samedi 4 novembre 2023

Picpus

 

Picpus, c'est un drôle de nom, on croirait presque une comptine enfantine avec des puces qui piquent.

Ca désigne pourtant l'un des lieux les plus mystérieux et les plus terrifiants de l'histoire de France.

C'est étonnant mais presque aucun Parisien, même ceux qui vivent dans le quartier, ne connaît cet endroit pourtant vaste et situé à quelques pas de la Place de la Nation. Et aucun guide touristique n'en fait même mention.

L'ignorance, l'amnésie, sont, sans doute, significatives.


C'est en effet un grand cimetière, mais avec très peu de tombes, arboré et baigné dans la verdure. Un havre étrange de calme et de repos en plein Paris. L'un des deux seuls cimetières privés de Paris avec celui des Juifs portugais dans le 19ème.


C'était, à l'origine, un vaste enclos (300 mètres de long, 70 de large), protégé par de grands murs, qui abritait le couvent et le jardin de religieuses de Saint-Augustin chassées de l'endroit par la Révolution en 1792. Du couvent et de sa chapelle, il ne reste plus aujourd'hui que quelques vestiges.


C'est surtout le principal site où sont enterrés les guillotinés de la Révolution française durant la période de la Terreur. On y trouve ainsi, mais pas seulement, les sépultures de nombreuses grandes familles françaises. Notamment, un certain Alexandre de Beauharnais qui laissera une veuve appelée à devenir célèbre: Joséphine. Mais aussi Montalembert, La Rochefoucauld, la duchesse de Lauzun et les familles Noailles, Luynes, Polignac. Et surtout, un grand poète: André de Chénier.


Pourtant, on l'a bien oublié, beaucoup de nobles avaient pris parti pour la Révolution et avaient contribué à son déclenchement au cours de la nuit de "l'abolition des privilèges". Mais ça n'a pas constitué une protection suffisante.


Mais le site de Picpus est aussi hanté par deux grandes figures de la littérature française: le Marquis de Sade et Choderlos de Laclos qui se sont, alors, tous les deux fréquentés (qu'est-ce qu'ils ont bien pu se raconter ?). L'un et l'autre, évidemment "suspects", ont en effet réussi à échapper à la guillotine en se faisant héberger, au prix fort, dans une maison de santé que venait de créer, au sein de l'ancien couvent du jardin de Picpus, un certain citoyen Coignard. Là, on les faisait passer pour des malades ou des fous. Ca n'était peut-être pas très glorieux (il est difficile de porter aujourd'hui un jugement à ce sujet) mais ça leur a certainement sauvé la vie.



On ne sait pas comment le Marquis de Sade a réussi à être transféré de la "prison révolutionnaire" de Saint-Lazare en trouvant les fonds nécessaires pour s'acquitter du coût exorbitant de sa pension. C'est probablement son épouse, d'une vertu morale extraordinaire, qui a su remuer ciel et terre. Quoi qu'il en soit, le Marquis de Sade a conservé un excellent souvenir de son séjour à Picpus. Il s'y amusa même bien: aimable société, jolies femmes, jeux divers et surtout montage de pièces de théâtre. C'étaient "les délices de Picpus". 



Il reçoit ainsi régulièrement une jeune fille, Emilie, qu'il initiera à la sensualité et une ancienne maîtresse, Sensible, qui vit avec un Conventionnel proche de Robespierre. Etrangement, ce Conventionnel, vraiment pas rancunier, se démènera pour sauver le Marquis de Sade.


Mais c'était aussi le libertinage à la lisière de l'horreur parce qu'en même temps, les "Révolutionnaires" venaient d'ouvrir, au fond du jardin, de sinistres fosses communes où étaient entassés, pêle-mêle, les "nouveaux guillotinés", ceux de la période frénétique de la Terreur. Ces premières fosses communes, issues de massacres politiques de masse, qui, plus tard, hanteront les consciences de tout le 20ème siècle.


L'apogée de la Terreur, ça s'est situé, en effet, entre le 14 juin et le 27 juillet 1794. Durant ce court laps de temps, on a tout de même exécuté plus de 1 300 personnes, parisiennes et provinciales et de toutes conditions. Ca fait tout de même une jolie moyenne d'environ 55 suppliciés par jour. Une simple dénonciation, celle d'un voisin, suffisait alors. Ou alors, on inventait les motifs les plus futiles ou grotesques. Le sommet de l'ignominie, c'est envers l'Abbesse Louise de Montmorency-Laval, sourde et aveugle, accusée d'avoir comploté "sourdement et aveuglément...".


Pour le bourreau, ça représentait quand même de sacrées journées parce que, pour "écourter" quotidiennement 55 personnes, il fallait absolument tenir la cadence d'une exécution en moins d'un 1/4 d'heure. Ca ne devait pas être facile parce que beaucoup de condamnés essayaient de résister et se débattaient. Le pire, c'est que cet abominable spectacle attirait les foules. Et le bourreau, comment passait-il ensuite sa soirée en famille ? Et quels rêves venaient agiter son sommeil ?


Jusqu'alors, le "Grand Rasoir National" s'exerçait sur la "Place de la Révolution" (devenue aujourd'hui la "Place de la Concorde"). Les cadavres étaient ensuite emportés sur la plaine Monceau (un quartier qui ne m'est pas inconnu).


