samedi 6 janvier 2024

Egalité/Emancipation

 

Ca fait, chaque fin d'année, les gros tirages de la presse économique: le Palmarès des grandes fortunes en France et dans le monde. Ca excite à peu près tout le monde, y compris, et peut-être surtout, les plus allergiques à "la Finance".



Ca permet de se défouler en crachant son mépris. Et il est vrai qu'en France, on est bien placés en la matière puisqu'avec Bernard Arnault (LVMH) et Françoise Bettencourt-Meyers (L'Oréal), on hébergerait, en fonction des fluctuations des cours de Bourse, l'homme et la femme les plus riches du monde. 


On se dit alors qu'on a vraiment un Gouvernement d'incapables ou plutôt de complices du Grand Capital.  Il est vraiment scandaleux qu'on laisse prospérer ces crapules, ces vampires. Il suffirait qu'on les fasse payer pour soulager la misère du peuple. Une France sans milliardaires, c'est un joli fantasme : celui d'un plus grand bien-être mécaniquement assuré pour "les classes populaires".


Dans toutes les conversations de bistrot, il y a, aujourd'hui, un consensus général à ce sujet: les inégalités sont devenues folles et elles ne cessent de s'accroître. On parle des 1% de très riches qui s'accapareraient une part considérable du gâteau de la richesse mondiale tandis que le niveau de vie des classes laborieuses s'effriterait sans cesse. Les inégalités, il faudrait donc se dépêcher de les corriger en créant un super impôt sur les riches. Qu'ils passent à la caisse, ce ne sera que justice et ça permettra de développer une grande politique sociale. 


C'est au point que cette analyse semble définitivement ancrée dans l'esprit du temps et particulièrement en France. Et d'ailleurs, n'avons-nous pas un grand économiste, Thomas Piketty, devenu célèbre en pointant l'enrichissement colossal des privilégiés outre-atlantique au détriment, bien sûr, des classes pauvres et moyennes ? Tant pis si cette thèse est aujourd'hui formellement contestée par deux spécialistes du Trésor américain (David Splinter et Gerald Auten) qui aboutissent à des conclusions exactement inverses.


C'est la force des idées reçues. Nul doute que si Gustave Flaubert actualisait, aujourd'hui, son fameux Dictionnaire, il ajouterait un article "Inégalités" avec comme commentaire : "s'indigner, tonner contre". 


Il ne sert à peu près à rien de chercher à discuter du sujet, ni d'argumenter un peu. On risque, à chaque fois, de se faire assassiner.

Pourtant, il est évident qu'on se plaît à entretenir la plus grande confusion possible sur ce sujet des riches et de la richesse.


D'abord, on mélange tout, les choux et les carottes, quand il s'agit de définir la richesse. On ne sait pas si on parle des revenus, du patrimoine, des biens personnels ou des parts de propriété d'une entreprise. Beaucoup d'agriculteurs  ou de propriétaires d'un appartement parisien rentrent ainsi automatiquement dans la catégorie des riches en France mais il n'ont pas forcément un niveau de vie en rapport. 


On oublie surtout que les grandes fortunes sont surtout constituées d'actions cotées en Bourse. De ce fait, les très riches ne le sont que de manière purement virtuelle. Et d'ailleurs, le palmarès des grandes fortunes évolue chaque année, avec des ascensions fulgurantes et des revers impressionnants. Les très riches n'ont donc pas sur leur compte en banque l'argent faramineux qu'on leur attribue et ils seraient donc bien embêtés si on leur demandait de s'acquitter d'un super impôt. Ils devraient procéder à des ventes massives d'actions, ce qui provoquerait un joli krach boursier et mettrait fin à leur croissance externe.  


On hurle également contre les dividendes dont se "goinfreraient" les actionnaires. D'abord, les dividendes, ça n'est pas les montants que l'on imagine et surtout ce n'est pas la préoccupation première de l'actionnaire (le souci, c'est d'abord le cours de Bourse). Et enfin, il n'est pas sûr que l'argent des dividendes, s'il était transféré à l'Etat à des fins publiques, ne serait pas non plus gaspillé dans des mesures inefficaces.
 

Mais la passion de l'égalité balaie aujourd'hui toute considération rationnelle. Il est d'abord impossible de faire entendre que la pauvreté et les inégalités ont sensiblement reculé, dans l'ensemble du monde, au cours de ces trois dernières décennies. Un grand progrès porté par des économies largement capitalistes.



Cela vaut, bien sûr, aussi pour la France. Même si on y vit dans un paradoxe total. Toutes les études internationales (que l'on se garde bien sûr d'évoquer) soulignent que la part des dépenses publiques et de redistribution y est la plus forte de tous les pays de l'O.C.D.E. (avant même les pays scandinaves) et que la France est l'un des pays les plus égalitaires au monde. Malgré cela, les Français sont, à peu près, tous convaincus qu'ils vivent dans un Enfer ultra libéral faisant la part belle aux riches. Et l'aspiration majoritairement exprimée aujourd'hui, c'est encore davantage d'Etat et de protection publique.


Comment comprendre cette passion, cette surenchère, égalitaire ?

Peut-être que depuis un peu plus de deux siècles ( la Révolution française et la révolution industrielle en fait), l'évolution économique du monde est tiraillée entre une aspiration égalitaire d'une part, et une aspiration émancipatrice d'autre part. La France, elle a clairement choisi la première aspiration, l'égalitaire,  même si ça s'effectue au prix d'une contraction de son nveau de vie relatif depuis quatre décennies: elle était, par habitant, l'un des pays les plus riches du monde au début des années 80, elle est, à peine, dans la moyenne des pays de l'OCDE aujourd'hui. On préfère, en France, un monde où tout le monde gagne 30 plutôt qu'un monde où les pauvres gagnent 50 et les riches 80.


L'aspiration égalitaire, elle a trouvé son expression la plus achevée dans le marxisme. Je trouve dommage qu'on ait complétement effacé des mémoires ce qu'était la vie quotidienne dans l'ancienne Union Soviétique et ses pays satellites. Je pense, en effet, que l'URSS a bien appliqué les recettes de Marx, n'en a pas détourné les prescriptions. Le résultat, ce fut une effarante médiocrité, la promiscuité imposée, la crasse, la déglingue généralisée. Mais il faut reconnaître que si tout était lamentable, la société soviétique était, néanmoins, très égalitaire. Tout le monde vivait chichement (y compris la nomenklatura) mais il n'y avait donc à peu près personne à envier ou à jalouser. Et puis, en contrepartie de la faiblesse du niveau de vie, on pouvait se permettre de faire simplement semblant de travailler.


C'est pour cela que tous ceux qui prétendent vouloir faire le bonheur du peuple m'inspirent la plus grande méfiance. Heureusement, ce projet social égalitaire n'a pas complétement étouffé une autre aspiration de l'homme qui m'apparaît plus positive. Il s'agit de la volonté émancipatrice, celle qui conduit à se libérer de tout ce qui semble déterminer votre condition: vos origines familiales, votre classe sociale, votre sexe. C'est la volonté de progrès, collectif et individuel, qui a tant inspiré la Révolution française et l'esprit démocratique. Le bonheur, son propre bonheur, c'est à chacun de nous d'aller le chercher.



Pour moi, le véritable moteur de l'Histoire, il est là: non pas dans la passion égalitaire mais dans la volonté émancipatrice, inséparable de l'esprit démocratique.


C'est vraiment le conflit entre deux projets de sociétés très différents: une société égalitaire ou une société émancipatrice.

En gros, l'alternative, c'est Marx ou Tocqueville.


Mais il faut reconnaître que "l'obsession égalitaire" semble l'emporter aujourd'hui. On ne cesse de vouloir redistribuer les profits, encadrer les activités économiques, cela pour corriger les inégalités et, suppose-t-on, les injustices.


