samedi 23 avril 2022

Mythologies/mythomanies

A l'Ouest, on découvre souvent seulement aujourd'hui, et avec étonnement, la grossièreté de la propagande russe. Les dirigeants du pays n'hésitent pas à proférer, avec un aplomb ahurissant, les mensonges les plus énormes: un régime nazi en Ukraine (alors que son Président est juif) perpétrant un génocide de sa population auquel la valeureuse armée russe tente de mettre fin. On s'étonne même que Poutine et Lavrov ne craignent pas de se discréditer, ridiculiser, en débitant de pareilles âneries face à leurs interlocuteurs occidentaux. Mais il est vrai que ceux-ci, trop bien éduqués, demeurent impassibles. Personne n'ose interrompre leur soliloque et déclarer qu'on se moque d'eux.


Et puis, le mensonge, le grand mensonge, est un  mode d'exercice du pouvoir en Russie depuis la Révolution d'Octobre. Et il ne faut jamais oublier non plus que Poutine est un ancien officier, certes subalterne, du KGB. La dissimulation, la manipulation, la duplicité, il a longuement été formé à ça. Et même si ça peut sembler incompréhensible, tellement c'est grossier, le mensonge à la russe, c'est efficace, ça marche. La preuve: une récente enquête montre que plus d'un Français sur 2 adhère à l'une des thèses de la propagande russe : persécution des Russes dans le Donbass et gouvernement ukrainien néo-nazi à la solde de l'Otan.


Et peut-être que Poutine lui-même croit à son délire. Il a su ressusciter le grand roman national de l'Empire russe et ça suffit à faire rêver et à entrainer l'adhésion de beaucoup de monde. Il s'est conduit en vrai disciple d’Émile Durkheim : "La foule ne raisonne pas, elle est poussée par l'imagination, accepte l'invraisemblable, se fie aux slogans qui flattent les sentiments. Elle ne discute pas, elle croit." (RMS).

Parce que c'est bien de cela dont il s'agit. L'espèce humaine est une "espèce fabulatrice" (Nancy Huston) et elle ne peut se contenter de la simple survie, du prosaïsme de la quotidienneté. Elle a besoin de vibrer au rythme de grands rêves, de grandes mythologies, qui lui fournissent une cohérence, une vision d'avenir.

Et ça se joue d'abord aux niveaux les plus modestes de l'existence. On se refuse à considérer le réel à l'état brut, tel qu'il est. J'en fais régulièrement le constat en allant à la piscine ou bien en faisant du jogging; je me plais alors à engager la conversation. J'arrive comme ça à connaître plein de gens très divers, ce qui m'est sans doute nécessaire parce que, comme un peu tout le monde, je vis dans un milieu socio-professionnel évidemment cloisonné.

Les résultats sont étonnants et peut-être attristants. Mes interlocuteurs cherchent sans doute à me draguer mais pas seulement. Ils savent surtout que leurs propos n'engagent à rien parce que, au bord d'une piscine ou dans un parc, on est complétement anonymes, affranchis de tout contrôle social. Alors, ils s'inventent, à peu près tous, une existence hors du commun: rien que des chefs d'entreprise, des artistes, des acteurs, des producteurs de cinéma qui enchaînent des vacances de rêve. Évidemment, c'est une façade qui se fissure tout de suite mais à quoi bon chercher à enfoncer celui qui vous gratifie d'une conversation ? Ca en dit surtout long sur l'immense frustration sociale générée par une société du paraître.

En fait, on est tous plus ou moins mythomanes. On ne cesse de s'inventer une autre vie. On se ment à soi-même et on ment aux autres. Mais c'est peut-être nécessaire parce que son identité, on la construit, dès l'enfance, en cherchant à se protéger dans la dissimulation et la séduction. On a besoin de vivre dans un roman individuel. Une société dans laquelle personne ne mentirait jamais, n'énoncerait que la vérité, serait terrifiante. "Il n'y a que la vérité qui blesse" dit-on en français et c'est vrai, que le réel sans fards est plus destructeur que le mensonge. La vérité, c'est insupportable, ça vous foudroie. Être renvoyé sans ménagements à sa triste condition, c'est, en effet, se voir refuser le droit d'exister, le droit de vivre dans le dépassement de soi-même.

Et ce qui se joue à un niveau individuel se rejoue sur le plan collectif. Le roman personnel est dupliqué par un roman national. C'est le poids de l'histoire collective telle qu'elle nous est inculquée. On est tous imprégnés d'une certaine mégalomanie patriote. J'ai pu ainsi éprouver, à maintes reprises, que le meilleur moyen de me faire détester et sèchement rabrouer par des Français était d'émettre des critiques à l'encontre de leur pays. Aussitôt, ce sont des hurlements : "D'où elle sort, celle-là ? Donner des leçons alors qu'elle vient d'un pays nul, c'est vraiment incroyable !". 


Je m'en remets donc à Franz-Olivier Giesbert pour exprimer mes interrogations : "Pourquoi la France est-elle l'un des pays d'Europe qui semble le moins affecté par les massacres en Ukraine et où les manifestations contre la guerre sont plus rares qu'ailleurs ? Sans doute les ressorts du cynisme, du pétaino-poutinisme et de la fascination pour la force y sont-ils très puissants". Ou bien, le philosophe allemand Peter Sloterdijk : "Les Ukrainiens sont prêts à mourir pour Kiev. Je me demande si les Parisiens seraient prêts à mourir pour leur ville. Mais je suis sûr qu'ils n'ont pas envie de mourir pour l'Ukraine".

La modestie nationale, la compassion, l'intérêt, pour les autres, ce sont des qualités rares. On vit souvent sous le régime d'un grand narcissisme collectif. Et, à l'échelle d'un État, ça devient carrément redoutable. C'est le déchaînement de l'hubris, la démesure, qui autorise toutes les violences. Au nom d'un peuple fantasmé, de son identité supposée, on est prêts aux plus grands mensonges et aux pires crimes.


Les dieux sont morts. Mais, dans beaucoup de pays, leur ont succédé des monstres. Les religions expliquaient autrefois le monde et son histoire. C'était peut-être un opium des peuples mais elles avaient du moins une ambition universaliste et ignoraient les nations.