Or les riverains commençaient à se plaindre vivement. Ca devenait intolérable, ces cris, ce tumulte, cette folle agitation et puis toutes ces odeurs nauséabondes du sang et de la putréfaction des corps. Ca devenait même déprimant à la longue.

On a donc écouté les habitants des beaux quartiers et on a décidé de transférer la guillotine sur la Place de la Nation plus précisément sur une petite place attenante (la place du "Trône renversé" aujourd'hui "Place de l'Île-de-la Réunion") qui jouxte justement le Parc de Picpus (photo ci-dessous).


Le jardin de Picpus est ainsi devenu un lieu d'épouvante. On avait creusé des fosses trop petites et il fallait, alors, comprimer le plus possible les corps, puis glisser les têtes dans les interstices. Comme c'était le plein été, il régnait une odeur pestilentielle dans le Parc. Et puis, il y avait le spectacle des fossoyeurs joyeux et pleins d'entrain car ils devenaient richissimes: ils dépouillaient soigneusement les cadavres de tous leurs habits et bijoux et s'empressaient, ensuite, de les revendre. (Ci-dessous, image des fosses communes, protégées du public).


Difficile de trouver contraste plus grand entre cet effroyable théâtre de la cruauté et les fêtes galantes de Sade. Mais ce dernier finit quand même, en dépit de toutes ses protestations de vertu révolutionnaire, par être condamné à mort le 26 juillet 1794  par Fouquier-Tinville. Mais quand on vient le saisir à corps, il parvient à se dérober. Et le lendemain, le 27 juillet, advient un miracle : Robespierre est arrêté puis guillotiné dès le lendemain.


Et tout s'arrête alors brusquement. C'est la fin du "Grand Hachoir" et on n'a plus besoin, tout à coup, des fosses communes de Picpus. L'endroit est alors déserté jusqu'à ce qu'il soit racheté, sous le 1er Empire par des familles nobles parentes des guillotinés.



A cette folle période de la Terreur, a succédé le Directoire qui a, peut-être, été son exact inverse: un monde de plaisirs et de distractions. La véritable émergence de la vie urbaine moderne : la mode, les bals, les restaurants, les théâtres, les musées; brefs tous ces divertissements populaires qui n'existaient pas auparavant et qui se sont répandus partout dans le monde. Mais cela, c'est une autre histoire.


Pourquoi, je parle de ça aujourd'hui ? Evidemment pas par nostalgie monarchique. Je considère, en effet, que la Révolution française a été l'un des événements majeurs de l'Histoire de l'humanité. Ca n'a pas seulement été  un bouleversement politique mais peut-être aussi, et surtout, un bouleversement mental.

 

Alors que le monde semblait figé, condamné à se répéter indéfiniment, chacun a pu, tout à coup, entrevoir un avenir différent et s'y projeter, avec angoisse et espoir. On était désormais les maîtres de son avenir. C'est même devenu la caractéristique du monde moderne. Avec la Révolution française, on est ainsi rentrés dans la Grande Histoire.


Mais l'épisode de la Terreur illustre aussi les dangers de l'Histoire. Quand se développent les passions, les haines, la violence mimétique. Quand on désigne des coupables, des boucs émissaires. Quand on sombre dans la folie totalitaire. On connaît bien ça aujourd'hui.


Et puis, c'était le Jour des Morts cette semaine. C'est à peine si on y prête attention en Europe de l'Ouest. Mais ça demeure une date importante en Europe Centrale. Ce jour là, les cimetières se transforment en un immense lac brillant d'étoiles et de mille feux. 


Je termine, enfin, avec mon cimetière de Picpus. L'endroit est tellement calme et idyllique que, lorsqu'on est Parisien, on se dit tout de suite que c'est là qu'on voudrait être enterré. Mais c'est un cimetière privé et les conditions d'accès y sont très précises: il faut avoir eu un ancêtre guillotiné. C'est ainsi que La Fayette a sa tombe à Picpus. Celle-ci est continuellement ornée d'un drapeau américain. L'un de ses parents a, en effet, été guillotiné.


En ce qui me concerne, c'est, hélas, très peu probable. A moins, peut-être, que je ne me fasse euthanasier, un jour le plus lointain possible,  par la guillotine. La législation l'autorisera peut-être alors.


Mes photos récentes de Picpus. J'espère qu'il n'y aura pas trop de Parisiens qui me liront. Parce que je souhaite que le calme de ce lieu méconnu soit préservé pour que je puisse encore m'y promener.

Je recommande :

- Le film de Benoît Jacquot "Sade", sorti en 2000, avec Daniel Auteuil et Isild Le Besco, illustre avec esthétique le séjour de Sade dans la "clinique" de Picpus. Un beau film mais qui occulte "l'envers du décor".

- Serge BRAMLY: "Sade, la terreur et le boudoir". Un livre qui raconte, de façon à la fois imaginée et reconstituée, les 8 mois du Marquis de Sade à Picpus.

Sur la Révolution Française, il y a bien sûr des tonnes d'ouvrages, plus ou moins ennuyeux. Moi qui ne suis pas une spécialiste, je me contente donc de recenser :

- Bertrand GUILLOT : "L'abolition des privilèges". Un petit bouquin vraiment épatant: plein de vie et même drôle. Qui surtout permet de poser des questions très contemporaines : qui, et pour quelle part, doit payer l'impôt ?"