Cela semble aller de soi, une démarche évidente. Mais est-ce qu'on ne se trompe pas complétement ? Personne n'ose poser une question dérangeante : est-ce que les inégalités sont forcément injustes ? Peut-être pas toujours et pas obligatoirement, du moins si l'égalité des chances et des droits est, pour tous, préservée.


Ce qui est sûr, c'est qu'à vouloir uniformiser les situations individuelles, à vouloir réduire, à tout prix, les inégalités, on crée de nouvelles injustices. Simple exemple: au nom de l'égalité, tout le monde a maintenant le baccalauréat en France. Mais comme tout le monde l'a, plus personne ne l'a, en fait, et le niveau général de l'éducation nationale est devenu lamentable. Résultat n°1: on a privé d'un enseignement de qualité les classes sociales défavorisées et on a empêché celles-ci d'accéder à une certaine mobilité sociale. Résultat n°2: jamais la reproduction sociale n'a été aussi forte en France.


Autre exemple : tout le monde est, bien sûr , d'accord pour revaloriser, dans un souci d'égalité, les bas salaires. Et tout le monde se félicite quand le Gouvernement décide de donner un coup de pouce au SMIC. Malheureusement, il y a, en économie, "ce que l'on voit et ce que l'on ne voit pas" (Frédéric Bastiat). Ce que l'on voit, c'est une meilleure rémunération des emplois peu qualifiés. Mais ce que l'on ne voit pas et ne dit pas, ce sont les emplois supprimés ou non créés du fait de cette revalorisation. Et aussi l'amertume des cadres moyens qui ont le sentiment d'être déclassés, tirés vers le bas de la fourchette des salaires. Belle ambiance dans les entreprises.


L'égalité est souvent tétanisante, elle préfère souvent figer tout le monde dans un même moule et génère finalement d'autres inégalités encore plus insupportables. Le baccalauréat, la fin des bas salaires et le Paradis pour tous, réclame-t-on aujourd'hui, sauf que le Paradis est minable. C'est la meilleure recette pour créer une société bloquée dans la quelle chacun s'accroche à ses petits privilèges, ses petites rentes de situation. C'est un peu la France d'aujourd'hui.


On a complétement oublié que le véritable esprit démocratique, c'est de favoriser la mobilité sociale, de permettre à chacun de ne pas rester, toute sa vie, assigné à la même place. De sortir de sa condition et, pour cela, de disposer, de la liberté d'apprendre, d'entreprendre et de réussir. C'est l'esprit de la méritocratie républicaine, valeur honnie aujourd'hui mais qui n'est pas forcément injuste si, au départ, égalité des chances et des droits sont bien assurées. C'est d'abord en étant libres que les citoyens deviennent tous égaux.


On dit qu'aux Etats-Unis, pays de fortes inégalités, un clochard est considéré comme un millionnaire potentiel. En France, pays très égalitaire, un clochard est, paradoxalement, considéré comme un destin potentiel pour quelqu'un de la classe moyenne. C'est évidemment excessif dans les deux cas, mais ça donne matière à de multiples réflexions.


Tableaux de Georg SCHOLZ, George GROSZ, Albert BIRKLE, Rudolf SCHLICHTER, Jake BADDELEY, Lesser URY, Leon ZEITLIN.

Les trois premières images sont issues de la trilogie ("Bleu-Liberté", "Blanc-Egalité", "Rouge-Fraternité") du cinéaste polonais Krzysztof Kieslowski. 

Un post qui correspond à ma vision "libérale" de l'économie. Je l'assume parce que je pense qu'on crève, en France, du poids des idées reçues et du refus de dialoguer. On vous qualifie ainsi immédiatement d'ultra-libéral et d'oppresseur du peuple. le libéralisme, c'est pourtant un courant de pensée important dont les figues majeures sont: David Ricardo, Frédéric Bastiat, Jacques Rueff, Paul Fabra, Jean Tirolle, Jean-Marc Daniel.

Si vous parvenez à le trouver, lisez le bouquin de Frédéric Bastiat: "Ce qu'on voit et ce qu'on ne voit pas - Choix de sophismes et de pamphlets économiques". C'est drôle et féroce. Frédéric Bastiat est oublié en France mais est considéré, aux Etats-Unis, comme un penseur important.

Je ne lis pas que de la littérature mais aussi de l'économie politique et j'ai, ainsi, bien aimé parmi les publications récentes: 

- Sophie Vanden Abeele-Marchal: "Tocqueville". La biographie d'un des grands esprits modernes.

- Erwan Le NOAN: « L’Obsession égalitaire. Comment la lutte contre les inégalités produit l’injustice ». Un bouquin qui décoiffe vraiment en offrant un autre regard sur les injustices. Les politiques conduites ont souvent des effets exactement inverses aux buts recherchés. De quoi faire hurler les bien-pensants mais Erwan le Noan se réclame, avec à propos, de l'esprit des Lumières.

- Jacques MISTRAL: "Economie et Politique en France - de la Gaule romaine à 1789". C'est le 1er tome d'une histoire économique de la France. Ca se révèle une brillante synthèse qui donne des explications convaincantes aux grandes évolutions économiques de la France.

- Nicolas DUFRENE: "La dette au XXI ème siècle - Comment s'en libérer". Un bouquin sans doute complexe et technique et dont je ne partage pas les préconisations. Mais je reconnais qu'il sait décrire et analyser avec clarté les grands mécanismes financiers, notamment ceux de la création monétaire.

- Charles SERFATY: "Histoire économique de la France - De la Gaule à nos jours". C'est sorti seulement hier. Je ne l'ai donc que parcouru mais je tenais à le signaler. Ca m'apparaît un bouquin tout à fait extraordinaire, plein d'idées neuves et solidement étayé sur le plan économique. Rien à voir avec du Emmanuel Todd. A lire absolument même si l'on n'est pas féru d'économie. Curieusement, ça complète bien le livre de Jacques Mistral. 





19 commentaires:

Richard a dit…

Bonjour Carmilla
Il appert, qu’il n’y a pas une nation au monde, qui parle autant d’égalité que La France, sujet récurrent qui tourne à l’obsession. Faut lire dans Le Monde Diplomatique du mois de janvier 2024 sur : L’élection américaine de tous les dangers, excellent texte de Julien Brygo sur les primaires en Caroline du Sud, les inégalités sont abyssales, et pourtant ce n’est pas le coeur du débat. On retrouve un texte semblable qui pose la question : La Russie est-elle impérialiste? Une brillante analyse de Lilya Chavaga, où il n’est certes pas question d’égalité. Sans oublier : Lusaka, plaque tournante des migrations par Paul Boyer et Rémi Carton, qui dressent une portrait sur les migrations intérieures en Afrique dans la perfection des inégalités. Difficile de s’y retrouver dans ce fouillis, où le mot égalité semble effacé des dictionnaires. Et puis en pleine page centrale avec des graphiques qui devraient faire saliver d’envie Thomas Piketty : La guerre en Ukraine, un grand accélérateur de l’armement mondial par Philippe Leymarie. Là on se retrouve en pleine compétition, où La France entre 2017 et 2022 se retrouve au troisième rang des dix plus gros vendeurs derrière La Russie et les États-Unis. Nous pouvons nous demander de quoi La France se lamente? J’aime bien les analyses du Monde Diplomatique, qui remet nos perspectives d’économies politiques dans une franche réalité, de quoi faire trébucher les médias sensationnalistes. Un autre constat nous contraint à revoir nos affirmations tonitruantes. L’Europe accueille 17% des réfugiés dans le monde, de ces 17%, La France en accueille 1.7%. Dites-moi Carmilla est-ce que le Comité Constitutionnel a commencé la révision de la dernière mouture de la loi sur l’immigration, adopté par l’Assemblée Nationale? S’il y a des clauses inconstitutionnelles, ils ont le pouvoir de sortir les ciseaux. Ce qui risque de toucher de plein fouet cette question de l’inégalité. Macron ne s’est pas caché, il l’a répété à plusieurs reprises, que c’est une loi de compromis, et madame Borne en a remis sur feu, il y aurait des articles inconstitutionnels. Les rues de Paris et autres villes ne se sont pas remplis de contestataire! Les propos de certains commentateurs laissent pantois, que La France comme bien d’autres pays ont besoin de ces travailleurs afin d’occuper des besognes que ne veulent pas occuper les français, même situation pour les mexicains qui tentent d’entrer aux USA, parce qu’ils sont incapables de vivre chez eux, ou encore pire d’assurer leur sécurité. Ce qui implique des faibles salaires, des conditions de travail insoutenable, où on retrouve des médecins qui sont réduits à faire le taxis, et des pharmaciens réduits à laver de la vaisselle. Ce qui oblige, nos sociétés à entretenir une inégalité latente, manière de cacher l’inavouable! Remarquez que je n’ai rien contre les riches, j’en ai assez transportés dans ma vie pour voir ce qu’il en retournait; mais j’en ai contre nos sociétés qui non seulement ferment les yeux sur des injustices qui risquent de nous sauter au visage.