Images principalement issues de  femmes artistes des "années folles" : Tamara de Lempicka, Romane Brooks, Marie Vorobieff, Hannah Höch, Marie Laurencin, Remedios Varo, Marie Toyen. Quel rapport avec le texte ? Peut-être s'agit-il de diverses représentations de moi-même ?

Je recommande par ailleurs :

- Nancy Huston : "L'espèce fabulatrice". Un essai déjà un peu ancien mais qui demeure un modèle de limpidité.

- Emmanuel Carrère : "L'adversaire". Poutine et le Dr Roman sont-ils les deux faces d'un même personnage, dans la vie civile et dans la vie politique ?

 - Henri Troyat : "Nicolas 1er". Probablement l'un des Tsars (1796-1855) les moins connus en France. Il a été un autocrate absolu et son règne a été marqué par un extrême conservatisme. Il vaut la peine de s'y intéresser aujourd'hui parce que Poutine lui voue une admiration certaine (son imposant portrait rône dans le bureau présidentiel). Et puis les Français l'ont combattu et vaincu au cours de la guerre de Crimée. Pourquoi n'ont-ils pas d'ailleurs, à cette époque, revendiqué la possession de la Crimée qu'ils venaient de conquérir aux côtés des Anglais et des Turcs ? On se dit, avec le recul, que ça aurait changé beaucoup de choses.

 

22 commentaires:

Paul a dit…

Bonjour Carmilla,
Nous pouvons aussi tirer sur la ficelle, expression populaire pour le fil d'Ariane, et nous réveiller. Mieux vaut tard que jamais. Il est encore temps comme dans cet article du jour

https://inrer.org/2022/04/russie-la-bataille-de-france/

Voilà, en pleine guerre d'informations, j'espère que cette analyse vous plaira et que les nouvelles seront bonnes demain soir.

Richard a dit…

d’Émile Durkheim : "La foule ne raisonne pas, elle est poussée par l'imagination, accepte l'invraisemblable, se fie aux slogans qui flattent les sentiments. Elle ne discute pas, elle croit."

Bonjour Carmilla!

Le grand jour c’est pour demain et nous verrons à la lumière des résultats électoraux, si le peuple de France ne raisonne pas, vogue sur son imagination, accepte l’invraisemblable, se fie aux slogans qui flattent.

Est-ce que la France ne discute plus?

Serait-elle imbue de ses croyances?

Ou tout simplement serait-elle devenue paresseuse, voir indifférence aux malheurs des autres??

Pourquoi les Ukrainiens s’en sortent après deux mois de guerre? C’est parce qu’ils regardent la réalité en face et surtout qu’ils ne ferment pas les yeux. Ils pourraient se plaindre, non, ils ne se plaignent pas, ils se battent. Ils savent que s’ils baissent les bras, s’ils s’agenouillent, ils sont fait.

Vous avez raison, la réalité est beaucoup plus dure que le mensonge, mais elle est souvent plus gratifiante que le rêve. On échappe à la réalité que par une seule porte : la mort! En parlant de suicide qui fait parti de la réalité, Albert Camus a écrit : « Le suicide, comme le saut, est l’acceptation à sa limite. » Le Mythe de Sisyphe, page 79. Les Ukrainiens n’ont pas l’air d’avoir envie de se suicider et encore moins d’envisager leur limite. La réalité maintenant c’est de foutre les russes dehors, les repousser, c’est une possibilité. Ça ne sera pas facile, mais c’est possible donc faisable.

Demain, nous verrons si la France désire quitter l’OTAN.

Bonne fin de journée

Richard St-Laurent

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Paul,

Cet article est effectivement original, juste et intéressant.

Il y a, c'est vrai, une russophilie assez générale en France dont le racines sont assez anciennes: visite de Diderot à Saint-Pétersbourg, statue de Pierre Le Grand par Falconnet, pratique généralisée du français chez la noblesse russe, défiance commune de l'Angleterre.

Il faut bien dire que la Russie séduit surtout les milieux de droite. Fascination pour la puissance et les hommes forts, littérature spiritualiste.

Mais Poutine a su également trouver de nombreux soutiens dans les milieux de gauche. L'histoire du coup d'Etat fomenté par la CIA en 2014 à Kiev puis celle du combat contre les nazis ukrainiens a souvent emporté les convictions.

Autre illustration : on peut trouver, sur You Tube (VLOG à Moscou), un reportage du voyage de Jean-Luc Mélenchon à Moscou en mai 2018. C'est sidérant, il ne cesse de s'extasier, c'est Bécassine à Moscou.

Quant à faire des pronostics pour ce soir, je demeure très méfiante. Et puis Le Pen atteindra tout de même un score incroyable, ahurissant. Ce sera de toute façon une grande victoire pour elle et on peut penser que, tôt ou tard, un parti extrémiste parviendra à prendre le pouvoir en France.

Bien à vous,

Carmilla

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Richard,

Je trouve ça terrible, effrayant, mais il est incontestable que les partis extrémistes ont aujourd'hui le vent en poupe en France. Ils sont même majoritaires si l'on additionne les voix qui se sont portées sur Zemmour, Le Pen et Mélenchon.

Le point commun à cette triplette, c'est le populisme et le refus de l'Europe.

Difficile de dire comment on en est arrivés là alors que les données économiques du pays sont, comparativement, plutôt bonnes. Il y a sans doute le fait que, de plus en plus, les gens négligent les supports traditionnels (journaux) et s'informent par le biais des réseaux sociaux. Et là, c'est un déchaînement continu de haine et de rumeurs.

J'avoue que cette situation me déprime profondément.

Quant aux Ukrainiens, j'avoue que je n'avais pas pensé qu'ils feraient preuve d'un tel héroïsme et esprit de résistance. La disproportion des forces était telle que tout le monde (y compris en Ukraine) pensait, il y a seulement deux mois, que l'affaire serait pliée en quelques jours. Mais je ne sais pas s'ils pourront tenir encore longtemps. Ce qui est épouvantable et très déprimant, c'est que les Russes rasent systématiquement les villes en les submergeant de bombes. Il n'y a même pas de véritables combats.

Bien à vous,

Carmilla

Richard a dit…

Bonjour Carmilla!