- Claude QUETEL: "Crois ou meurs - Histoire incorrecte de la Révolution Française". Est-ce qu'il y aurait eu deux Révolutions ? Une bonne, celle des Droits de l'Homme, et une mauvaise, celle de la Terreur. La Révolution du Peuple n'a-t-elle été une Révolution contre le Peuple ? Est-ce qu'elle n'a pas instauré une division profonde des Français, une division qui perdure aujourd'hui ?

15 commentaires:

Julie a dit…

Bonjour Carmilla,
Peut-être pas à Paris, mais dans l'Est de la France, région où nous avons passé seize ans, chaque année je me rendais faire des photos dans les cimetières à la Toussaint. L'abondance des fleurs rendait ces lieux joliment photogéniques.
J'ignorais totalement cet épisode macabre de l'histoire de France.
Quant à votre futur futur futur départ, avez-vous songé à l'incinération ?

Merci pour votre billet qui me rappelle le joli roman : "Changer l'eau des fleurs" dont le décor est planté dans un cimetière.

Bien à vous, premiers flocons sur la montagne derrière chez nous :)
Julie

Richard a dit…

Bonjour Carmilla

Ce nom, Picpus m’intrigue, est-ce tout simplement un nom propre, ou bien a-t-il une signification commune? C’est vraiment un site spécial au coeur de Paris, où l’on peut retrouver la paix et la tranquillité. Un magnifique sujet historique qui nous laisse sur notre faim. Merci pour votre texte, mais encore une fois, pour vos mystérieuses photos. J’ai aimé toutes ces portes ouvertes peintes en bleu, comme une ouverture, une invitation, dans un univers à part. J’ai senti de votre part un certain désir d’y être inhumé. Pour ce faire, il vous faudra trouver un ancêtre qui aura été décapité.

Je suis chanceux, j’ai reçu hier : Le labyrinthe des égarés, d’Amin Maalouf. J’en ai déjà la moitié de lu, et je n’en suis pas déçu. Le titre est très évocateur et nous sommes vraiment dans un labyrinthe, nous, la belle bande des égarés. Une magistrale leçon d’histoire sur ce que nous sommes devenus. Cette recherche s’impose afin de comprendre ce que nous sommes en train de devenir. Et, nous avons bien du mal à expliquer ce qui se passe. Un égaré ne peut pas te donner sa position, il ne sait même pas se situer, à plus forte raison, les causes qui ont fait de lui un être qui est en train de se perdre. Ne vous en faites pas, je vais y revenir.

L’autre ouvrage que je recommande présentement, un livre de Jean-François Lépine qui s’intitule : Les angoisses de ma prof de chinois. Où s’en va la Chine. Jean-François Lépine a été correspondant de Radio-Canada en Chine entre 1982 et 86, puis il y est retourné à plusieurs autres occasions, en autre comme diplomate à la tête du réseau des Représentations du Québec en Chine, pendant six ans! Il est revenu en 2021. C’est publié au Québec chez Libre Expression.

Le premier chapitre s’intitule : Pourquoi ce livre

« J’aime les Chinois. C’est plus fort que moi. Littéralement. »
Jean-François Lépine

C’est la première phrase de ce livre, ponctué de diverses réflexions avec sa (Prof) de Chinois. On ne parle pas souvent des angoisses des Chinois. On parle toujours de la Chine comme d’un système politique, économique, et surtout de ses volontés de dominer le monde. Mais, qu’en est-il des gens ordinaires, de ceux qui font cette Chine à coup de journées de travail? Qui vivent simplement, et qui ne manquent pas de s’interroger sur ce qu’ils sont en train de devenir. Sont-ils, eux-aussi, des égarés? Pendant combien de temps encore, cet (arrangement), entre ce gouvernement autoritaire, et ce peuple qui aspire à autre chose, de plus grand, et de plus démocratique, va-t-il se poursuivre?

Merci Carmilla et bonne fin de journée.

Richard St-Laurent

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Julie,

Le magnifique cimetière de Sapanta en Roumanie est bien connu. Et c'est vrai que dans toute l'Europe Centrale, les cimetières sont encore des lieux très fréquentés, des lieux de rencontres et d'échanges où l'on dialogue avec les visiteurs et avec les morts.

Mais en Europe de l'Ouest, c'est fini, plus personne ne s'y rend. Moi même, j'ai été influencée. Je ne vais quasiment jamais sur les tombes de mes parents et de ma sœur.

Quant à moi, je n'ai bien sûr pas encore songé à mes obsèques. Mais je suis très réservée sur la crémation même si c'est devenu "moderne" d'opter pour cette solution. Je suis d'ailleurs convaincue que, bientôt, il n'y aura plus de cimetières et que l'on se contentera de remettre à la famille une urne contenant les cendres du défunt. Cendres que l'on dispersera ensuite, un peu n'importe où, dans la Nature.

Entendons-nous bien: je ne crois pas en la vie éternelle et la résurrection des morts. Mais la disparition des cimetières est, tout de même, quelque chose de bouleversant. On considère, en effet, que le premier signe d'apparition des sociétés humaines, ce sont les tombes. C'est ce qui nous différencie, d'abord, des meutes animales.

