont joué leurs cartes, et ils ont quitté la table, à cause d'une question de principe plus que sur des différents économiques. Il faudrait s'en surprendre ? Depuis des siècles en Europe, ils ont tenu le rôle de l'arbitre ; rôle qu'ils n'ont pas retrouvé à l'intérieur de l'UE. Prenons bien conscience qu'ils n'ont jamais été européens, pas plus qu'ils n'ont été américain. Ils sont Britanniques, assumant leur nature profonde avec une détermination farouche. Devenir un membre de l'UE pour eux ressemblait à une destitution.
Encore une fois, l'Union Européenne s'est cloîtré dans son immobilisme. J'avais toujours l'espérance qu'elle remuerait ciel et terre pour garder les anglais à bord du bateau. Mais, il n'en fut rien. Manque de réaction tout comme devant les événements de janvier dernier, lorsque l'Iran a abattu l'avion ukrainien. L'UE, il faut le reconnaître, manque de leadership, on a l'impression qu'elle marche continuellement sur des œufs. Elle évite soigneusement de prendre des positions difficiles face aux événements internationaux. Trancher, n'est pas son fort. Des fois, il faut prendre les devants même si c'est impopulaire. D'ici, nous avons eu l'impression qu'elle est demeurée les bras croisés. On dirait du nationalisme à la pièce. Ce qui n'est pas très recommandable pour une organisation qui se veut d'essence internationale. Comment dans ces conditions établir un gouvernement unique avec des politiques économiques et sociales ? Vous en conviendrez nous en avons abondamment parlé au cours de nos échanges.
Tant qu'aux Britanniques, pour l'heure, ils se sont sauvés avec le ballon. On ne donnait pas cher de la peau de Boris Johnson avant les dernières élections. Étrange, ce qui devait être un désastre électorale s'est transformée en triomphe. Et quel triomphe ! Maintenant, les Britanniques ont les mains libres, ils vont pouvoir jouer sur tous les tableaux, déjà que c'est déjà bien amorcé avec les américains, et ils ne manquent pas de regarder vers La Chine. Sans oublier la City, qui est un carrefour économique et financier. Travaillant dans le domaine vous devez en savoir beaucoup plus que moi à ce sujet. Nous allons les suivre à la trace, ça promet pour le futur, Trump et Johnson se sont rapprochés, qui plus est, avec les dernier événements électoraux des primaires américaines une réélection du blondinet de Washington devient une possibilité sérieuse à la lumière des gaffes du Parti Démocrate. Ce qui est loin de m'enchanter. La situation ne manque pas de piquant, imagiez, quatre années avec le duo Trump/Johnson !
Le sujet est inépuisable, je vais y revenir, c'est du moins mon intention.

Bonne fin de journée Carmilla.

Richard St-Laurent

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Richard,

Je ne sais pas si les Britanniques ont une "nature profonde" mais sinon, je suis d'accord, sur le fond, avec vous.

L'Europe a été, en grande partie, finalisée sous une forme économique même si l'on pourrait aller encore plus loin (harmonisation fiscale et sociale, budget commun).

Mais sur le plan politique, c'est effectivement le grand néant. Chacun tire à hue et à dia en fonction de ses opinions nationales, c'est la grande cacophonie. De leader, il n'y en a pas vraiment, ce que l'un dit peut être aussitôt contredit par l'autre. Résultat, l'Europe est politiquement impuissante, elle est incapable d'exprimer une position commune et ne fait ni ne dit rien. D'ailleurs, les autres États du monde ne traitent pas avec l'Europe mais avec la France, l'Allemagne etc...

Il faudrait vraiment un Président élu au suffrage universel, un gouvernement commun et même, si nécessaire, une armée européenne.

Quant à la Grande-Bretagne, oui elle peut être gagnante économiquement si elle pratique une politique de dumping fiscal.