D’autre part, j’ai commandé : Notre vagabonde liberté par Gaspard Koenig, qui devrait arriver sous peu, et je me suis procurer la dernière publication de Siri Hustvedt intitulée : Mère, père et autres. Dense, lucide, et passionnant entre le récit et l’essai, ce qui traite des sujets que vous avez souvent abordé Carmilla, la famille, les conflits entre ses membres, les préjugés humains, l’immigration, la vie américaine plus universelle qu’on le croît, qui finissent dans des relations de pouvoirs scabreux qui débouchent sur la psychologie. J’ai eu bien du mal à me détacher de ma lecture hier soir! Je vais y revenir...

Bonne fin de journée Carmilla

Richard St-Laurent

Ariane a dit…

Bonjour Carmilla.
Je n'aurai qu'un mot, bravo !
Je partage tout ce que vous avez écrit, c'est exactement ma vision des choses.
Mais comme d'ailleurs vous le dites, il est souvent difficile d'en faire part aux autres, tant est constante cette manie de raconter que nous vivons en France une époque où "on meurt de faim", que les riches nous prennent tout etc...

Et j'ai comme Richard eu la bonne idée d'acheter "Notre vagabonde liberté" de Gaspard Koenig et j'ai beaucoup aimé cet ouvrage, empli de notations très intelligentes et qui se veut un "remake" du voyage de Montaigne en Italie que j'avais adoré !

Merci encore pour vos billets, Carmilla !
Ariane.

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Ariane,

J'avoue que c'est plutôt éprouvant de suivre les informations françaises, à la radio ou à la télévision. Ce n'est qu'une longue complainte misérabiliste qui devient vite déprimante. On a en effet l'impression qu'il n'y a que des gens mourant de faim en ce pays. Pourtant je crois que Sylvain Tesson n'avait pas tort quand il écrivait que "la France est un Paradis peuplé de gens qui se croient en Enfer".

Dans un tel contexte, comment s'étonner que les Français soient tentés par des partis démagogues et populistes ?

On déteste le PDG de LVMH, Bernard Arnault. Mais on n'imagine pas son prestige extraordinaire à l'étranger et l'image positive qu'il donne de la France: celle d'un pays artiste, chic et de bon goût. C'est tout de même valorisant et ça fait, effectivement, davantage rêver que nos 35 heures.

Quand au bouquin de Gaspard Koenig, c'est vraiment une lecture tonifiante. On a envie de faire le même voyage en en reprenant l'itinéraire. Sans cheval toutefois parce que ça doit être un énorme souci.

Bien à vous,

Carmilla

Richard a dit…

Bonjour Carmilla

Lire c’est aussi lire ceux qui n’ont pas les mêmes opinions que nous, qui ont une autre vue sur le monde, qui ne pensent pas dans le moule, qui sortent souvent des chemins battus. C’est ce que m’apporte Le Monde Diplomatique, une autre vision du monde, avec ses journalistes pigistes, ses analystes internationaux, des personnes inconnus en Amérique. Une manière d’être au-dessus de la mêlée. Ce qui dans l’univers des médias devient de plus en plus rares. Une analyse sur le réarmement aussi étoffée c’est rare présentement. J’ignore si cela se fait encore, mais voilà plusieurs année, Le Monde Diplomatique, publiait à la fin de chaque année un bouquin qui s’intitulait : L’État du Monde, où tu pouvais te faire une idée des états démocratiques et des États non démocratiques. C’était une mine de renseignements qui nous procurait des informations claires sur l’état du monde. Même les chercheurs sérieux y faisaient référence. Il appert, que lorsqu’on ouvre un journal, cela ne signifie pas que l’on soit d’accord avec tous ce qui s’écrient dans ses pages. Des fois, il faut se boucher le nez, mais on n’a pas le droit de fermer les yeux comme pour entretenir notre indifférence, voir notre haine. À ce que sache en Europe personne n’a ou ne fait état des migrations internes en Afrique. Pourtant c’est un sujet important, vous en avez des retombés en Europe. Qui pourrait situé Lusaka en Afrique, et la Zambie vous connaissez? C’est au sud de La République Démocratique du Congo, en plein centre de ce continent, qui est en train de gérer un trafique insensée de personnes apatrides. En toile de fond, ces situations insoutenables, favorisent les russes et les chinois qui tentent d’imposer leur domination. Et, il faudrait se surprendre? Qui peut mettre fin à ce climat d’anarchie qui prévaut présentement en Afrique? Certainement pas L’Europe ou les États-Unis. Partout où les occidentaux reculent, les russes et les chinois avancent leurs pions. Vous l’avez légèrement évoqué dernièrement dans vos commentaires au sujet du Brics. Ce sujet touche directement le commerce des armes. Autre sujet dont nous ne pouvons pas ignorer. C’est qui, qui vend quoi à qui? Il ne serait pas surprenant un jour que des soldats français se retrouvent devant des ennemies doté d’armes françaises. L’argent n’a pas d’odeur et le commerce prime au niveau international sur l’État de Droit! Voilà d’excellentes raisons de s’intéresser à la situation politique et économique dans le monde. Véritablement, nous n’en savons jamais assez. Il faut lire ses alliés pour se réconforter et lire ses ennemis pour essayer de les comprendre. Nous retrouvons une grande inégalité dans l’information. Une fois désossé les médias spectacles, qui cachent plus qu’ils n’informent, il ne reste presque plus de viande. Et, c’est la viande qui compte!

Richard a dit…

La justice de l’inégalité, ou l’inégalité de la justice?


Nous en avons tous connus de ces personnes compétentes, qui avaient travaillé d’arrache-pied pour parvenir proche du pouvoir, ou encore occuper un poste de responsabilité intéressant, qui ont été torpillés par des moins que rien. C’est à la fois une injustice et d’autre part, une inégalité. Comment ne pas évoquer ce cher Blondinet de Washington, tout le monde aura compris que je parle de Trump. Autrement dit n’importe quel imbécile peut devenir Président des États-Unis. Est-ce une injustice, ou bien en pire, une inégalité justifiée? Je pourrais évoquer un certain Elon Musk. Il est consternant que les quatre plus grandes puissances mondiales sont et restent des foyers d’inégalités. Ce que nous allons vivre cette année c’est comme le titre de ce texte : L’élection américaine de tous les dangers. On en parle pas ici des petites inégalités sur le coin d’une rue à Paris. Les électeurs pourraient nous en raconter des bonnes sur ce sujet, mais ils sont trop pris à arracher leur vie, pas la gagner, je dis l’arracher. Ça sent le vieux fond calvinisme à plein nez. Nous sommes en pleine méritocratie ici. Je suis bien placé pour le constater, nous les canadiens nous sommes leurs voisins nordiques. Nos québécois qui descendent en Floride pour se faire griller le bedon en hiver, sont bien placés pour le constater. Les nègres qui habitent des cabanes dans les campagnes sans solage, sans isolation, des fois sans eau courante, ne sont pas les égaux des gens de Wall Street. Pas besoin d’avoir lu Piketty pour constater. Certes ce n’est pas la meilleure image de l’Amérique, et nos québécois se dépêchent de traverser ses états rapidement, afin de ne pas voir cette honte de l’humanité. N’oublions pas que les États-Unis sont le pays de la méritocratie par excellence. Je ne suis pas surpris qu’une certaine portion du Partie Républicain admire le cousin Vladimir, idéologiquement ils ne sont jamais très éloigné. Peut-on affirmer que les oligarques russes qui vadrouillent au travers le monde sur leurs yachts, sont le fruit de la méritocratie tant vanté par Poutine? Nous pourrions nous étirer sur une autre pays qui commercent allègrement avec Moscou : l’Inde, où les inégalités sont flagrantes. Nous pouvons comprendre que vous vous êtes retrouvés avec 300 ressortissants indiens sur un tarmac d’aéroport. Ça c’est ceux qui avaient le moyen de fuir l’Inde et ses inégalités. En Chine ont n’a pas ces moyens-là, on ne peut pas partir, immigrer, fuir l’inégalité. Les voilà les quatre grands pays de la méritocratie! Comment ne pas trouver ses situations désolantes et les déplorer?