Alors qu'est-ce que ça veut dire une civilisation qui, pour la première fois dans l'Histoire, cesse d'honorer ses morts ? On fait comme si la Mort n'existait plus mais on est, en fait, emportés par une espèce de folie démiurgique qui consiste à nier toutes les limites de l'homme, celles de la biologie et de la vie en particulier(on croit ainsi pouvoir être animal, changer de sexe, être immortel). On est incapables de s'accepter tels que l'on est, hélas limités.

Quant à la Révolution Française, elle a été effectivement sanglante et souvent dramatique. Mais des Révolutions pacifiques, il n'y en a pas. Que dire de la Révolution russe et de ses millions de mort de la guerre civile ? C'était un déchaînement pur de violence qui dépassait toutes les revendications politiques.

Vous avez bien de la chance de vivre près de la montagne. J'ai commencé par travailler à Grenoble et j'en conserve un très beau souvenir.

Bien à vous,

Carmilla

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Richard,

Contente d'abord que vous trouviez un petit quelque chose à mes photos. Je photographie peu, en fait, et si je voulais faire mieux, il faudrait d'abord que je puisse y consacrer davantage de temps.

Me trouver un ancêtre guillotiné, c'est tout de même très peu probable. Ca n'a tout de même heureusement concerné, à l'échelle de l'Europe, qu'un nombre très limité de personnes. Quant à faire ma généalogie, c'est quasi impossible et ça ne m'intéresse pas: je ne pense pas que je porte les caractères de mes ancêtres.

Je n'ai pas encore lu "Le labyrinthe des égarés" mais tous les bouquins de Maalouf sont, en effet, remarquablement clairs et pédagogues.

Merci pour cette référence à Jean-François Lépine. Je rencontre régulièrement des Chinois dans mon travail. J'avoue que ce n'est pas facile mais c'est trop long à expliquer.

Bien à vous,

Carmilla

Ariane a dit…

Bonjour Carmilla.

En tant que parisienne, de parents nés aussi à Paris, et amoureuse de ma ville, je connais parfaitement l'histoire de Picpus, et comme je n'y suis pas retournée depuis longtemps, je vous remercie pour ces très belles photos !
Vous avez très bien résumé ce qui s'y est passé et, même si moi non plus, je ne souhaite pas que ce lieu soit envahi de touristes, ce serait bien que des Parisiens le découvrent et surtout en connaissent ces tragiques évènements.

Cette abbesse Montmorency-Laval de 97 ans était non seulement sourde et aveugle, mais paralysée et on a quand même qu'elle était dangereuse pour la Révolution !
Décidément je déteste cette époque, elle me fait horreur et je pense qu'on aurait tout aussi bien pu changer de civilisation sans commettre tous ces crimes...

Je suis d'accord pour vos conseils de lectures, mais je vous propose aussi si un jour vous avez le temps, c'est de découvrir cette saga du très érudit Jean Delay
Jean Delay, Avant Mémoire :
— Tomes I et II : D'une minute à l'autre, Gallimard, 1979, 1980.
— Tome III : la Fauconnier, ibid., 1982.
— Tome I V : D'un siècle à l'autre, ibid., 1986.

Pour ma part je les achetés d'occasion, sauf le premier que j'avais déjà.
Vous découvrirez la révolution, à travers l'histoire de sa famille d'une toute autre façon.
Je vous joins un lien vous proposant une présentation de cette oeuvre.

https://www.revuedesdeuxmondes.fr/wp-content/uploads/2016/11/6690b15c61b203c611211c89cdd3d5dc.pdf

Encore merci pour ce billet, chère Carmilla.

Richard St-Laurent a dit…

Bonsoir Carmilla

Je m’en voudrais, d’une manière ou d’une autre de ne pas rendre hommage à cet homme, Amin Maalouf, avec qui, je partage une passion, celle de la soif de l’information, de la la connaissance, et qui ouvre la porte à la compréhension. On ne sort pas indemne de la lecture : Le Labyrinthe des égarés. Si on est égaré, c’est qu’on ne sait pas. Toute sa vie, il a entretenu cette incontournable passion de s’informer. Et, encore une fois, il ose sans détour nous présenté cette réalité présente si insoutenable. J’aime ceux qui veulent savoir, et Maalouf est de cette essence.

« La revanche sur l’Histoire, la seule à laquelle doit aspirer une grande nation, c’est d’en finir une fois pour toutes avec la pauvreté, l’ignorance, et les humiliations. »
Amin Maalouf
Le Labyrinthe des égarés
Page 319

C’est aussi simple que cela, mais combien difficile. Se sont des propos très humain, faciles à comprendre, mais dont les hommes demeurent aveugles.

Je voudrais souligner une autre facette de son humanisme.

Il dédicace son livre à sa mère ainsi et c’est très touchant :

« À la mémoire de ma mère,
né en Égypte en 1921,
décédée en France en 2021 »

Un siècle, ce n’est pas rien, un siècle de misères et de souffrances, de peurs, et d’espoirs, il y a de quoi raconter. Dès les premières pages nous entrons dans un univers tout simple, mais chaleureux, où au fil des phrases, il ne nous épargne rien. C’est un homme entier comme je les aime, avec qui, on le sent, il n’y a pas autre chose que le partage.