Bien à vous,

Carmilla

Richard a dit…

Bonjour Carmilla.
Il en faut si peu pour disparaître, mais naître et devenir exige tellement d'efforts. Qui aurait pu penser que l'Empire Romain allait disparaître un jour, alors qu'elle était au sommet de sa puissance. Vous évoquez les trois siècles de la suprématie Mongol. Puis, au gré des événements, plus rien, juste des ruines, une déchéance et une décadence. Un jour, cela va se produire aux États-Unis, malgré que dans nos petites quotidiennetés c'est difficile à concevoir. Avec l'éclosion du coronavirus, nous sentons des secousses sismiques, les marchés réagissent, les prix de l'énergie baisse, le baril de brut vient de passer sous la barre des $50.00 à New York, un certain malaise nerveux s'installe. Les prix du fer et du cuivre suivent. Pourtant, nous n'en sommes pas à la peste noire de 1347. Les chaînes de productions sont intégrées. Ce qui provoquent des ralentissements et au pire des fermetures d'usines. Ce ne sont pas encore des cygnes noires, mais cela pourrait le devenir. Qu'est-ce que 1000 morts en Chine sur 1.5 milliards d'humains ? L'hécatombe pourrait se produire, ce qui illustre nos vulnérabilités. Nous pouvons nous réfugier dans le dénie et l'inconscience et affirmer comme le blondinet de Washington l'a fait hier, que le virus va disparaître lorsqu'il va faire plus chaud. Bien avant le Christ, la Chine était déjà une grande civilisation et elle allait le demeurer pendant des siècles, puis soudain au XIXe siècle avec les guerres de l'opium tout s'est effondré. Il aura fallu 150 ans pour se sortir de cette misère, et voilà qu'au cœur de l'hiver 2020, apparaît la maladie. Nous l'oublions souvent, mais cette Chine qu'on nous décrit comme une super puissance économique, a aussi ses gros problèmes intérieurs. Vous avez évoquez que La Russie, La Chine et la Turquie aimeraient bien disloquer l'UE. Je diffère un peu de votre opinion, parce que je pense (peut-être à tort), qu'ils n'ont pas les moyens de leurs ambitions. L’Europe c'est quand même un gros morceau à avaler, puis à digérer. Vous dites qu'il y a urgence, j'aimerais que vous élaborez sur ce sujet, pouvez-vous nous donner quelques exemples. Je conçois tout comme vous, que nos démocraties sont vulnérables, à l'image de nos économies et de notre biologie. En fin de compte tout est vulnérable, mais de cela, nous n'en parlons pas surtout lorsque nous avons le ventre plein, à la recherche de jouissances éphémères comme si nous étions invulnérables. Dans les faits nous avons moins de mal à concevoir une guerre nucléaire, pourtant un petit virus pourrait faire le même travail avec des résultats aussi considérables. Nous en venons même à oublier le VIH, la Grippe Espagnole, et bien d'autres épidémies qui nous ont frappées au cours de l'histoire.
Tout cela est fascinant et porte à réfléchir Carmilla.
Bonne fin de journée à vous.

Richard St-Laurent

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Richard,

Effectivement, toutes les civilisations sont mortelles... mais c'est quand même un processus qui s'étale sur plusieurs siècles.

Je n'ai pas d'avis concernant le coronavirus mais j'observe que les médias développent et entretiennent une grande peur. C'est peut-être disproportionné, comme un retour des grandes peurs du Moyen-Age.

Quant à l'avenir politique du monde, je me garderai aussi de faire des prévisions. J'observe simplement qu'il y a aujourd'hui quelques fous furieux à la tête de grandes puissances : Trump, Poutine, Erdogan, Ben Salman... Ils sont totalement imprévisibles et prêts à déclencher, tout à coup, une guerre.

Les ambitions de la Russie ? Poutine les a affirmées dès 2007. Il a clairement affirmé qu'il entendait que la Russie ait son mot à dire dans l'ordre du monde. L'hostilité de la Russie à l'Europe, le souhait de sa décomposition ? Ils sont continuellement exprimés. Le problème, c'est qu'on ne connaît, à l'Ouest, que les communiqués et discours officiels, toujours lénifiants. Mais il suffit d'aller sur place et de se brancher un peu sur les médias (TV, radio, presse). On n'imagine pas la propagande anti-européenne qui y est diffusée. C'est peut-être pire qu'à 'époque soviétique. C'est grossier mais, malgré tout, les Russes sont aujourd'hui convaincus qu'on ne les aime pas et qu'ils sont menacés. Il faut donc qu'ils puissent faire peur pour être respectés.

Bien à vous,

Carmilla