Richard a dit…

Ce que je dénonce…

Ce que je dénonce ce n’est pas seulement l’inégalité, c’est l’injustice, oui Napoléon a institutionnalisé la méritocratie, mais il avait aussi ses favoris autour de lui. Il n’y échappait pas, il traînait son lot de corrompus. Souvent c’était lourd à porter. Traité les riches en coupables cela n’aboutit à rien. N’empêche que j’ai vécu une certaine époque que je transportais ce genre de clientèle. J’y retrouvais de tout, des gens biens qui s’étaient hissés comme on disait, par la force des poignets. D’autre qui étaient nés avec une petites cuillères en argent dans le bec. Et d’autres étaient carrément dangereux, voir imbuvables, détestables, pas parlables. Ce n’étaient pas la générosité qui les étouffaient. Je dirais que la majorité, malgré leur vie facile, ne respiraient pas la joie. C’est juste une constatation comme cela en passant, mais qui m’est restée dans la mémoire et que je me suis jamais défait de ce constat. Ceux qui envient de tels personnages sont aussi malheureux. Il n’y a rien à envier à la richesse encore moins aux riches. Je n’ai jamais souffert de me contenter de peu, ce qui m’a permis de célébrer ma liberté. Aussi riches étaient-ils, ces gens-là étaient souvent rongés d’angoisse. Vulnérable ils étaient habités par la peur. En un mot, ils faisaient pitiés. Il n’y avait pas lieu des envier. Puis souvent avec la richesse vient la notoriété, et tout le monde n’est pas fait pour cette chape de plomb, pas plus les riches que les pauvres. Pas besoin de gratter longtemps chez l’humain pour retrouver l’humanité, mais aussi l’animal primitif. D’autre part, j’ai toujours eu l’admiration pour ceux qui sont partis de rien, qui n’avaient pas d’avenir, et qui sont parvenus à faire quelque chose d’intéressant de leur vie. C’est leur histoire qui est intéressante, c’est l’histoire de Siri Hustvedt et de Paul Auster. À 13 ans elle a décidé qu’elle serait écrivaine, elle a travaillé très dure pour y arriver, c’est ce parcours qu’elle raconte en passant par, la neurologie, l’anthropologie, la physique et la psychanalyse, la création littéraire, la vie intime, l’amour, les sentiments. Ce fut un parcours dur mais passionnant, semé de doutes, d’angoisses, de craintes. Un récit qui a tout pour me plaire qui est mélangé à l’essai qui touche de multiples sujets. Ce qui lui a fait écrire : « La lecture est une forme de voyages et les grandes lectrices et grands lecteurs se voient accorder un don tout à fait inhabituel. » Page 88. J’ajouterais que c’est un privilège de pouvoir la lire. Descendante de parents d’origine norvégienne, élevée dans l’état du Minnesota dans une modeste ferme proche de la pauvreté. Pourtant, elle affirme qu’elle ne se sentait pas pauvre, elle avait trop à faire, elle a cru en elle malgré toutes les difficultés. Elle possède une sensibilité hors de l’ordinaire. Ce qui est loin d’être une faiblesse, je dirais même que c’est un atout majeur que j’ai remarqué chez plusieurs femmes auteures, donc nous les hommes sommes dépossédés. Nous n’avons pas cette finesse. Cette manière de sentir, ce doigté pour aborder d’un angle différent, les aléas de la vie. Nous avons intérêt à la lire avec attention. J’attendais ce livre depuis longtemps, il tombe bien en ce début de janvier, entre la glace et la neige. Il y a quelque chose chez elle de Marguerite Yourcenar une autre de mes favorites. Là ou la femme plie, l’homme casse. Je reconnais qu’elle n’est pas toujours facile à lire, rien de facile chez Hustvedt, et sur certains parcours elle est carrément dure.

Bonne fin de journée Carmilla et merci

Richard St-Laurent

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Richard,

Il me semble vous avoir irrité avec mes appréciations sur "Le Monde Diplomatique". Ca n'en vaut pas la peine... Mais il est vrai que je suis allergique à ce canard que ne lisent ni les diplomates ni les lecteurs du "Monde". Aucun de ses rédacteurs n'a d'ailleurs publié un quelconque livre d'intérêt. Ce n'est que de la propagande alter mondialiste puérile avec des soutiens qui font froid dans le dos (Castro, Chavez, Maduro, voire indirectement la Russie, la Chine, la Russie, l'Inde). Et que de dire de ses positions sur Israël qui confinent à l'antisémitisme. Quant à l'Ukraine, elle aurait bien cherché ce qui lui arrive. Donc non, ils ne sortent pas des sentiers battus. Ils empruntent plutôt des chemins nauséabonds.

C'est vrai qu'on peut avoir le sentiment que les démocraties reculent aujourd'hui. C'est vrai que l'actuelle tentative de coalition des dictatures (Russie, Chine, Iran, Inde, Turquie) est inquiétante et que tous ces pays autoritaires prennent pied en Afrique. Mais est-ce que l'évolution est inéluctable et est-ce que la partie est déjà perdue ? Ce n'est pas sûr.

La question à poser, c'est : "Pourquoi nous n'aimons pas les démocraties ?" Sans doute parce qu'elles sont mues par une instabilité permanente qui touche tous les domaines de nos vies, y compris nos relations affectives et sexuelles. Et il est vrai qu'à ce mouvement, cette remise en cause permanente, on préfère parfois la stabilité, l'ordre, la Loi patriarcale.

Je suis personnellement très attachée à cette remise en cause continuelle qui anime l'esprit démocratique. Aucune situation n'est jamais acquise.

C'est aussi pour cette raison qu'entre plusieurs maux, je préfère le système capitaliste. Il n'a certes pas toutes les vertus mais il a une puissance révolutionnaire que n'a, paradoxalement, pas le socialisme (qui cherche plutôt à figer le cours de l'Histoire).

C'est vrai que les Etats-Unis sont le pays de la méritocratie et que cette méritocratie produit aussi des gens franchement antipathiques. Devenir riche, ça peut, bien sûr, rendre oublieux de ses origines et odieux. Dans toute réussite, il y a quand même, aussi, du hasard et de la chance.

Mais les pauvres n'ont pas non plus toutes les vertus (c'est la grande duplicité humaine décrite par Balzac) et il faut bien voir aussi que les Etats-Unis, dont on annonçait le déclin à l'aube des années 80, sont en train de bouleverser, à nouveau, le monde, avec l'informatique puis Internet puis l'intelligence artificielle. Sans les Etats-Unis, on en serait peut-être encore à l'ère du papier, des caisses enregistreuses et des calculatrices mécaniques, de la téléphonie filaire et des machines à écrire.

Et puis les inégalités sont sans doute fortes aux Etats-Unis mais elles ne sont pas figées. La roue peut tourner, le pauvre devenir riche et inversement. Et puis la richesse moyenne par habitant y est, de toute manière, sensiblement supérieure à celle des autres grands pays du monde.