Pour ce soir, je retiens cette citation :

« Ce qui s’est passé n’est qu’un prologue,
Ce qui est à venir dépend de vous et de moi. »
William Shakespeare

tiré du : Labyrinthe des égarés, page 403

Rien de moins!

Bonne nuit Carmilla

Richard St-Laurent

Carmilla Le Golem a dit…

Bonjour Ariane,

Je constate d'abord que vous avez survécu à la grande tempête et que vous avez toujours Internet.

Que vous connaissiez le cimetière de Picpus montre bien que vous êtes une Parisienne éclairée et curieuse. Ce qui n'est pas si fréquent parce qu'on a souvent tendance à privilégier son propre quartier au détriment de tous les autres.

Quant à la Révolution française et surtout à la Terreur, ça a sans doute été, en effet, une période terrible de l'histoire. Le règne de l'arbitraire faisait que beaucoup de gens redoutaient même de s'aventurer dans les rues.

Mais je pense quand même que ça a été moins terrible que la révolution bolchévique. Et puis, il en est sorti des choses positives: la République démocratique (le monde moderne) et l'émergence de la société industrielle et du capitalisme qui a sorti de la misère économique la population française (tout le contraire de l'économie soviétique).

Merci pour cette référence à Jean Delay. Ca m'intéresse effectivement et il faut aussi savoir que l'Ancien Régime n'était pas absolument abominable (en comparaison avec d'autres pays) et que beaucoup de nobles étaient des gens éclairés et disposés à des réformes (c'était l'esprit des Lumières qui était impulsé d'"en haut"). Une issue moins sanglante eût peut-être été possible.

Bien à vous,

Carmilla

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Richard,

Armin Maalouf sait, en effet, retracer, avec un remarquable esprit de synthèse, l'histoire de tout le Moyen-Orient.

Sortir de la pauvreté et de l'ignorance, je pense, en effet, que ce doivent être les deux premiers objectifs d'un gouvernement issu d'un changement politique. La Révolution française les a, malgré tout, remplis en favorisant le développement de l'éducation et l'émergence de la société industrielle.

Quant à en finir avec l'humiliation, je suis plus réservée. Ca devient vite le point principal et essentiel du programme, avant même tous les autres. L'idée de l'humiliation, je trouve ça dangereux et d'ailleurs presque tout le monde se sent humilié aujourd'hui, le plus souvent pour un rien. Ca a vite fait de se transformer en terreur. On ne construit pas une société sur le ressentiment et l'esprit de vengeance.

Bien à vous,

Carmilla

Richard a dit…

Bonsoir Carmilla

L’humiliation appelle la vengeance, c’est bien connu, nous savons de quoi il en retourne. Maalouf dans son essai, n’a pas choisi d’en référer au Japon, à la Russie, à la Chine, du XIXe siècle, qui ont subi des humiliations, et pas de petites, qui ont été dans une certain sens humiliés par la politique des canonnières des pays occidentaux. Le Japon par l’expédition de Matthew Perry un américain qui a forcé l’ouverture sur le monde de ce petit pays du Soleil Levant. Les japonnais ont été humiliés, mais ils ont compris que s’ils voulaient s’en sortir, ils se devaient d’avaler la pilule. Et c’est ce qu’ils ont fait, au point de devenir en moins de cinquante ans, la principale marine de guerre, qui allait humilier la marine russe en 1905. Et quelle humiliation! Ce qui marqua, le début de la fin de des Romanov. Mais, le plus bel exemple, ce fut celui de la Chine vers 1840, alors que l’Empire Britannique leurs imposèrent le commerce de l’opium, ce qui provoqua une grande humiliation, que les chinois n’ont jamais oublié et qui pendant un siècle installa à demeure, la pauvreté, l’indigence, et la ruine. Dans l’histoire de l’humanité, ce fut sans doute une des plus grande humiliation connue. C’est à dessein que Maalouf, dans son livre : Le Labyrinthe des égarés, puise à cette source de l’humiliation. Ce n’est ni trop, ni pas assez. C’est la juste mesure de ce que peut produire l’humiliation, sans oublier que celui qui fut humilié, humiliera les siens, les entraînera dans des aventures regrettables, provoquera des crises et des guerres. Tous ces faits, qui ont débuté par des actes d’humiliations, Maalouf s’en sert pour étayer sa démonstration. Peut-être, pour une des rares fois, le Secrétaire de l’Académie Française se lance dans les événements contemporains pour souligner l’état des lieux, expliquer de quoi il en retourne, et il se livre à cet exercice sans retenue afin de comprendre ce qui se produit. J’ai remarqué qu’au cours des interviews qu’il a donné sur certain médias français, les gens autour de la table, l’écoutaient avec la plus grande attention, même avec un respect qu’on ne voit plus souvent, personne ne l’a interrompu. Ce qui signifie, que Maalouf a une certaine notoriété, tellement que s’en est touchant. J’ai aimé ses propos, lorsqu’il a répondu à une question touchant l’Académie : est-ce que l’Académie doit débattre de question politique? Il a répondu très humblement, que présentement, nous avions besoin de ces espaces pour réfléchir calmement. Je dirais : sortir de cette torpeur énervante, afin de savoir comment on va bouger la prochaine pièce! Et si on la bouge dans telle ou telle direction, quel en sera le résultat? Pour une fois quelqu’un pense à l’avenir, ce qui est rare dans cette époque d’énergumènes qui se comportent comme des poules que l’on vient de décapiter. Vous avez déjà vu une poule qui vole, sans doute le plus long vol de son existence de poule, le tout, sans tête? Le monde présentement ressemble à cette poule, et je n’en ferai pas un bouillon. Cette fois-ci, Maalouf dépasse son malheureux Levant, (ce que j’aime ce mot), pour souligner nos actes passés pas toujours glorieux, à l’exemple de ce qui s’est passé jadis dans cet endroit au nom étrange, Picpus, mais aussi, ce qui se déroule devant nous autant en Ukraine qu’en Israël. Impossible de fermer les yeux, de croiser les bras, et de présenter son dos, comme si seulement l’indifférence pouvait nous sauver. Ce qui est à venir dépend de vous et de moi. Jamais Shakespeare n’a dit aussi bien!