Il appert, qu’il est tout à fait possible, qu’un jour ou l’autre, madame Le Pen soit élue. C’est tout à fait possible, mais je n’irais pas à dire que c’est dans l’ordre des choses. Elle a peut-être beaucoup de défauts, mais elle est tenace. Elle a connue maintes défaites, et pourtant elle est encore là. Elle me rappelle le corbeau perché dans un arbre tenant en son bec un morceau de fromage. Et au pied de cet arbre, le renard qui ne cesse de flatter le corbeau. Et bien, le renard cette fois-ci, c’est madame Le Pen. Elle aura tout le monde à l’usure et le fromage va finit par tomber.

Comment en sommes-nous arrivés là? Ce n’est pas simple à expliquer. Nous n’avons jamais connu une époque aussi riche en informations de toutes sortes. Ce qui me dépasse, c’est qu’on retrouve des personnes qui croient, que la terre est plate, que la vaccination c’est un complot, que tous les politiciens sont des voleurs, on connaît la chanson. Encore si c’était des gens qui n’avaient pas de formation. Et au final les américains sont des bandits, des salauds, des charognes. Cette incapacité des faire la part des choses aveugle une bonne partie de la population, et la France n’est pas unique, on a pu le constater ici au Canada l’hiver dernier et dans plusieurs autres pays occidentaux, on l’a aussi constaté lors des dernières élections américaines.

Pensons présentement que gouverner n’est pas chose simple, nous sommes encore au prise avec le virus, nous avons maintenant une guerre sur les bras, l’inflation frappe fort ici, et je ne serais pas surpris qu’on entre en crise économique. Y a-t-il encore quelqu’un qui veut la (job)? Levez la main s.v.p. J’ai remarqué que physiquement Macron avait vieilli, le dernier quinquennat n’a pas été facile. Il faut regarder certaines photographies récentes de son visage. Il a les traits tirés et les rides commencent à faire leur apparition. Qui plus est, les voyages à Moscou ce ne doit être très agréable d’aller se faire insulter par le paranoïaque.

Avec les Ukrainiens, nous pouvons constater que l’esprit du combat ça compte. Ma grande crainte ce n’est pas les bombardements, c’est que les Ukrainiens se laissent emporter par leurs succès et commencent à commettre des fautes. Jusqu’à maintenant, ils s’en sortent bien. Mais, mener un contre-attaque avec du matériel lourd, c’est une autre manière de se battre. En sont-ils capables? D’autre part, un jour, il faudra reconstruire, cette guerre aura une fin, ce qui pourrait être positif pour l’Ukraine. Il faut se souvenir ce qu’était Berlin fin avril 1945.

Les Ukrainiens espèrent, alors espérons avec eux.

Bonne fin de journée Carmilla

Richard St-Laurent

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Richard,

Ce qui me gêne le plus, c'est que l'on ne cesse aujourd'hui de dénigrer les "élites". Surtout, on les met dans le même sac que les riches et les puissants.

Il est légitime de critiquer les riches et les élus. Mais je ne comprends pas que l'on critique tous ceux qui ne doivent leur statut qu'à leurs études et diplômes et à leurs créations. Au lieu de dénigrer l'excellence, il faut au contraire glorifier le savoir et l'inventivité.

Ce n'est pas en confiant le pouvoir au peuple qu'on va améliorer les choses. On a quand même d'abord besoin de gens qui savent. J'ai par exemple constaté, à l'occasion de ses interviews, que Marine Le Pen était complétement brouillée, comme la plupart de candidats, avec les mathématiques les plus élémentaires. Elle perd pied avec le moindre chiffre. Comment peut-on, à partir de là, prétendre gérer la France ? Tant pis si mes propos apparaissent affreusement réactionnaires.

Ce rejet des élites s'associe à la détestation des Etats-Unis, considérés comme un Etat grand criminel. Mais j'observe aussi que ceux qui critiquent les plus les USA sont aussi les premiers à en adopter le mode de vie : nourriture, vêtements, musique, littérature, cinéma. Personnellement, j'y suis insensible.

Quant aux Ukrainiens, je partage votre point de vue. Je ne sais pas en effet s'ils sont en mesure de mener une contre-offensive. Surtout, on ne sait pas à quelles solutions extrêmes pourra recourir Poutine si ça se produit.

Quant à la reconstruction ensuite, c'est vraiment effrayant. Un redressement prendra de très longues années. Même l'agriculture sera compromise : il y a plein de mines dans les terres les plus fertiles.

Bien à vous,

Carmilla

Richard a dit…

Pour la suite du monde!
Le fin mot serait, la jalousie. C’est un sentiment qui habite beaucoup d’humains sur terre, peu importe le pays ou le système politique. La vie m’a appris à la dur, à ne pas envier personne, c’est l’une des grandes leçons que j’ai reçues. N’envie personne, parce tu ignores qu’elle a été le cheminement de celui que tu envies. Le jour que tu prends conscience que cette jalousie est un boulet, que tu t’en débarrasses, ce jour-là tu augmentes ta liberté. Je dirais même que c’est une libération. Tu peux envier quelqu’un, mais aussi il y a un envers, tu peux être l’objet d’une jalousie, habituellement ceux qui sont l’objet de cette jalousie, souvent, ne s’en rendent pas compte. Ce qui fut mon cas. J’ai appris cela par la bande en m’impliquant dans certains mouvements politiques, que certains me détestaient, mais en même temps me jalousaient. Cette vision de ces événements, que j’ai vécues, a stimulé ma façon de voir l’humain afin de mieux le comprendre, mieux le cerner.

Il y a beaucoup de politiciens et politiciennes qui sont souvent nuls en calcul. Macron ne s’en est pas privé lorsqu’il a fait allusion aux emprunts de madame Le Pen dans une banque russe. Ce qui touchait directement la probité de la dite dame, qui s’est réfugiée en évoquant qu’elle est une femme libre. J’évoque cette passe d’arme pour souligner que les élites devront sortir au grand jour, descendent dans l’arène, et se salir les mains, en d’autres mots devenir candidats, afin de ne pas laisser le champ libre aux aventuriers politiques. Vous ne pourrez pas vous livrer à ce genre de tir de barrage contre l’extrême-droite à chaque élection, un jour vous allez soit vous épuiser à la tâche, ou soit manquer de munitions.