Cela étant, je vous avoue que je n'aimerais pas vivre aux USA. Mais ça, c'est un problème culturel.

Quant à Siri Hustvedt, ben sûr que je l'apprécie.

Ne vous formalisez pas trop de ma franchise. Et puis, ce que j'écris un jour, je ne le réécrirais pas forcément le lendemain.

Bien à vous,

Carmilla

Richard a dit…

Bonjour Carmilla

Irrité non, surpris oui, vous une personne de niveau international, qui soutient des valeurs universelles, qui peut se plonger dans n’importe quel lecture et en tirer profit et ne jamais refuser une source de renseignement, oui, il y a de quoi être surpris. Remarquez que c’est notre problème à nous les occidentaux d’ignorer les étrangers, voire des mépriser, et de se croire supérieur à tous parce que, pour l’heure, nos économies fonctionnent. Dans la même ligné, nous pouvons percevoir une espèce d’inquiétude à propos de cette force en gestation : les Brics.

Le Canada et le Québec sont des espaces politiques assez singulier, et souvenons-nous que Pierre Eliott Trudeau, père de Justin, notre Premier Ministre actuel, avait reconnu diplomatiquement, La Chine populaire de Mao bien avant les américains. Ce qui avait rudement froissé ces derniers, qui l’avait comme il se doit, traité de communisme. Trudeau avait compris qu’on ne pouvait pas isoler huit cents millions de Chinois, que ça n’avait aucun sens. Autre exemple, nous avons commercé avec les Cubains, nous leur avons envoyé des vaches laitières, de la machinerie, (ce que les russes ne pouvaient pas leur envoyer) des médicaments, des facilités financières, à ce que je vois, les canadiens et les québécois ne sont pas devenus des communistes pour autant, même si on allaient passer quelques semaines par hiver à Cuba. Mais, tous ces faits, ces commerces, ces échanges, nous permettaient de comprendre le monde des années 1970. Nous sommes rapidement rendus compte que ces régimes étaient éloignés d’une certaine idéologie du paradis social. Ce qui nous a aidé à comprendre le monde, du moins pour les plus éclairés et les plus conscients de notre société, de s’en faire une idée plus juste, et de rechercher des textes, qui certes n’étaient pas plaisant à lire, mais qui était réalistes. C’était la force de Trudeau père. 60-70, ce fut notre ouverture sur le monde. Je suis content d’avoir vécu cette époque. C’était aussi une vision semblable que De Gaule affichait. Tout était permis et nous en redemandions encore. Il n’y avait pas de limite à nos curiosités, et on lisait n’importe quoi en fumant des cigares cubains, sans doute les meilleures cigares que j’ai jamais fumé de ma vie. Il y avait encore de la place pour la diplomatie; ce qui n’est plus le cas présentement.

Si les américains au début des années 60 avaient eu un meilleur système de renseignements, une diplomatie plus visionnaire, ils auraient pu éviter d’aller se fourrer au Vietnam. Des fois ce n’est pas mal de lire un texte qui nous dérange, qui nous fait mal, qui heurte nos valeurs et qui nous rappelle à la remise en question. Ce qui nous permet d’éviter les dogmes, les idéologies toutes faites, les pensées magiques, et souvent des milliers de morts. Il y a une chose qu’on évite dans cette époque de (politiquement correcte), c’est d’entretenir notre sens commun, d’aiguiser notre jugement, de peaufiner nos manières de distinguer et d’analyser, d’aller voir là où s’est insoutenable. J’ai toujours fouillé partout et je n’ai pas l’intention de mettre fin à ma curiosité.

Richard a dit…

Heureusement que l’évolution n’est pas inéluctable, et les partenaires du Brics se doivent d’en être conscients, s’ils veulent mettre au monde une autre forme de marché, ils devront passer dans les traces des américains, innover, produire, et vendre, et pour vendre, il faut être séduisant, il ne faut pas effaroucher son client potentiel, mais jouer sur ses désirs, faire rêver. J’avoue que ce n’est pas ce que je vois présentement. Les chinois ont bien compris cela, ce qui n’est pas le cas des russes et surtout des iraniens et quelques autres de leurs petits amis. Ce n’est pas en mettant le feu partout qu’ils deviendront séduisant, encore moins en faisant sauter des bombes sur leur propre territoire. Ces régimes sont prêts a jeter de l’huile sur le feu. Aller donc faire comprendre cela aux Africains! Ce n’est pas parce qu’ils déversent des cargos de céréales gratuites que cela réglera les problèmes africains. Ces situations requière un peu plus de doigtés, d’imaginations, qui exige une finesse dans la vision d’un avenir meilleur. Pour l’heure, ne reculons pas, soyons fermes, déterminés, et ça tout le monde peut le comprendre, surtout les russes, les chinois et les iraniens.

L’instabilité n’est pas le chaos, c’est le propre de l’évolution dans cette recherche de l’équilibre qu’il est difficile de trouver, mais surtout de maintenir. Nous la craignons, mais elle est essentielle, et ce n’est pas seulement dans le forme de nos systèmes, c’est ainsi en physique, en biologie, si tu as une augmentation drastique de chevreuils sur une territoire donné, il se peut bien que les populations des coyotes augmentent, et s’en suit les problèmes qui vont avec. Nous sommes des déséquilibrés qui rêvent continuellement d’équilibre. Et, lorsqu’on y parvient, on n’y reste jamais longtemps. Ce qui a fait dire à Winston Churchill : que la démocratie n’est pas une très bon système, mais que c’est le moins pire de tous.

C’est vrai que les pauvres n’ont pas toutes les vertus, mais ce n’est pas une raison de leur supprimer tous les filets sociaux et de les reléguer plus profondément dans leur état. Il faut les aider à s’émanciper, l’émancipation c’est pour tout le monde, car c’est à cela que la démocratie doit tendre. Sans doute que nous n’atteindront jamais l’égalité, mais l’émancipation c’est l’énergie de notre évolution. Sur le fond cela demeure une question d’éducation, d’instruction, de soutient, à quoi peuvent servir nos institutions, si non à cela?

Pour ce faire il ne faudrait pas juste tabler sur nos technologies, si séduisantes et faciles qu’elles le sont, faut élargir notre vision. On ne sait tous, et j’en ai fait maintes fois références dans mes commentaires. Bien des pays dans le monde envie les USA et le Canada, à qui tous les envieux prédisent la ruine depuis des lustres, je devrais dire souhaitent, c’est le propre des envieux de souhaiter le malheur aux autres. Ils ne se réduisent qu’à cela. Nous l’oublions souvent, mais c’est un peuple qui a traversé bien des épreuves cruelles. Et lorsque surgit un problème dans le monde, on se retourne vers qui? Les américains. La Deuxième Guerre mondiale a été réglée par les américains qui ont aidé bien des populations ruinées. À défaut de mémoire nous versons dans l’idéologie.

Richard a dit…

Je ne me formalise pas de votre franchise, cela fait parti du débat, et c’est rassurant puisque nous n’avons pas les même opinons, que nous ne pensons pas de la même manière, ce qui fait partie de nos libertés. Certes, nous ne sommes pas des êtres faciles. Je sais que je suis souvent virulent et que je ne me prive pas d’aller jouer dans les extrêmes. J’ai été éduqué à la rude école du débat, et puis j’adore débattre, je ne m’en lasse jamais. Je suis très confortable dans cet état. Les endroits et les moments où je peux exercer cette activité se font rares, votre blog en est un! J’ai toujours tenu à ma singularité. Personne n’a jamais réussi à m’y faire renoncé même si cela m’a apporté souvent des problèmes de relations humaines. Mais je n’ai jamais renoncé à en payer le prix. Tout comme votre Première Ministre qui vient d’être démissionné, et elle n’a pas manqué de le souligner à son Président. Elle a défendu souvent l’indéfendable, et je crois qu’elle a aimé ses vingts mois aux affaires. J’ai pensé pendant un moment dans les débats, qu’elle allait décapité Mathilde Panot. Tant qu’à André Chassaigne elle s’est retenue de ne pas grimper les escaliers pour l’attraper par une oreille et lui faire bouffer les marches pour le mettre en punition dans un coin de l’assemblée. Lorsqu’elle débat dur, il faut regardé son regard assassin, et son cou où les muscles se gonflent. Elle me rappelle une religieuse qui lui ressemblait, même physique et même fougue. Ça me déplairait pas de la confronter...le débat serait terrifiant!

