samedi 2 décembre 2023

La vie comme fiction ou comme manipulation


Le 28 juillet 1914, jour du déclenchement de la 1ère guerre mondiale, Franz Kafka a simplement écrit dans son journal : "Aujourd'hui, piscine". 

Il est vrai qu'il était, ce qu'on ne soupçonne peut-être pas, un grand sportif (du moins pour son époque), et notamment un grand nageur. Adepte également de gymnastique et de régime alimentaire draconien.


Mais peut-on avoir mots plus stupéfiants ce jour là ? Comment l'expliquer ? Indifférence absolue ou fatalisme résigné ? Il s'intéressait pourtant à la société dans la quelle il vivait, cette Autriche-Hongrie tellement complexe, assemblage hétéroclite de langues et de cultures multiples. Et puis, il a ensuite cherché obstinément à servir dans l'armée en dépit de l'horreur qu'il éprouvait envers les déchaînements nationalistes. Ce désir d'être précipité dans une caserne interroge tant il semble incongru. On peut y voir une volonté suicidaire.


Mais peut-être aussi qu'on est tous des Franz Kafka face aux événements du monde.  D'abord, confrontés à un cataclysme, on peut être simplement sidérés, ne sachant ni que dire ni que faire. Et puis, notre attention connaît d'importantes gradations: qui se souvient de la Révolution des Tulipes en Géorgie, suivie de la Révolution des roses au Kirghizistan ?  L'Ukraine, je comprends bien, en ce sens, qu'on finisse par trouver ennuyeux le récit, qui était devenu quotidien, de ses malheurs. On a maintenant envie d'une autre musique.


Tout cela pour dire que je me sens un peu dans le même état d'esprit que Franz Kafka. Pas seulement parce que je vais à la piscine presque tous les jours mais parce que je me sens "détachée", comme à l'écart du  monde qui m'entoure et qui me semble devenu irréel, une fiction. Qu'est-ce qui est vrai, en effet, ce que j'éprouve ou ce que je lis et entends ?


Ce que l'on appelle "l'actualité",  j'avoue ainsi que j'ai carrément décroché depuis plusieurs mois. Ca m'apparaît tellement "à côté de la plaque", ça promeut une vision tellement "popote" et geignarde de l'existence.... Je perçois surtout ça comme une terrible machine à broyer, formater, les esprits.


On se croit informés mais on ne se rend pas compte que c'est au travers d'un "prisme déformant". Ce n'est pas que les médias soient de parti pris, c'est qu'ils nous enferment dans un cadre d'analyse et une sélection des sujets dignes d'intérêt. L'idéologie, voire la propagande, ça n'est pas un contenu mais c'est une forme. 


Et j'avoue que les médias français, c'est vraiment une soupe indigeste. On n'a vraiment pas l'impression qu'on vit en Europe ni qu'on a, à fortiori, un lien quelconque avec le vaste monde. Tous ces radotages sur le réchauffement climatique, l'inflation, les retraites, tous ces débats sur un besoin accru d'Etat contre l'épouvantail libéral, ça m'épuise, me laisse de marbre. On me somme étrangement de m'engager, de prendre parti, sur des sujets pour lesquels je n'ai généralement pas de compétence technique. Mais peu importe, l'objet n'est pas d'argumenter, de dialoguer. Il suffit de dire si on est pour ou contre. Les problèmes, c'est à la hache qu'on les règle maintenant.


La radio, la télévision, je ne les ouvre donc plus que pour écouter des musiques débiles ou regarder des films en replay.


Israël retient quand même mon attention. Ce qui me sidère, c'est qu'on a réussi à ancrer dans l'opinion mondiale cette idée qu'il y aurait eu un peuple palestinien, de langue arabe et d'identité millénaire, qui aurait été brutalement chassé par des Juifs qui se seraient injustement approprié leur territoire. On a complétement effacé que les Palestiniens, c'était, depuis l'occupation romaine (et notamment l'empereur Hadrien qui, au 2ème siècle de notre ère, les désignait du mot de "philistins" qui a, plus tard, donné Palestiniens), la dénomination des Juifs eux-mêmes et que le nouvel Etat d'Israël s'appelait d'abord la Palestine. Mais, par un fantastique retournement sémantique opéré dans les années 60, on s'est mis à appeler "Palestiniens" les Arabes vivant dans les territoires contestés.