Pour en revenir aux États-Unis, je pensais ce matin que si le vieux Joe n’avait pas été élu lors de la dernière élection on serait au prise avec le Blondinet qui admirait affectueusement le Cousin Vladimir, ce qui aurait compliqué la tâche des Ukrainiens.

Tant qu’il y aura des militaires russes en Ukraine, je ne redoute pas l’emploi d’armes nucléaires tactiques, encore moins des armes chimiques ou bactériologiques. Je ne pense pas que les russes sont assez inconscients pour irradier leurs propres troupes. Qui plus est, les Ukrainiens bénéficient du support d’informations de la part des américains. Les russes sont suivis à la trace par les satellites, des drones, et plusieurs avions radars autour de l’Ukraine. Dès que les russes bougent, vous pouvez être sûr que les Ukrainiens le savent en priorité. Ce qui leur permet de frapper et de frapper fort.

Tant qu’à la reconstruction, se sera moins cher que faire une guerre. C’est clair qu’il va y avoir de l’ouvrage pour les démineurs, mais d’autre part, cela va peut-être permettre aux Ukrainiens de se doter d’un état de droit solide, de créer une nouvelle économie, ce que vous avez vous-même évoqués plusieurs fois. Cette reconstruction, c’est une chance à saisir pour les Ukrainiens. Mais, pour se faire, il faut qu’il gagne cette guerre, c’est à ce prix. Ce qui leurs permettraient d’augmenter leur confiance en eux-mêmes et qui sait, devenir un état phare dans cette partie du monde.

Et pourquoi pas Carmilla

Richard St-Laurent

Richard a dit…

Il est 15H00, heure locale au Québec

Je viens d'apprendre la nouvelle.

Félicitation vous avez gagné.

Richard St-Laurent

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Richard,

La Raison l'a effectivement emporté hier en France.

Mais provisoirement seulement. Il faut ensuite procéder, au mois de juin, à l'élection des députés du Parlement. Et les extrémistes rêvent déjà de vengeance. Les passions ne sont pas calmées.

Je répondrai plus tard à votre précédent message. Je n'ai plus le temps ce matin.

Bien à vous,

Carmilla

Richard a dit…

Bonjour Carmilla!

N’oublions jamais que la raison tout comme la démocratie, la liberté, le libre arbitre sont des concepts flottants, malléables, toujours en évolutions, jamais statiques; ce qui leur confère un net caractère attractif, mais aussi une vulnérabilité soumise à tous les aléas de l’existence. La raison comme tout le reste que je viens d’évoquer, exige une attention constante, un effort de tous les instants. Nous n’en aurons jamais terminé avec cette tâche de protection. Nous devons toujours essayer de savoir où nous en sommes. Est-ce que nos concepts sont toujours solides? Est-ce qu’ils sont en train de nous échapper? Comment raccorder le tout à l’évolution qui coure devant nous? Pourtant, j’ose croire que c’est un beau défit, plus facile à expliquer et à justifier que l’abstention. La raison c’est la présence, l’abstention c’est l’absence. Pour l’heure la France va demeurer dans l’OTAN.

Pour l’heure, là-bas en Ukraine on se bat pour la raison, la liberté et la démocratie, il ne faut surtout pas abandonné les Ukrainiens, ce n’est pas le moment. Zelensky a reçu beaucoup de visites au cours des deux dernières semaines, soudain est arrivé quelqu’un qu’on attendait plus, Boris Johnson Premier Ministre de la Grande Bretagne, puis ce fut le tour d’un type discret, le chancelier d’Autriche Karl Nehammer, puis la présidente de la Commission Européenne, Ursula Von Der Leyen, et enfin hier en plein milieu des élections en France Lloyd Austin secrétaire à la défense qui débarque accompagné du Secrétaire d’État Antony Blinken. Ça fait beaucoup de visiteurs en peu de temps. Je me demande, question de logistique, comment on déplace ces visiteurs dans un pays en guerre? Ces gens-là n’ont pas l’habitude de se déplacer pour rien. Qui plus est, on ne débourse pas 3,4 milliards de dollars pour la galerie.

« La première chose pour gagner, c'est de croire que l'on peut gagner. Et ils sont convaincus qu'ils peuvent gagner, a dit Lloyd Austin à quelques journalistes à propos des Ukrainiens. »

Tout cela reste une question de confiance en soi. Maintenant cela va se jouer sur une question de logistique. Comment acheminer toute cette saloperie de matériels lourds jusqu’à l’est de l’Ukraine, sur une distance de 1,000 kilomètres, pendant que les russes bombardent comme des malades?

Oui, la raison est exigeante.

Bonne fin de journée Carmilla

Richard St-Laurent

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Richard,

L'envie, la jalousie, beaucoup de gens carburent en effet à ça aujourd'hui. D'un point de vue individuel, je trouve ça détestable. Je pense être à peu près épargnée par cette passion triste et j'en suis heureuse parce que je perçois à quel point ça peut être dévorant. On peut tuer à cause de ça. Je n'ignore pas en revanche qu'au sein d'une entreprise, d'un milieu de travail, je suis continuellement épiée et jalousée. Il faut s'adapter à ça, l'accepter, et je m'attache à ne rien laisser paraître de moi-même.

Sur un plan collectif, la jalousie est la forme extrême de la passion de l'égalité propre à la démocratie. Mais elle peut justement aller jusqu'à ruiner cette démocratie. J'ai tendance à penser que la jalousie est devenue une maladie française. L'autre possède toujours 4 sous de plus que soi et est un privilégié.

La démocratie est mouvante, évolutive, bien sûr et elle peut même rencontrer des points de blocage. La Raison, j'en suis moins sûre, elle est supposée être une caractéristique immuable de la pensée humaine. L'important, c'est qu'il y ait débat, confrontation. Mais souvent, le plus fort cherche à s'imposer.

Je ne sais pas non plus comment font les services de sécurité ukrainiens pour permettre l'accueil de personnalités étrangères. C'est d'autant plus compliqué et risqué que le voyage se fait généralement en train depuis la frontière polonaise et qu'il dure très longtemps. Mais Poutine hésite peut-être à créer un accident diplomatique majeur. Mais il est aussi capable de tout parce que ces nombreuses visites doivent l'irriter profondément.

