vendredi 9 janvier 2009

La reine des neiges - Carré Blanc sur fond Blanc



















Vrubel - Михаил Врубель
John Galliano


Ce qui m’afflige et me déconcerte en France : on y abhorre le froid et la neige.


En Russie et en Europe Centrale, les premiers flocons, autrefois dès le 1er novembre, sont accueillis avec joie et émerveillement. Pas de plus belle saison que l’hiver, retour du rêve et de la magie.


Le rapport au froid et à la chaleur a une évidente transposition sexuelle. Dans les pays chauds, la sexualité, ou plutôt la sensualité, est diffuse, …épidermique, amollie et languide. Là où règne le froid, la sexualité est tendue, concentrée mais aussi tranchante, cérébrale.


Il n’est pas sûr que les femmes les plus extraverties, les plus « chaudes », les plus sexy, soient les plus attirantes. Il y a aussi un caractère marmoréen du désir qui le conduit à se porter sur les personnalités glaciales, hiératiques. C’est le mythe de la princesse des neiges étendue dans son linceul de glace.


Le goût pour le blanc et l’amour du froid. C’est un rêve de neutralité absolue, d’abolition des différences et des nuances. Le blanc, c’est l’effacement du monde matériel.


Le blanc est la couleur des anorexiques.


Carré blanc sur fond blanc, ce n’est pas une simple provocation esthétique de Casimir Malévitch (Казимир Малевич). C’est vouloir l’immatérialité du monde.


Que le monde soit délivré de sa pesanteur, de sa corporéité. Qu’il soit mis fin à la souffrance de l’incarnation, à l’angoisse de la différence sexuelle.


Falat - Snieg

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