Quant au territoire palestinien, il en existe tout de même bien un, authentique, aujourd'hui. Celui justement de la bande de Gaza dont Israël s'est complétement retiré en 2005 et qui, depuis cette date, bénéficie d'une autonomie administrative et de gestion. On ne peut pas dire qu'on ait cherché à y développer un modèle enviable de société. L'échec n'est pas entièrement imputable à Israël. On parle du blocus que celui-ci imposerait à Gaza. Mais est-ce qu'Israël n'est pas lui-même soumis, dès sa naissance, à un blocus sévère de la part des pays du Proche-Orient qui l'entourent ?


Le Hamas et les anti-sionistes ont, en fait, largement gagné la guerre de l'information grâce à un fantastique tour de passe-passe. Auprès de l'opinion mondiale, on a réussi à faire du peuple juif, autochtone, un peuple occupant, étranger à ses propres terres.
 

Cela dit, je ne crois pas non plus à un Droit fondé sur cette idée de terres ancestrales. Il n'existe qu'un Droit international aujourd'hui et c'est celui-là, seul, qui peut régler les conflits sur la base d'un accord commun. Mais cela aussi, on semble l'avoir bien oublié.


L'Histoire, elle est faite pour être manipulée, falsifiée. 


Ces "manipulations" grâce aux quelles les agresseurs se présentent en victimes, les Russes sont bien sûr experts en la matière. La Grande Russie, qui se prétend glorieuse et à la pointe de la Culture, aurait été humiliée par un Occident décadent et débauché. C'est le masque sinistre de la Russie criminelle qui se présente en victime.


Ce retournement, par lequel la victime est désignée comme bourreau, signe la mécanique perverse. "C'est de ta faute, tu l'as bien cherché", clame l'époux violent. 


Et ça fonctionne non seulement à l'échelle des individus mais à celle des guerres et de pays tout entiers. Je lis, en ce moment, le remarquable bouquin de Sofia Andrukhovych, grande écrivaine ukrainienne (de Galicie).  Elle rapporte d'abord que les Ukrainiens sont  traumatisés, tétanisés, sidérés. C'est le choc terrible du basculement dans l'état de guerre.


Mais surtout, ils ne comprennent pas, ils sont presque incrédules. "Qu'est-ce qui se passe, qu'est-ce qu'on a fait, pourquoi les Russes veulent-t-ils, tout à coup nous tuer ? Pourquoi ce déchaînement contre nous tous ?"


Parce que le plus terrible, et cela a été rarement souligné, c'est que la menace de mort plane sur l'ensemble de la population ukrainienne et pas seulement sur ses forces armées. Les civils, les enfants, on les épargnait tout de même, autrefois, en partie. Aujourd'hui, ça n'offre même plus de relative sécurité. Il suffit d'une mauvaise rencontre ou d'un missile. On est pourchassés non en tant que belligérants mais en tant qu'Ukrainiens. C'est la faute première qui mérite éradication. C'est la logique de la violence génocidaire, indifférenciée.

Et le pire, c'est que les victimes se sentent prises dans un étau et se mettent à douter d'elles-mêmes. Peut-être bien, en effet, qu'on a eu des torts, qu'on est nous-mêmes des corrompus et des bandits, qu'on ne vaut pas mieux et qu'on est peut-être encore pires que nos agresseurs. Et il ne manque pas de journalistes et de politiques à l'Ouest pour développer et conforter cette analyse.


La guerre, c'est la légitimation d'un désir de meurtre profondément ancré en l'espèce humaine (Sigmund Freud). Je me souviens du choc que j'avais éprouvé à la lecture du bouquin de Jonathan Littel: "Les bienveillantes". L'auteur nous met littéralement dans la peau d'un officier allemand qui participe à la Shoah par balles. Il s'agit d'un individu éduqué, civilisé, un "intellectuel" dont on pourrait attendre compassion et révulsion. Mais non! il rationalise tout, il affiche, en toutes circonstances, une froide apathie. Tout se réduit à des problèmes d'efficacité, de bon fonctionnement. Il est le type même du pervers froid et raisonneur.

  

En même temps, toutefois, cet étrange héros est parcouru d'impérieuses impulsions: coucher avec sa sœur, tuer sa mère, devenir soi-même une femme. Au spectacle de la guerre, qu'il décrit avec force détails, se superposent ses fantasmes sexuels.