Quant à l'acheminement du matériel de guerre vers l'Est de l'Ukraine, j'ai lu qu'il ne se faisait pas sous la forme de grands convois de camions militaires mais de multiples petites camionnettes anonymes remplies de pièces détachées que l'on remonte ensuite une fois arrivées sur place. Ce genre de trucs invraisemblables, je sais que les Ukrainiens en sont spécialistes.

Bien à vous,

Carmilla

Nuages a dit…

Toujours à propos de l'Ukraine, sur un registre plus léger, Arte a annoncé qu'elle mettrait bientôt en ligne (au mois de mai) les saisons 2 et 3 de la série "Serviteur du peuple". Je m'en réjouis déjà. Et voir ces épisodes encore inédits ici sera évidemment vertigineux, au vu des derniers événements.

A Bruxelles, j'ai vu, au cinéma, le film "Atlantis" du réaliateur ukraininen Valentyn Vasyanovych. Intéressant, très impressionnant visuellement, mais un peu aride à mon goût. Il a été tourné en 2019 à Marioupol.

https://www.huffingtonpost.fr/entry/atlantis-un-film-ukrainien-sorti-en-2019-qui-resonne-etrangement-avec-lactualite_fr_62276341e4b004e4e386184a

Richard a dit…

Bonjour Carmilla!

La jalousie un mal français? Peut-être, parce que ça demeure un facteur difficile à soigner avant les législatives. Ne pas oublier que Le Pen a fait sa campagne présidentielle sur le pouvoir d’achat. Dites-moi Carmilla est-ce que la vie est aussi cher que cela en France. Je peux comprendre qu’à Paris, il peut en être ainsi comme dans toutes les grandes villes du monde; mais en région qu’est-il? Et puis il y a l’autre débat, que nous avons aussi au Canada et au Québec, que les régions sont oubliées par rapport aux grandes villes. Ici c’est un sujet qui revient à toutes les élections.

Si j’ai bien calculé, il y a 577 députés à l’Assemblée Nationale, dont je présume que pour avoir une majorité net sans être obligé à la cohabitation d’un gouvernement de coalition, il faut en avoir au minimum 289 élus. Est-ce possible? Mélenchon ne s’en prive pas, il attend le retour de l’ascenseur, comme on dit au Québec, il y a un signe du pied. On a très bien compris le message de Mélenchon, lorsqu’il a dit impérativement : Pas un vote pour Le Pen! Je n’arrive pas à me figurer Macron comme Président et Mélenchon comme Premier Ministre… Se serait anachronique. De toute façon, le choix du Premier Ministre, c’est une prérogative du Président. Cette élection législative s’annonce corsée.

Tant qu’au transport de matériels lourds, là on ne parle plus de missiles Javelin qu’on peut transporter dans une voiture, il est question d’artillerie, d’obusiers, et même de chars d’assauts pas question de démonter cela dans l’arrière-cour à genoux dans le gravier. Certes c’est reconnu partout, les Ukrainiens sont ingénieux, j’ai visionné des vidéos, où l’on voit des mécaniciens en train de remettre en marche des blindés russes. J’ai éclaté de rire, lorsque j’ai vu un gros tracteur John Deere de ferme remorquer un transports de troupes russes. Même les cultivateurs s’y mettent! Ça fait plaisir à voir. Les russes ont abandonné beaucoup de matériel derrière eux. Plus la raspoutitsa qui a bien joué son rôle, nous pouvons apercevoir beaucoup de chars d’assaut embourbés dans les champs et les marécages, ce qui a forcé les russes à emprunter les routes en dures pour se déplacer, où les attendaient en embuscades les Ukrainiens. Tout cela va finir par sécher et ça va devenir du matériel disponible.

Depuis une dizaine de jours, il y a moins de nouvelles vidéos sur le web. J’ai remarqué que les Ukrainiens contrôlent plus leurs informations. Les journalistes ne sont plus admis partout sur le territoire ukrainien. La discrétion semble de mise.

Pendant ce temps en pleine visite de Gutteres à Moscou, Lavrov affirme, d’une part, qu’il est prêt à des négociations avec l’Ukraine pour les fameux convois humanitaires, et d’autre part, il menace les pays occidentaux de guerre nucléaire. Comment peut-on s’asseoir devant un tel individu et essayer de négocier? Je pense que l’aide militaire des occidentaux commencent à fatiguer les russes.

Bonne fin de journée Carmilla!
Richard St-Laurent

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Nuages pour cette information !

Je regarderai bien sûr, ne serait-ce que pour la pratique de la langue (russe en l'occurrence). Je suis étonnée d'entendre maintenant Zelensky parler un excellent ukrainien. Mais il est bien la preuve vivante que les russophones n'étaient pas persécutés.

Cela dit, la 1ère saison est drôle mais est quand même populiste. Je n'aurais pas voté pour lui au vu de cette série. Les intellectuels (notamment Kourkov) étaient d'ailleurs réservés à son égard.

Quant à "Atlantis", il n'a fait l'objet, jusqu'alors, que d'une diffusion confidentielle en France.

Bien à vous,

Carmilla

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Richard,

La jalousie, l'esprit de vengeance, deviennent, en fait, les maux du monde moderne, plus ou moins marqués selon les pays.

Pour autant que je sache, les coûts de la vie en France sont les mêmes que dans les autres pays d'Europe.

Entre Paris et la province, la grande différence est le prix de l'immobilier: plus de 10 000 € le mètre carré à Paris mais infiniment moins en province. Mais les salaires sont sensiblement plus élevés en région parisienne. En revanche, l'immobilier en province ainsi que les terrains sont plutôt bon marché (comparativement à d'autres pays d'Europe).

Rapporté à la Chambre des députés, le système électoral français est complexe. Il s'agit d'un scrutin majoritaire qui dépend beaucoup des découpages géographiques effectués. Cela signifie que la proportion des voix obtenue par chaque candidat au 1er tour des élections présidentielles ne permet absolument pas de déduire le nombre de députés que son parti obtiendra. Dans la pratique, le système amplifie les effets de masse: si vous êtes le 1er, vous obtenez, généralement, plus de députés que le nombre auquel votre poids relatif vous permettrait de prétendre: avec 25 % des voix, un parti peut recueillir 40 % des députés. Et inversement : avec 10 %, vous pouvez n'avoir que 2 ou 3 % de députés. Je ne sais pas si je suis claire, veuillez m'excuser. C'est un système conçu pour dégager une majorité politique forte et éviter les bouleversements et revirements continuels de gouvernements.