Bonne fin de nuit Carmilla

Richard St-Laurent

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Richard,

Effectivement ! Français, Britanniques et Américains ont complétement oublié qu'ils ont mené en Chine deux guerres aberrantes de l'opium et mis à sac le Palais d'été (une foule d'objets d'Art chinois se sont retrouvés dans les magasins d'Antiquités parisiens). Et il ne faut pas oublier que les Russes se sont servis au passage en obtenant la cession de Vladivostok.

Et puis, il y a eu la guerre des Boxers ou guerre des ambassades au début du 20ème siècle qui a coalisé 8 grandes puissances contre la Chine.

De ces événements, très peu d'Occidentaux ont aujourd'hui connaissance.

Mais les dirigeants chinois ne cessent, quant à eux, de les ruminer et c'est le principal motif invoqué de leur rejet de l'Occident. Pour eux, on est toujours au 19 ème siècle.

Et c'est pareil pour Poutine. Il ne cesse de ressasser que l'Occident a voulu humilier la Russie au cours de ces dernières décennies. Mais là, c'est de la pure mégalomanie. Il aurait voulu, en fait, que la Russie continue d'être considérée comme la seconde grande puissance mondiale, à l'égal des Etats-Unis. Prétention ridicule quand on connaît le niveau de l'économie russe dont le PIB est à peu près celui de l'Espagne. La Russie, ça n'est, en fait, qu'une grande station à essence.

Mais voilà ! Tous ces petits roitelets qui se sentent humiliés, ça devient très inquiétant. Que l'Occident soit parfois coupable, sans doute. Qu'il soit responsable de tous les maux et même des affaires intérieures des pays concernés, non !

Bien à vous,

Carmilla

Richard a dit…

Bonjour Carmilla

Tout ce que vous évoquez dans votre dernier commentaire, est évoqué dans l’ouvrage de Maalouf, et sans doute, dans un perspective inquiétante, mais pas catastrophique. J’ai retenu cette citation qui m’a impressionnée dès la première lecture :

« Les plus redoutables adversaires de Washington auraient-ils décidé d’engager ensemble, dès à présent, le combat décisif? Et la guerre d’Ukraine serait-elle, dans cette perspective, le commencement d’un (coup de force planétaire), visant à (détrôner) la superpuissance régnante? »
Amin Maalouf
Le Labyrinthe des égarés
Page 427

Qui sont présentement les gros méchants au niveau international? Bien sûr, les américains et les canadiens. Pour notre part au Canada, nous avons présentement des relations diplomatiques très mauvaises avec La Chine et encore plus avec l’Inde. Le paradoxe au coeur de cette haine, c’est que tout ce beau monde veut émigrer au Canada, émigrer chez ces (diables d’étrangers). D’une part, on crache sur le Canada, et d’autre part on désire s’établir ici! Il en va de même pour les USA. Le tout sur un désir d’envie.

Cette guerre en Ukraine dépasse peut-être largement la seule défense d’un territoire et la sécurité de son peuple. S’ajoute soudainement ce qui se déroule en Israël, comme par hasard. Étrange hasard, parce que cette agression a été bien préparée autant au niveau logistique, que dans le temps. Maintenant, à qui le tour? La prochaine victime? Il y a de quoi méditer les questions de Maalouf.

« Ce qui est profondément désolant, c’est cet affrontement planétaire vers lequel nous marchons comme des somnambules est constamment présenté comme une vision (réaliste) de l’avenir, tandis que ceux qui voudraient l’empêcher apparaissent comme des rêveurs naïfs. »
Amin Maalouf
Le Labyrinthe des égarés
Page 418

Mais, c’est quoi cette paralysie mentale et physique qui nous affecte? Allons-nous nous retrouver seul à défendre l’État de Droit, la démocratie, la liberté, allons-nous capituler avant le temps? Il se pourrait bien que notre charmante quiétude que l’on croit éternellement acquise, soit détruite. Ne serait-elle pas dans le genre de l’humiliation?

Encore une fois, ces gens-là, ont été clairs sur leurs intentions, autant les russes envers le Ukrainiens, autant le Hezbollah que le Hamas, avec le soutient de l’Iran, pour n’en nommer quelques uns, que leurs buts étaient l’extermination des Ukrainiens, tout comme des Israéliens. Oui, oui, nous avons très bien entendu, car la surdité volontaire ici, n’est pas de mise.