Dans l’un des chapitre de son livre Hustvedt se livre à une analyse littéraire brillante sur un ouvrage dont vous avez déjà parlé : Hurlevent des monts par Emily Brontë.

« Mais Hurlevent des Monts porte en lui une philosophie féroce, une philosophie qui tire un trait sur l’idée même de catégorie figée. C’est pourquoi, me semble-t-il, le livre s’est dérobé à moi; c’est pourquoi je suis revenue vers lui tant de fois. Parce que les frontières entre une chose et une autre et parce que la frontière entre les mots sur la page et moi-même vacille constamment tandis que je lis; le livre ne reposa pas tranquillement en moi, en la personne que j’appelle moi-même. Il me parcourt de part en part et continue de colorer différemment mon âme. »
Sire Hustvedt
Mères pères et autres
Page 237

Trente six pages d’une analyse sans compromis, porté par une écriture brillante comme quelque chose de fin et de précieux.

Je risque d’être hors circuit pour une période inconnue, nous risquons de manquer de l’électricité et d’être en panne de communications. Vents puissants, verglas, grésil, neige, poudrerie et pluie...On va être servi.

Bonne fin de journée et merci de vos réflexions

Richard St-Laurent

Richard a dit…

Bonjour Carmilla

Nous avons eu chaud, mais le vent vient de tomber, sur la région de l’Estrie, il tombe présentement de fortes averses, ailleurs en province surtout au nord du fleuve, ils ont reçu entre 20 et 40cm de neige. Heureusement, que nous n’avons pas connu de panne électrique. Hier matin lorsque je me suis réveillé la pression atmosphérique indiquait 103,0 kPa, en fin d’après-midi elle marquait 102,2, ce fut une chute rapide qui s’est prolongée pendant toute la nuit et ce matin nous sommes dans le creux, 98,7. C’était à prévoir, plus que les isobares sont rapprochés, plus les conditions seront violentes. Au moins, il n’y a plus de vent, (nous avons connu des rafales de 90km/h, mais nous n’avons pas connu de panne d’électricité. Les système rapides sont toujours dangereux. Ils passent rapidement, mais ils causent des dommages. Leurs potentiels de destructions sont élevés. Je le savais dès hier matin, lorsque j’ai vu le ciel se couvrir laissant un halo autour du soleil, phénomène provoqué par des nuages de haute altitude qui annonce la basse pression. Lorsque ce phénomène se produit, je sais que ce n’est pas bon. J’aurais préféré que toute cette pluie tombe en neige parce que je préfère la neige en hiver. D’après vos informations cela ne doit être facile dans les tranchés en Ukraine.

J’ajouterais à vos propos d’hier, que les gouvernements dépendent des performances économiques des entreprises privées, qui ne se privent pas pour faire pression sur les gouvernements afin d’obtenir des facilités monétaires, comme des prêts sans intérêt, ou des subventions. Il en est ainsi au Canada comme au Québec. J’ignore si en Europe et en France, s’il en est ainsi. Pour qu’un gouvernement fonctionne faut aider les entreprises privées, en retour les entreprises privées doivent avoir des performances positives, autrement il n’y aura pas d’aide gouvernementale. Autrement dit, les gouvernements et les entreprises privées sont attachés au même poteau! Nous en avons eu un bel exemple, l’automne dernier, le gouvernement fédéral et provincial ont débloqué une aide de 7 milliards de dollars pour une firme suédoise qui désirait construire une usine pour fabriquer des batteries pour les véhicules électriques au Québec. D’autre part, les gouvernements ont des facilités d’emprunts que souvent les compagnies ne disposent pas. Pour danser le tango, il faut être deux. Finalement le jeu, c’est de soutenir un certain équilibre entre ces partenaires, en se gardant d’aller d’un extrême à l’autre, du tout à l’état, ou bien, du tout au privé. Il faut se souvenir que beaucoup de compagnies n’auraient même pas vu le jour, n’eut été de l’implication gouvernementale. Ici, c’est un sujet récurrent, pourtant on semble moins l’évoquer en Europe. Est-ce que ma perception est juste? Je l’ignore.

C’est ainsi que ça fonctionne au Canada. Ce qui est très différent aux USA, parce qu’on veut moins de gouvernement, plus de privé; mais les américains évitent de mentionner, que leur gouvernement subventionne discrètement leurs entreprises privées. Ils détestent aborder le sujet lors de négociations d’ententes économiques. Qui plus est, les canadiens passent pour des socialistes; et que les américains aux yeux des canadiens passent pour des méchants capitalistes. Finalement, nous finissons toujours par nous entendre, parce que nos économies sont imbriquées et que cette réalité est incontournable.

Je me demande pour quelle raison culturelle vous n’aimeriez pas vivre aux USA?

Bonne fin de journée Carmilla

Richard St-Laurent

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Richard,

A Paris, les températures redeviennent positives mais il n'a quasiment pas gelé.
En Ukraine, ça varie un peu selon les régions mais il y avait longtemps que les températures n'avaient pas été aussi basses: ça oscille en continu entre - 10° et - 20° dans la journée. Même à Odessa, il y a de la neige et de la glace. La vie dans les tranchées, c'est donc épouvantable.

Normalement, les règles de libre concurrence en Europe ne permettent pas à un Etat d'accorder un avantage indu aux entreprises nationales. C'est quand même largement appliqué parce que de nombreux marchés se sont ainsi ouverts: transports, énergie, électricité etc... Et puis, il y a un Code des Marchés Publics qui est redoutable (le moindre manquement peut vous valoir de gros ennuis). Certes, il existe des moyens détournés mais on peut quand même se demander si l'Europe n'est pas parfois victime de sa trop grande ouverture alors que d'autres pays concurrents ne se privent pas de subventionner leurs exportations.

Pourquoi je crois que je n'aimerais pas vivre aux USA ? C'est trop long à expliquer. Disons que j'adore de grandes villes comme New-York ou Chicago. Leur cosmopolitisme est enthousiasmant. Là, je pourrais vivre. Mais en dehors de ces grandes villes, la province américaine m'apparaît d'un ennui désespérant. Tout se ressemble, tout est pareil, les mêmes maisons, les mêmes commerces, les mêmes lieux de rencontre, la même horrible nourriture industrielle. Tout m'apparaît sinistrement kitsch. Et puis, je n'aime pas beaucoup la littérature et le cinéma américains. Je me sens, en fait, profondément européenne. Mais j'ai peut-être tort et je ne connais sans doute pas assez pour pouvoir juger.

Bien à vous,

Carmilla

Richard a dit…

Bonjour Carmilla

Si c’est trop long à expliquer, cette question pourrait faire l’objet de l’un de vos textes hebdomadaires. Ce qui ne manquerait pas d’intérêt. Vous vous êtes exprimée sur maintes pays, mais jamais sur le USA comme s’il y avait un tabou.

Vu de loin c’est un pays qui à la fois fascine et révulse, on aime ou on n’aime pas. Je connais des canadiens et des québécois qui ne jurent que par les États-Unis d’Amérique. Pour ceux-ci, un beau voyage, c’est d’aller magasiner chez nos voisins du sud. Les prix sont plus bas qu’au Canada en général, il y a moins de taxes et dans l’ouest du pays les canadiens entretiennent des liens beaucoup plus étroits avec les américains. Tellement que les conservateurs canadiens s’inspirent des Républicains. Juste pour vous donner une petite idée, une députée conservatrice de l’ouest est en train de parcourir sa circonscription pour faire signer une pétition pour que le Canada sorte de l’ONU! Rien de moins! Ce qui vous donne une idée de l’état d’esprit de certains milieux politiques, si nous pouvons appelé cela de la politique. Le chef du Partie Conservateur Canadien, qui est toujours devant les micros des médias, curieusement, il ne s’est pas exprimé sur les démarches de cette dame. Étrange!