Quant à Mélenchon, il est une "grande gueule" et un populiste de gauche. Il rencontre d'ailleurs Le Pen sur bien des points: refus de la mondialisation, retrait de l'Europe et de l'Otan, sympathie pour la Russie, programme économique dit "social" (mais qui se retournerait vite en anti-social). Mais je n'en dis pas plus parce qu'on va m'accuser d'être ultra-réactionnaire.

Quant au transport de matériels lourds en Ukraine, j'avoue ne pas être une experte de terrain mais je sais que ça se fait quand même et qu'on évite de faire franchir les frontières de l'Europe à des avions et à des chars entiers. Comment ? Le secret est bien sûr entretenu à ce sujet.

Bien à vous,

Carmilla

Richard a dit…

Bonjour Carmilla!

Merci pour les éclaircissements. J’ai un peu beaucoup copié sur le système anglais. Si j’ai bien compris, vous ne pouvez pas avoir un gouvernement minoritaire, alors vous devez être continuellement en découpage électorale? Quoi qu’il en soit il n’y a pas de système électoral parfait. D’autre part, vous pouvez élire un Président, et au législatif élire ses opposants. Donc la possibilité que Mélenchon entre au gouvernement demeure une possibilité tout à fait plausible. C’est intéressant, parce que vu de l’extérieur lorsqu’on suit la politique française, nous avons toujours l’impression que le Président est toujours en conflit avec l’Assemblée des députés. Par contre ce qui est bien, tu peux voter contre le gouvernement sur un projet de loi, et l’appuyer sur un autre, sans perdre ton siège et sans vengeance de ta famille politique. Ici, si tu vote contre ton parti, seulement une seule fois tu es mort politiquement, on va te donner un petit pupitre dans le coin de l’assemblé et surtout t’oublier en te méprisant.

Il ne faut pas mépriser Mélenchon, c’est peut-être une grande gueule comme vous dites, mais c’est quelqu’un d’intelligent, je dirais même de brillant. Il est beaucoup plus intéressant à entendre parler que Le Pen. Par contre il va traîner son boulet, et ça fait longtemps qu’il a des accointances avec les russes, et qu’il déteste les américains. Enfin, il déteste la vie américaine, disons que tu amènes pas Mélenchon marger chez Macdonald. Je l’écoutais hier sur la chaîne Thinkerview. Là il n’était pas en campagne électorale, assis sur sa chaise à répondre aux questions de l’animateur assis dans le noir qu’on ne voit jamais. J’aime bien la formule, pas de temps limite, pas de décor, si tu as quelque chose à dire, tu peux y rester deux heures voir même plus. Même s’il a eu moins de vote que Le Pen, dans le portrait politique, si Le Pen est la renarde, Mélenchon c’est un vieux briscard. N’oublions pas que Macron a gagné sa présidence avec les votes de La France Insoumise. On peut détester Marine Le Pen pour son manque de culture, mais pas Mélenchon. Ce qui en fait dans la politique française, quelqu’un qu’on peut mépriser, mais il est en train de devenir un incontournable, présentement en France, c’est le meilleur orateur, et sans doute le plus humain. Ce qui ne l’empêche pas d’être aveuglé à l’Est. C’est quand même pas mal pour un type de 70 ans, qui doit être encore un grand séducteur, et qui surtout dérange encore. J’y pense, si vous étiez dans un concours de séductions Carmilla, est-ce que vous seriez capable de battre Mélenchon?

Ils font bien les Ukrainiens de cacher leurs déplacements. J’ai lu que les Ukrainiens se servaient des autoroutes comme pistes pour leurs avions et que le reste du temps, ils les cachaient à travers les campagnes, dans les bois. Tu éparpilles les avions un peu partout sur le territoire. Les Britannique ont fait la même chose en Angleterre au début de la guerre 39-45. Par contre pour les blindés je l’ignore. Ce genre d’engin ne vaut rien sur les routes, il faut les déplacer par transport. Imaginer Carmilla que vous êtes obliger de convoyer un bulldozer entre Paris et Bordeaux sur son pouvoir, vous risquez de trouver la route longue. Qui plus est, les déplacements à découvert deviennent très dangereux. Les missiles à l’épaule sont très efficaces. Le Javelin, ça marche. Tant qu’aux champs de batailles, je sens que le vent tourne, je pense que nous assistons à la fin des grosses entités, les gros bateaux, les gros chars d’assaut. Les Ukrainiens pour le moment ont eu un certain avantage grâce à leur mobilité.

Il semblerait de les russes ont coupés le gaz à la Pologne et à la Bulgarie?

Bonne fin de journée

Richard St-Laurent

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Richard,

Le découpage électoral des circonscriptions est quand même d'une assez grande stabilité dans le temps sinon il y aurait des tripatouillages opportunistes. Quant au Gouvernement, il peut effectivement être renversé s'il ne dispose plus d'une majorité parlementaire. En général toutefois, prévaut la discipline de parti, même si certains députés peuvent faire part de réserves de conscience. Il est donc en effet possible que l'Assemblée et donc le gouvernement issus des élections parlementaires de juin prochain ne soient pas des mêmes "couleurs" que celles de Macron. Cela a déjà été le cas sous Mitterrand puis Chirac.

La France est actuellement tiraillée entre les extrêmes, ce qui est inquiétant. Mélenchon se situe sur un même registre d'arrogance et de violence que les deux autres affreux. Je me méfie par principe de ceux qui font profession d'aimer le peuple, qui éructent et vocifèrent dans des meetings grandioses parce qu'ils se prétendent grands orateurs. On le dit cultivé, je le perçois plutôt comme "franchouillard" et d'ailleurs que connaît-il en dehors de la France ? Mais je m'intéresse à vrai dire principalement aux programmes économiques des candidats et là je peux dire qu'en matière de démagogie et d'absurdité, on est servis avec Mélenchon.

Quant à la guerre russo-ukrainienne, sa violence gagne sans cesse en intensité avec des bombardements monstrueux. Je me demande vraiment ce qu'il va rester après du Donbass. Et puis, à court terme, est-ce que l'armée ukrainienne est capable de résister à ce déluge ? Je ne suis pas sûre qu'elle puisse gagner la guerre; il lui faudra, au moins, beaucoup de temps.