Parce que c'est cela aussi la guerre. L'effacement de toutes les limites de la culture et la diffusion d'une perversité généralisée. Un ordre social assurant le bonheur de tous, ça n'est qu'un mythe. La conflictualité est au cœur de l'esprit humain. La "marmite" des sociétés finit donc, un jour, par exploser parce qu'elles ne parviennent jamais à domestiquer les passions humaines, à en faire un assemblage harmonieux et paisible. Et quand ça se produit, c'est la débauche généralisée, cet effroyable "plaisir de la guerre" au cours duquel on peut tuer voler, violer en toute impunité. Et c'est d'autant plus fort quand on a vécu dans un pays puritain: l'Allemagne de Hitler, la Russie de Poutine.


Et c'est là-dessus que s'appuie justement un régime totalitaire. Il inocule une perversion généralisée des relations humaines et sociales. Le pouvoir nous demande d'être forts, ce qui veut dire insensibles, indifférents. En contrepartie, tout est permis et l'abjection y est même encouragée; on se risque alors à s'y vautrer et on découvre qu'on y prend plaisir. C'est ce qui a fait la force du nazisme (l'Allemagne d'Hitler était un grand bordel selon le témoignage de Niklas Frank, le fils du boucher de Cracovie) et c'est ce qui fait, aujourd'hui, la force de Poutine (un mélange de répression impitoyable et de permissivité. On continue de bien s'amuser à Moscou). Et tant pis si on juge mon rapprochement Hitler-Poutine grossier.


Que faire donc ? Comment se comporter en ce monde dans le quel on ne vit jamais dans le réel, brut et vrai comme on le croit simplement. Dans lequel, on chemine plutôt, à tâtons, dans une réalité construite, découpée, celle de la fiction entretenue par le pouvoir médiatique, ou bien manipulée, celle de l'affrontement et des rapports de domination des hommes entre eux ? Je n'ai, bien sûr, pas de réponse.


Images de la Sécession viennoise, d'Igor Vaznetsov, Damien H.Din, Riva Zohar, Banksy, Angela Carter, Otto Dix, John Nash, Paolo Uccello, Windham Lewis.

J'appelle votre attention sur les deux dernières images. Il s'agit d'abord du tableau célébrissime du grand peintre ukrainien, Ilya Repin : "Les cosaques Zaporogues écrivant une lettre au Sultan de Turquie". Les cosaques écrivaient alors au Sultan  d'aller se faire foutre. La photographie est, quant à elle, une mise en scène contemporaine de ce tableau par le photographe français Emeric Lhuisset. Cette photographie est déjà célébrissime. L'association est, en effet, immédiatement faite: ce sont maintenant les Ukrainiens qui écrivent aux Russes d'aller se faire foutre (allusion à l'histoire de l'île aux serpents).

Je recommande :

- Sofia ANDRUKHOVYCH: "Tout ce qui est humain". Un très beau petit livre, un journal de la 1ère année de guerre en Ukraine. Avec un éclairage inattendu : les circonstances a priori inhumaines d'une guerre sont propices à l'éclosion de fragments d'humanité. Je rappelle, en outre, que Sofia Andrukhovych est, avec son père, Youri (dans un style burlesque), l'une des représentantes majeures de la littérature ukrainienne. 

- Reiner STACH: "Kafka - Le temps de la connaissance". C'est le tome 2 de la biographie monumentale, consacrée à Franz Kafka, qui vient de sortir. Evidemment, ça a tout pour effrayer: plus de 1 600 pages au total pour les 2 volumes (un troisième est encore à venir). Et pourtant, c'est époustouflant, passionnant. Du moins si, à défaut de Kafka, on s'intéresse à l'Autriche-Hongrie. On a l'impression d'être transportés dans la vie quotidienne la plus concrète de Prague au début du 20ème siècle.

 - Claire CASTILLON: "Son empire". Ce petit bouquin vient d'être édité en poche. Il décrit admirablement les relations tordues entre un homme et une femme avec, en plus, l'intermédiaire d'un enfant. A lire à une époque où on ne cesse de parler du consentement. Claire Castillon, c'est pas mal du tout. Elle projette, à chaque fois, un éclairage trouble, profondément ambigu, sur les relations entre les hommes et les femmes. C'est bien mieux que toute la littérature victimaire sur le sujet. Hommes et femmes sont pareillement odieux

- Niklas FRANK: "Le père, un règlement de comptes". Un bouquin d'une violence extrême contre un père, Hans Frank, Gouverneur Général de la Pologne occupée, responsable de la mise en place des camps de concentration. On découvre que Hans Frank ne croyait même pas au nazisme, il était surtout opportuniste. Un livre choc, lui aussi paru en poche.