Dites-moi Carmilla, c’est qui, qui applique la loi pour le Code des Marchés Publics en Europe? Je ne connais pas ce code. C’est le pays pris en faute qui est blâmé, ou bien, l’entrepreneur? Ça ne doit pas être simple à administrer.

Un exemple, les cultivateurs allemands bénéficient la remise de leur taxes sur les carburants afin de les aider, je présume que cela doit être aussi la même chose en France, mais peut-être que d’autres pays européens n’appliquent pas cette politique; cette remise de taxes sur les carburants pourrait être considérer comme une subvention déguisée. C’est une aide gouvernementale pour les producteurs allemands. Un pays voisin pourrait bien exiger une taxe sur les importations allemandes du dit produit.

C’est toujours la même histoire et je comprends vos interrogations au sujet de l’ouverture des marchés. Sommes-nous trop ouvert, ou bien pas assez. Ici, il y a eu des entre les USA et le Canada, au sujet des produits laitiers, de rudes négociations. La production laitière, le Canada a une gestion de l’offre, ce que les américains n’ont pas. Au Canada tu ne peux pas faire de surplus de production de lait, parce que tu gères l’offre. Les producteurs américains peuvent inonder le continent de lait. Ils ne sont pas très heureux parce qu’ils ne peuvent pas vendre sur le marché canadien du lait. Leur argument, c’est que le Canada empêche la libre circulation des biens, ils seraient contre le libre échange.

Bonne fin de journée

Richard St-Laurent

Nuages a dit…

Puisqu'on parle d'économie, cette vidéo de Xavier Tytelman (un entretien avec un entrepreneur français établi à Kiev) vous intéressera peut-être : https://www.youtube.com/watch?v=4Zowp4SGzKk

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Richard,

Je me suis fixée une règle pour mon blog: ne parler que de ce que je maîtrisais à peu près. Je préfère donc m'abstenir d'évoquer beaucoup de pays que je connais trop mal. D'expérience, je sais quand même qu'il faut avoir longuement séjourné dans un pays pour commencer à le comprendre.

Cela dit, il est probable que je me rende aux USA cette année. Je ferai donc peut-être part de mes impressions à cette occasion.

Le Code des Marchés Publics, je pense qu'il en existe un dans tous les pays développés. Il s'applique aux services de l'Etat pour ses grandes commandes et projets: transports, énergie, services municipaux, hôpitaux etc... Pour éviter tout favoritisme et corruption, les procédures en sont très strictes. Des entreprises étrangères y ont donc des chances à peu près égales.

On sait bien néanmoins qu'on ne se contente pas de laisser jouer la concurrence. L'agriculture européenne est ainsi largement subventionnée dans le cadre d'une politique commune. Sans ces subventions, il n'y aurait plus ni agriculture ni élevage en Europe de l'Ouest. Mais ça aboutit aussi à des crises de surproduction. Récemment encore, l'Europe avait des stocks de lait en poudre à n'en savoir que faire. Elle a réussi à s'en débarrasser en les bradant à l'Afrique et l'Asie.

Ce sont les difficultés de la mondialisation. Des pans entiers de l'activité économique d'un pays peuvent tout à coup s'effondrer. L'électronique japonaise, autrefois triomphante, est aujourd'hui submergée. C'est maintenant l'automobile européenne qui est gravement menacée. Pour affronter le monde de demain, les USA apparaissent bien placés tandis que l'Europe se révèle en retard.

L'avenir est incertain pour chaque grande puissance. Il faut être prêts à changer sans cesse de modèle.

Bien à vous,

Carmilla

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Nuages,

Cet entretien est effectivement intéressant mais, peut-être, un peu trop optimiste.

Ce qui force mon admiration, c'est que l'Ukraine ne se soit pas complétement écroulée économiquement et que le pays continue de fonctionner tant bien que mal. La guerre a été un électrochoc pour tous les services de l'Etat ukrainien. Les personnels en étaient auparavant plutôt nonchalants compte tenu de la faiblesse de leurs rémunérations.

Cela dit, une grande partie de la production industrielle s'est tout de même effondrée et les fins de mois de l'Etat sont bouclées grâce à l'aide financière internationale (combien de temps va-t-elle durer ?).

Effectivement aussi, l'activité industrielle s'est récemment redressée. Mais c'est comme pour la Russie, qu'est-ce que ça veut dire quand cette activité est maintenant largement consacrée à la production d'armes ? C'est complétement artificiel, ça n'apporte rien à la population.

La vérité, c'est quand même le développement d'une misère effroyable dans le pays. Combien de temps ça peut être supportable ?

Le seul espoir ensuite, c'est l'Europe. Il n'y a qu'elle qui peut, en effet, permettre au pays de s'en sortir économiquement. Si on y fait obstacle, si on retarde sans cesse l'adhésion de l'Ukraine, ce sera la catastrophe assurée. Le pays s'est déjà beaucoup vidé mais, dans cette hypothèse négative, il n'y aura tout simplement plus personne. On estime déjà qu'il n'y a plus que 30 millions d'Ukrainiens dans le pays (alors qu'on en comptabilisait 50 millions, il y a 20 ans).

Et puis j'appréhende beaucoup l'état d'esprit de l'après-guerre: la démoralisation, la rancœur générales. Ca va être terrible, invivable. Il faudra très longtemps avant de s'en remettre.

L'ambition de l'Ukraine, c'est, depuis une vingtaine d'années, d'atteindre le même niveau de vie que la Pologne. Je connais bien les deux pays et je dois bien constater qu'il y a maintenant un gouffre entre eux. Il faudrait que la Pologne fasse du surplace mais elle est plutôt en train de rattraper l'Europe de l'Ouest.

Bien à vous,

Carmilla

Richard a dit…

Bonjour Carmilla

Vous avez déjà une bonne idée de la nature des USA, avec vos ouvertures sur le monde, votre expérience du commerce international, sans oublier vos nombreux voyages, en plus si ce voyage se concrétise, vous aller tomber pile en plein coeur d’une élection américaine, ce qui n’est pas donné à tous les jours, et risque d’être passablement intéressant, même si la possibilité d’une déception est toujours dans l’air du temps. Il est intéressant d’avoir des impressions d’européens face à votre bête noire. Se retrouve certains groupes politiques qui les déteste. En fait, ce n’est pas tout à fait de la haine, je pencherais plus pour de l’envie. On les déteste les américains parce qu’on les envie. Mais avec l’Union Européenne vous êtes en train de faire votre expérience de la nature d’une fédération. Ce qui n’est jamais chose facile. Je pense que vous êtes bon élève et que vous aller apprendre. Et pour apprendre, il faut se mesurer à ses erreurs.