Oui, les Russes ont coupé le gaz à la Pologne et à la Bulgarie. La Pologne, je comprends parce que les Russes détestent les Polonais (qui les ont militairement battus en 1612 en occupant Moscou puis en 1920) mais les Bulgares, ça m'étonne un peu. Mais j'observe que les Russes n'ont pas voulu se priver de leurs plus gros clients (Allemagne notamment).

Bien à vous,

Carmilla

Richard a dit…

Bonjour Carmilla!

Nonobstant Mélenchon, vous conviendrai qu’il se passe quelque chose en France qui n’a rien de banal. On ne me fera pas croire que les 21% des électeurs qui ont voté pour Mélenchon sont tous des imbéciles, tout autant que ceux qui ont appuyé madame Le Pen, c’est peut-être leur donner l’importance qu’ils n’ont pas en les traitant de la sorte. Dans ce cas vous devez vous sentir bien seule lorsque vous aller savourer votre café au bistro. Ça fait 25 ans que les penseurs disent : OK, ça va passer parce que cela manque de sens. Mais, ça ne passe pas, et à chaque élection la vague revient, non seulement elle revient, mais elle est de plus en plus forte. La seule chose qui vous sauve, c’est que cette opposition est morcelée. Et, ça Macron l’a bien compris. Qu’arrivera-t-il si l’opposition fusionne? N’allez pas me dire que c’est impossible, avec tout ce que nous avons vécu depuis trois ans, tout est possible. Si Macron désire passer ses réformes, c’est de s’y mettre immédiatement après les élections législatives, quitte à faire siéger l’Assemblée tout l’été. J’ai remarqué qu’il n’y a jamais de grande manifestation pendant les vacances. Où encore, il pourrait opérer par décrets. Remarquez qu’il ne serait pas le premier à procéder ainsi. Nous convenons tous, qu’il a été élu par une majorité. Il voulait le travail, qu’il le fasse, qu’il applique ses politiques. Je déteste cette manière de nos politiciens d’essayer de plaire à tout le monde, et Macron n’est pas le seule, ici Justin Trudeau baigne souvent dans ces eaux-là, et que dire de François Legault à Québec qui essaie de charmer tout le monde comme si on était dans un concours de popularité. La séduction n’a rien à faire en politique, parce que c’est le premier mensonge de la création, mais aussi, parce que la politique c’est le domaine de l’argumentaire. Il y a des fois que je me dis : qu’un Georges Clemenceau serait à sa place présentement dans cette France qui se cherche en essayant de marcher sur des œufs. Remarquez qu’un de Gaule ne vous ferait pas de mal non plus. Mais toutes ces constatations ne corrigent en rien cette situation qui ne cesse de nous glisser entre les mains. Si cette société est riche, comme vous le mentionner si souvent, alors elle a le devoir de soigner son système social, qu’on vit mieux comme jamais dans l’histoire de l’humanité, alors soyons à niveau, et nous l’avons prouvé dans cette pandémie qui n’est pas terminée. On s’est occupé des malades, et surtout des travailleurs, sans oublier les entreprises. C’est une situation qui aurait pu très mal tourner. Nous sommes en train de faire la même chose avec l’Ukraine. Nous avons été lents à réagir, mais maintenant que la frousse nous tenaille on ne compte plus. On déverse des milliards. La démocratie, il ne faut pas seulement la caresser, des fois, il faut la talonner. Elle s’embourbe souvent comme les tanks russes dans les marécages de l’Ukraine. Je puis comprendre que nous avons peur de souffrir. C’est une caractéristique de l’humain. Il faut surmonter sa peur, si non, nous allons souffrir. Nos petits problèmes présentement ne sont peut-être rien en comparaison de ce qui nous attend. On ne perd peut-être rien pour attendre, enrobé dans la douceur de nos réseaux sociaux, le ventre plein, bien confortable à la chaleur, parce qu’au Québec ce matin, le thermomètre indique zéro, oui par un 28 avril. Sommes-nous si inconscients des chances et des possibilités qui s’offrent devant nous? Il faudrait peut-être remettre en question, nos manières de voir le monde et d’envisager l’avenir plus lucidement?

Richard St-Laurent

Richard a dit…

D’après ce qu’on peut voir, il ne reste pas grand-chose du Donbass, il y a bien des possibilités que cette région ressemble à Marioupol, des murs carbonisés et des tonnes de débris. Il va juste falloir dynamiter ces murs pour les jeter par terre, nettoyer le terrain, puis reconstruire. C’est cela l’absurdité de la guerre. Cette guerre est encore plus stupide que les précédentes dans l’Histoire. S’ajoute à cela, toute cette montagne incommensurable de souffrances, et ce n’est pas terminé. Déjà 62 jours de terreurs. Mais on ne peut pas se permettre que ça dure encore longtemps. Goterres vient de se faire rire de lui à Moscou. Et, les Ukrainiens n’ont pas manqué de lui offrir une petite visite où ont eu lieux les massacres. Personne n’a envie de négocier, comme cette femme qui a vu les soldats russes abattre son mari et l’empêcher pendant des jours de ramasser son corps pour l’enterrer. Tu te lève le matin, tu regardes par la fenêtre pour voir le corps de l’homme de ta vie pourrir dans la rue. Quelle sorte de discours que Goterres peut tenir après cela? Boutcha va demeurer marqué dans la mémoire des Ukrainiens comme dans la mémoire de cette femme. Et, ce n’est pas le seul endroit. La nouvelle fait son chemin, Radio-Canada rapportait hier, que dans certains villages, ce ne sont pas les bombardements qui ont fait le plus de victimes, mais les soldats russes, qui ont abattu des civils froidement.

Je suis d’accord avec vous. Connaissant l’histoire des guerres entre les russes et les Polonais, je m’attendais à ce la Russie agissent. Tant qu’à la Bulgarie je ne comprends pas. Pour ce qui est des Allemands, est-ce qu’ils payent leur gaz en rouble? L’Allemagne avec la Hongrie, se sont les points faibles des occidentaux. L’Allemagne ne veut pas sacrifier son économie et Orban assis entre deux chaises se dit confortable. Tu ne peux pas commercer avec un pays et lui faire la guerre en même temps. C’est absurde. Les russes doivent être mort de rire! C’est l’autre facette de cette guerre, cette question d’énergie qui vient troubler les événements, parce que les pays européens ne peuvent pas se priver du gaz russe. Et, même si l’Ukraine gagne cette guerre, l’Europe n’en n’aura pas terminée avec cette question d’énergie. Balayer sous le tapis cette question d’énergie, on en conviendra tous, ce n’est pas une solution.