Richard a dit…

«  Ma seconde observation, qui découle de la précédente, et qui donne aussi les (clefs) pour comprendre l’absurdité de la situation, c’est notre incapacité à faire face, de manière adéquate, à un risque de cette ampleur, découle de notre incapacité à gérer ensemble, de manière responsable, les affaires de notre planète – fût-ce pour en empêcher l’anéantissement. Car notre réponse à de tels défis exige de chacun d’entre nous des sacrifices. »
Amin Maalouf
Le Labyrinthe des égarés.
Page 413

Je sais, j’ai évoqué souvent ce mot, que plusieurs détestent, et qui passe bien en avant de l’expression : humiliation, parce que nous nous retrouvons devant le sacrifice qui ne va pas nous manquer de nous tomber dessus. Vaut-il mieux choisir son sacrifice, qu’être choisi par lui? En 2023, tout au cours de cette année, les nouvelles ont été mauvaises, sur tout les continents, autant en Europe qu’en Afrique, autant en Asie qu’en Amérique. Tout va de travers, et je m’étonne chaque matin lorsque j’ouvre les yeux, d’être vivant. Lorsque ce n’était pas les feux de forêts, c’était les inondations, les tempêtes destructrices, vous venez d’en vivre un épisode en France, s’ajoute les mauvaises récoltes, plus deux guerres, du moins pour l’instant. Comment ne pas souscrire aux propos de Maalouf : (de notre incapacité à gérer ensemble, de manière responsable)? Je sais, le mot (sacrifice) n’a jamais été populaire. Le sacrifice en général n’est jamais facile. Comment négocier avec la Russie, l’Iran, le Hezbollah, et le Hamas, sans oublier La Chine et l’Inde et une quarantaine de pays en Afrique? Savent-ils ce qu’ils désirent? Qu’est-ce qu’ils ont à proposer? Pourquoi ne dépassent-ils pas leur idéologie de l’agression? Pourquoi cette peur de chien enragé? Ces interceptions dans les eaux internationales d’avions d’observations? Jeux dangereux en autre, surtout lorsque tu es capable de lire sur les missiles sous les ailes de l’intercepteur ce qui est écrit. Ce n’est plus du vol en formation, c’est la provocation de l’abordage. À quel jeu joue l’intercepteur? Tout ce que nous avons entendu au cours de cette année 2023, c’est de la provocation.

Maalouf fait le tour historique de comment sortons-nous de l’humiliation, pour se transformer en agresseur? Ces quatre chapitres qui touchent les destins, du Japon, de la Russie, de la Chine et des USA, est une brillante démonstration historique de l’évolution humaine, d’être passé des progrès jusqu’à se transformer en parfait salauds. Ce qui est intéressant à ce sujet, c’est qu’ils sont tous parvenus aux mêmes résultats, par des évolutions différentes.

« Lorsqu’on se penche sur le parcours de pays aussi différents que le Japon, la Russie, la Chine et les États-Unis, on est naturellement amené à se demander pourquoi l’un ou l’autre d’entre eux a pu, à certains moments (perdre la tête), et compromettre ainsi le bénéfice des réalisations qu’il avait su accompli. »
Amin Maalouf
Le Labyrinthe des égarés
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Bonne fin de journée Carmilla

Richard St-Laurent

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Richard,

Ce qui est inquiétant, c'est que le camp des dictatures (Chine, Russie, Iran), a de plus en plus de sympathisants dans les "pays autoritaires" (Turquie, Inde, Hongrie). Son attraction s'étend même à l'Afrique et à l'Amérique Latine.

Et même en Europe (et notamment en France), il y a un fort recul de l'esprit démocratique avec la menace de gouvernements populistes. Et que dire de la menace d'un retour de Trump aux USA ?

L'Occident et ses valeurs démocratiques, ça devient un épouvantail, un repoussoir. C'est au point que la pauvre Ukraine, tout de même odieusement agressée, est maintenant rangée dans le camp des "affreux", des oppresseurs colonialistes.

Que dire d'Israël qui est tout de même le seul Etat démocratique du Moyen-Orient (en dépit des graves dérives Netanyahou)? En Europe même, on est plus prompts à soutenir le Hamas qui en nie le simple droit à l'existence. On ne s'interroge d'ailleurs même pas sur "l'identité palestinienne". Personnellement, oserais-je dire que je n'ai toujours pas compris?

La réalité, c'est qu'on aime de moins en moins la démocratie. Sans doute parce qu'elle est mouvement, remise en cause, perpétuels. Ca touche même l'évolution des moeurs et je remarque que c'est l'un des premiers motifs de rejet de l'Occident: on serait pervers et décadents, on voudrait bouleverser toutes les relations familiales et sexuelles, façonner des sociétés composées d'individus tous LGBT, uniquement préoccupés de plaisir.

Le grand paradoxe, c'est néanmoins (comme vous le soulignez bien) que si l'on nous déteste, le grand rêve, ça demeure néanmoins de visiter cet Occident honni et même de s'y installer. Les Russes, les Chinois, les Turcs, les Africains, les Arabes, ne rêvent certainement pas de visiter l'Iran ou la Corée du Nord. Ils préfèrent sans hésitation Paris, Berlin, New-York.