Je lisais hier un texte de François Brousseau sur la situation économique en Allemagne, où l’on pouvait voir une lignée de tracteurs devant la porte de Brandebourg. Vous avez tout à fait raison, l’agriculture en Europe sans les subventions reste impossible. Résultat, vous ne contrôlez pas vos marchés, alors vous êtes obligé de subventionner. Votre exemple des surproductions de lait illustre bien le problème. Vous auriez intérêt à mettre en place, une gestion de l’offre. Il fut une époque au Canada dans les années 50, où nous étions dans la même situation que vous. Nous avions des surplus astronomique de lait, qu’on transformait en poudre, puis qu’on bradait aux africains pour moins que rien. D’autre part, ce système de la gestion de l’offre, à son revers, il favorise la rente, parce qu’ici, il faut payer ses quotas pour avoir le droit de produire, et cela ne se donne pas, donc les producteurs laitier sont obligés d’augmenter leurs dettes, eux qui sont déjà très endettés. Lorsqu’ils vendent pour prendre leur retraite, une fois leurs dettes payées, il leur reste un petit pactole comme un fond de pension. Ce système, c’est un genre de fuite en avant, et les institutions bancaires plus les gouvernements n’ont pas intérêt à provoquer les faillites des producteurs, parce que ces derniers sont surendettés. Alors on entretient le système, et l’on chauffe le poêle. Comme je le dis souvent : si tu dois cent dollars à ton banquier et que tu es incapable de le rembourser, c’est toi qui a le problème; mais si tu lui doit cinq millions et que tu es en défaut de paiement, c’est ton banquier qui a mal à la tête. Je souligne que cela touche votre spécialité. Je ne suis ni un économiste, ni un spécialiste de la finance, mais lorsque tu es propriétaire d’une ferme, tu as intérêt à connaître certaines choses de base, en économie et en finance, ce qui vaut pour toutes les entreprises, agricoles ou non. L’agriculture c’est comme l’enfer, ce n’est pas fait pour tous le monde. Le libéralisme économique possède ce puissant levier, celui de pouvoir contourner tous les règlements. Nous les canadiens nous le savons d’expérience, nous sommes toujours en procès avec les américains, pour des questions de commerces. Exemple, nous avons été longtemps en procès dans le secteur du bois d’œuvre, à propos de subventions. Qu’est qu’on fait les américains lorsque GM est tombé en faillite, le Gouvernement Américain leur a ouvert un parachute pour amortir la chute. L’autre exemple encore plus probant, la crise des Subprimes, les américains ont sauvé le système bancaire, on en a laissé coulé quelques institutions mais on a sauvé le reste. Tout cela pour dire, que les producteurs de certains pays comme la Nouvelle-Zélande qui ont abandonné leur gestion de l’offre dans la production laitière l’ont regretté.

Je suis heureux que vous vous intéressez à ces questions.

Richard St-Laurent

Richard a dit…

Nous avons les moyens de bien vivre économiquement, nous avons les outils et les connaissances, ne reste plus qu’à ne pas faire de connerie. Pour se faire, il faut communiquer, se parler, négocier, ce qui tient de la haute et fine diplomatie. Ce n’est pas ce que nous pouvons constater présentement avec toutes ces guerres, ces violences, où il n’y a plus a que le langage des armes. L’Ukraine en est un exemple incontournable. Il y a un prix pour sauver l’Ukraine, mais si on les laisse tomber, le prix sera beaucoup plus élevé, et je ne pense pas que nous avons ces moyens-là. Votre réponse à Nuages est très réaliste. Vous avez raison de vous inquiéter sur l’après de cette guerre. Il faudra rebâtir, reconstruire, et la fin de cette guerre ne sera pas la fin de la haine. Je pense et j’espère que l’occident en sera capable. Elle l’a fait après la Deuxième Guerre mondiale avec le plan Marshall. Une guerre c’est toujours une dépense énorme, et en cela, conquérir des tas de cendre ce n’est pas une voie d’avenir. Nous sommes entrés dans une sale passe, et plus elle se prolonge, plus les dangers augmenteront. Je suis quand même surpris qu’après deux ans de guerre la situation nous ait pas échappé. Lorsqu’on regarde seulement pour ses petits intérêts on abandonne la générosité. Si l’Ukraine tombe, nous serons tous coupables d’omission. Nous savons pertinemment bien que cette guerre n’a aucun sens, surtout économique, ce n’est pas une conquête, c’est une extermination. Et, bien des pays dans le monde ne se rendent pas compte des enjeux. La guerre ce n’est pas un jeu vidéo. Pendant ce temps nous baignons dans notre très grande inconscience. J’espère que vous avez raison Carmilla de mettre tous vos espoirs dans la Communauté Européenne. Si cette Europe veut prouver sa valeur, c’est le moment pour elle d’agir et pas seulement du bout des lèvres. Si non, cela pourrait être le fin de cette organisation. Et, se sera du chacun pour soit. On le sait, pas moyen de se le cacher, il y a en a dans le groupe qui rêvent de commercer à nouveau avec la Russie, comme des agneaux face à la porte de l’abattoir. Vos propos sur la Pologne sont pertinents. C’était le gouffre qu’il fallait éviter. Pourtant, ils ont une nouveau Premier Ministre qui connaît bien l’Europe. Ce n’est pas le temps d’avoir des conflits entre nous. Je redoute toujours ce genre de situation. Tout comme vous je ne cache pas ma déception, je pensais la Pologne plus solidaire que cela. J’ai encore surestimé la nature humaine. L’humain est souvent décevant et détestable. Ça lui prend du temps pour apprendre de ses erreurs. Un être intelligent, mais prétentieux. Encore une fois, Poutine ne s’est pas caché, il a dit : (je suis pour la paix, mais à mes conditions. ) Que faut-il entendre et comprendre de plus? C’est pourtant clair. Je n’ai pas entendu beaucoup de réactions en Europe! Mais il faut se souvenir, que tout n’est jamais joué. Malgré tout ce qui se passe, il faut garder l’espoir. Ce qui est rare chez vous, vous évoquez une catastrophe possible, c’est un constat réaliste et l’on sent comment vous êtes attachée à cet univers de l’Europe Centrale et de l’Est. Il m’est insoutenable de penser que tous ces efforts et ces sacrifices des Ukrainiens n’auront servi à rien.

Bonne fin de journée Carmilla

Richard St-Laurent

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Richard,

Je n'oserais prétendre avoir une quelconque compétence en matière agricole. La seule chose que je sache, c'est qu'il n'existe maintenant plus de paysans en Europe mais seulement des entrepreneurs. Et des entrepreneurs qui ne s'en sortent que s'ils produisent de forts volumes.

C'est un bouleversement majeur des sociétés dont peu de gens ont pris conscience. Finie l'Europe rurale et l'époque où on pouvait vivre en quasi autarcie sur un lopin de terre.

Et surtout, il ne suffit pas de produire quelque chose: de la viande, du lait, du beurre, du fromage, etc... Il faut d'abord se conformer à une foultitude de réglementations et de contrôles qualité. Si on ne respecte pas toutes les normes d'hygiène et de fabrication, on ne peut tout simplement pas vendre ses produits. C'est comme ça que beaucoup d'exploitations et de produits ont disparu.

Ca alourdit évidemment les coûts. Et quand je vois les marges dégagées, c'est sûr que je ne me lancerais pas dans une activité agricole en France. Les paysans y sont des gens riches par leur patrimoine mais de véritables pauvres par leurs revenus.

Le problème, en effet, c'est qu'on ne sait pas si les produits agricoles importés de l'étranger répondent aux même normes d'hygiène, qualité, sécurité.

Et puis le consommateur s'en fiche de la survie des paysans: il veut des prix les plus bas possible. On ne cesse de dire que l'alimentation est chère. Je trouve personnellement que le coût de la viande, du lait, des fruits, des légumes sont devenus ridiculement bas. La preuve: ça n'a aucun sens économique aujourd'hui d'avoir son propre jardin potager avec ses fruits et légumes et, éventuellement, sa volaille. Ca reviendra bien plus cher que de s'approvisionner sur un marché.

Quat à l'Ukraine, il y a une musique qui se fait aujourd'hui de plus en plus insistante: le coût exorbitant du soutien à l'Ukraine pour l'Occident. On agite des chiffres que l'on prétend faramineux: 50 milliards pour les USA, 2 à 3 milliards pour la France. Personne ne prend la peine de rapporter ça aux budgets totaux: 1 700 milliards pour les USA, plus de 500 milliards pour la France. A titre indicatif, la France a consenti récemment une ristourne démagogique, et aussitôt partie en fumée, de près de 8 milliards d'euros sur les prix de l'essence. Le coût de la guerre pour l'Occident, ça n'est donc quasiment rien. On est vraiment des somnambules, incapables de considérer les réalités.

Bien à vous,

Carmilla