Si les russes envahissent totalement l’Ukraine, alors il n’y aura pas seulement l’Ukraine qui aura perdu; mais nous aurons tous perdu. Et, les armées russes camperont sur les frontières de la Pologne. Ça promet! Il y a de quoi inquiéter Varsovie. Je me demande si à Berlin, ils sentent le fumet du désastre? Retour à la case départ, on va se retrouver avec un nouveau Pacte de Varsovie. Vive le progrès!

Nous ne pouvons pas affirmer que cette guerre ne nous regarde pas. Nous ne pouvons pas nous cantonner dans nos petits conforts douteux en affirmant que l’Ukraine ce n’est pas important. Tout ce qui se passe présentement est d’une importance capitale pour la suite du monde!

Bonne nuit Carmilla

Richard St-Laurent

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Richard,

Mais..il me semble que c'est ce que j'ai dit. Si l'on additionne, en France, les votes extrémistes et protestataires, anti-européens et étatistes notamment, on se rend compte qu'il s'agit d'un électorat majoritaire. Donc, dans un café même parisien, si vous êtes démocrate et libéral, vous vous sentez souvent effectivement bien seul.

J'en suis convaincue, d'une manière générale, on n'aime pas la démocratie. On peut prendre l'exemple du précédent président, François Hollande. Il était sans doute critiquable mais un authentique et incontestable démocrate. On ne cesse aujourd'hui de le mépriser, ridiculiser.

Je n'exclus donc absolument pas une victoire de Mélenchon aux législatives. Si c'est le cas, Macron ne pourra à peu près rien faire, condamné à de la figuration internationale, parce que c'est bien le Parlement qui a regard sur la politique du Gouvernement. La seule issue pour Macron, ce serait une dissolution de l'Assemblée mais il faut trouver une fenêtre opportune.

Concernant la guerre, le bombardement de Kiev alors qu'Antonio Gutteres s'y trouvait est inquiétant. Ca prouve que la Russie se moque complétement des instances internationales. C'est la fuite en avant complète.

Quant à la Bulgarie privée de gaz, je pense que Poutine n'apprécie pas le nouveau gouvernement démocrate et anti-corruption qui s'est installé en décembre dernier à Sofia. Son premier ministre, Petkov, possède d'ailleurs la double nationalité bulgare et .. canadienne (par son épouse).

Les Russes peuvent encore effectuer quelques conquêtes militaires mais, après tous leurs crimes, elles seront de toute manière inacceptables par la communauté internationale (et encore moins, bien sûr, par les Ukrainiens).

Bien à vous,

Carmilla

Richard a dit…

Bonjour Carmilla!
Effectivement, c’est la fuite en avant complète, autant politiquement en France, que dans la guerre en Ukrainienne. Fuite en France parce qu’on s’est reposé sur un laissé-faire dans une complaisance médiocre. Peut-être que les électeurs français auraient intérêt à méditer cette phrase tirée du dernier ouvrage de Catherine Malabou intitulé Au voleur, Anarchisme et philosophie :

« En finir avec l’État, avec le gouvernement, ce n’est pas en finir avec le pouvoir. »
Catherine Malabou
Au voleur!
Page 158

Il ne suffit pas de renverser un pouvoir, il faut le remplacer. Le remplacer, oui, mais par quoi et par qui? Aurons-nous toujours le choix du (remplacement)?

Cet ouvrage n’est pas un livre facile à lire, mais plus j’avance dans cette lecture, plus je la trouve intéressante. J’ai bien du mal à lire autre chose présentement. Malabou creuse plusieurs philosophes en essayant de raccrocher l’anarchisme à leur philosophie. Par exemple sur Jacques Derrida:

« Bien qu’il annonce que la démocratie soit encore à venir, bien qu’il se livre à une critique acérée de la démocratie représentative, Derrida considère néanmoins qu’elle est pour le moment le seul compromis acceptable. Et ce, même si le concept traditionnel de démocratie se montre encore conforme aujourd’hui à sa définition classique d’ auto-détermination souveraine, d’auto-nomie, de soi-même qui se donne à lui-même sa loi. Même s’il joue son rôle d’arkhè. En effet, ce concept est aussi susceptible de faire faux bond à son rôle traditionnel, de s’en émanciper. La démocratie peut surprendre, qui n’est jamais proprement ce qu’elle est, jamais elle-même. Elle demeure ainsi le seul régime politique qui accueille la possibilité de se contester, de se critiquer et de s’améliorer constamment lui-même. C’est en ce sens qu’elle est toujours à venir.
Catherine Malabou
Au voleur!
Page 199

J’ai lu et relu ce paragraphe à plusieurs reprises, propos qui touchent ce que nous avons discuté pendant cette semaine qui se termine. Il ne faudrait pas perdre toutes ces possibilités que nous possédons présentement.

Non, et je le répète, il n’y a pas de négociation possible avec les russes. Il faut quand même en avoir épais du casque pour tirer des missiles sur Kiev alors que Goterres est présent dans cette ville. J’espère que cette fois, tout le monde aura compris. Il faudra aller jusqu’au bout du processus, parce que tout ceci touche notre démocratie.

Merci Carmilla et bonne fin de journée.
Richard St-Laurent

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Richard,

Je souscris à ces propos.

Je pense qu'on n'aime pas la démocratie parce que c'est l'instabilité, l'évolution, permanentes alors que les populations aspirent souvent à un ordre immuable des choses. La nostalgie de l'URSS et le succès de Poutine reposent en particulier sur ce besoin de tranquillité, d'être à l'abri des remous de la politique, que rien ne change, que tout soit prévisible. Mais la guerre risque justement de perturber cela.

Quant à la guerre, je pense, en effet, qu'un point de non-retour a été atteint. On ne peut plus envisager de compromis, de négociation. La chute du poutinisme est la seule solution.

Bien à vous,

Carmilla