Tout n'est peut-être donc pas perdu. Il ne faut pas, en particulier, désespérer de voir un effondrement du régime iranien ou la chute d'Erdogan.

Bien à vous,

Carmilla

Richard a dit…

Bonjour Carmilla

Heureusement qu’il y a les livres, que les idées circulent encore, que des types du genre Maalouf existent, et il n’est pas seul, que nous pouvons débattre, même si les événements présentement nous donne tort, que l’horizon se bouche. Il ne faut pas perdre ni renoncer à nos espérances et aucunement à nos principes. Jamais je n’aurais pensé revenir à une époque de conservatisme grossier, de dictatures aveugles, de soumissions volontaires, d’aveuglements arbitraires. Les despotes sont de retour. Je pensais qu’on avait fait le ménage. Ce que j’ai le plus de mal à comprendre, et les exemples dans l’Histoire ne manquent pas : Pourquoi les humains ont besoin de soumettent à des tyrans? Pourquoi faut-il se prosterner, s’agenouiller, adorer son tortionnaire? Pourquoi faut-il tous lever le même bras en même temps? Je pensais qu’on avait dépassé ce stage primitif. Faut croire que je me suis trompé. Résultat, nous serons encore pris pour faire le ménage. Ici au Canada, nous ne sommes pas mieux logés, celui qui apportait des beignes aux camionneurs lord de l’occupation d’Ottawa, risque de devenir Premier Ministre s’il y avait des élections présentement. Tout porte à croire que les libéraux seront battu au prochain scrutin. Pierre Poilievre, (que je surnomme Poils-de-Lièvre), est d’ascendance conservatrice libertarienne, plus conservateur que cela tu meurs! Sans oublier qu’il a des atomes crochues avec Trump, qui risque de revenir au pouvoir même s’il est condamné suite à ses nombreux procès. Cela fera le premier prisonnier Président des USA! Ce n’est plus de la politique, c’est d’un ridicule consommé. De là à comprendre l’appétit de tous les pays ennemi des USA, qui souhaitent ardemment la réélection de Trump. De là à penser, que nous entrons peut-être dans une nouvel ère, comme l’écrivait Maalouf, le pas est vite franchi. Nous sommes présentement à une année, de l’élection présidentielle américaine; mais il peut survenir bien des événements au cours de cette année. Il y a peut-être quelqu’un, quelque part, qui va s’énerver avant le temps? Les événements se bousculent, l’incertitude s’impose, le doute se cristallise, les dés sont loin d’être jetés. Amin Maalouf ne manque pas de le souligner dès la première phrase du Labyrinthe des égarés : « L’humanité connaît aujourd’hui l’une des périodes les plus périlleuses de son histoire. » Nous serions entrés dans cet état dès les premiers jours de la guerre en Ukraine. Le tout précédé par une pandémie, un peu beaucoup de folies, des rumeurs en passant par des fausses nouvelles, et l’appétit inextinguible de liquider des populations. Retour à la case départ, l’humanité a déjà connu cela! Bravo monsieur le monde. Maintenant, c’est de savoir comment nous allons sortir de ce bourbier? Et je vous averti d’avance, la soumission n’est pas une solution. Il ne peut pas y avoir de compromis, seulement des solutions, même si nous devons utilisé la force. Dommage je n’ai pas l’âme de Dominique de Villepin! Je ne suis pas de cette nature. Je déteste tergiverser. Lorsque je constate tous ces événements, je me demande si l’humanité mérite d’exister. Pourquoi autant de souffrances, pour seulement souffrir? Cette terre est belle, dommage que ceux qui l’habitent soient aussi laids! J’abonderais à votre conclusion Carmilla, oui effectivement tout n’est pas perdu, parce que nous avons encore le choix de perdre, ou de gagner, tout va dépendre de chacun d’entre nous!

Bonne fin de journée Carmilla
Richard St-Laurent

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Richard,

L'Histoire demeure, quand même, en partie imprévisible. Ou plutôt, elle ne tient parfois qu'à un fil.

Les dictatures semblent avoir le vent en poupe mais, au cours de ces derniers mois, il s'en est fallu de peu qu'Erdogan, Khameney et Poutine (coup d'Etat de Prigojine) ne disparaissent de la scène internationale. L'ordre du monde s'en serait trouvé profondément modifié.

L'Iran fiche une grande pagaille en ce moment mais j'espère vivement que Khameney (84 ans et cancéreux) va, enfin, se décider à mourir. A partir de là, de grands changements devraient intervenir dans le pays et dans tout le Moyen-Orient.

Mais c'est vrai aussi que, même dans les pays démocratiques, les populations n'aiment pas trop la démocratie. Se développe une inquiétante quête d'ordre et de stabilité. Et puis surgissent de multiples petites haines et jalousies. Des riches, on se met à en voir partout et ça commence par son voisin. Enfin, il y a les questions de l'immigration et de l'évolution des moeurs. On idéalise l'ancienne France rurale que l'on pare de toutes les vertus et on rêve d'un Etat qui nous prendrait tous et intégralement en charge sans contrepartie de travail. C'est évidemment inquiétant.

Mais je continue néanmoins de croire que la Raison et la démocratie sont les moteurs de l'Histoire,

Bien à vous,

Carmilla