Et toujours dans le prolongement de ce post, je vous conseille deux films actuellement sur les écrans:

- "Vincent doit mourir" de Stephan Castang. Un film coup de poing, renversant, impressionnant.

- "Le temps d'aimer" Katell Quillévéré. Les non-dits, les mensonges au sein d'un couple, d'une famille. Mais paradoxalement, ces non-dits et ces mensonges ne sont pas absolument destructeurs. Ils alimentent même l'amour et la passion. Ca va complétement à rebours de l'idéologie actuelle de transparence et de sincérité dans une famille. A méditer !

6 commentaires:

Julie a dit…

Que faire donc ? Donner naissance à davantage de filles :) À prendre au cinquième degré.
Merci Carmilla pour votre analyse juste et enrichissante.
Bien à vous.

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Julie,

Davantage de filles, c'est effectivement une solution efficace.

Parce qu'on ne le dit jamais assez: la délinquance, la violence, la criminalité, la guerre sont, essentiellement, le fait des hommes. Un simple exemple: les prisons sont, dans tous les pays du monde, peuplées, à plus de 9O%, d'hommes.

Mais on ne peut pas aller jusqu'à envisager le bonheur sous la forme d'un monde sans hommes. Ca deviendrait vite un nouvel Enfer. Disons plutôt qu'il y a un immense effort d'éducation à effectuer en leur direction. Afin que les hommes deviennent plus doux. Mais ça peut prendre plusieurs générations.

Et puis, il faut aussi que les femmes cessent de préférer les hommes dominants, les brutes autoritaires, les types qui assurent comme on dit. Qu'elles s'intéressent davantage aux gentils et aux rêveurs. Là aussi, ça suppose une longue évolution.

Bien à vous,

Carmilla

Nuages a dit…

Je viens de lire deux livres, que vous connaissez probablement, qui sont bien en relation avec votre billet : "Un endroit inconvénient" de Jonathan Littell (photos d'Antoine d'Agata) (Babyn Yar, Boutcha, les scènes de guerre, ....) et "Voyage clandestin avec deux femmes bavardes" de Iegor Gran (il a suivi les tweets de deux quadragénaires russes de province, l'une pro-Poutine, l'autre contre), c'est très savoureux.

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Nuages,

Jonhathan Littell, il est dans ma "pile" depuis quelques semaines. Je ne sais pas pourquoi je ne l'ai pas encore entamé car ce que j'en ai feuilleté m'est apparu excellent. Mais je cours après de nombreux lièvres en ce moment.

Iegor Gran, j'ai adoré certains de ses bouquins (essayez de trouver "L'écologie en bas de chez moi") mais d'autres m'ont un peu déçue. C'est un peu le cas de son "Voyage clandestin avec deux femmes bavardes". Je n'ai pas eu l'impression d'apprendre quelque chose. C'est drôle, en effet, mais ça ne propose pas vraiment d'analyse du soutien à Poutine.

Je vous conseille sur cette question de l'adhésion des Russes de lire dans le journal "Le Monde", du dimanche 3 - Lundi 4 décembre 2023 (donc le dernier numéro), un article, sur toute une page, de Sergueï Tchernychev : "Le peuple russe vit peut-être le meilleur moment de sa vie". C'est une analyse très juste, très pertinente, à la quelle je souscris entièrement. Ca augure, hélas, très mal de l'avenir. Il est illusoire d'envisager, en Russie, un fort mouvement d'opposition à la guerre.

Bien à vous,

Carmilla

Richard a dit…

Bonjour Carmilla

« En attendant peut-être l’inattendu, espérant l’inespéré, je donnai la parole aux silences, le théâtre aux couleurs, la musique à tous les bruits, comme un homme réduit à cette extrémité de légende. »
Pierre Perrault
Toutes Isles
Page 15

Avec : Le grand soleil noir de la dépression, et : La vie comme fiction ou comme manipulation, vous tracez une grande boucle, autour de nos malheurs parce que nous refusons cette réalité présentement qui nous éclate en pleine face. Pire, nous refusons ces réalités, on ferme les yeux, on détourne le regard, pour ne présenter que son dos comme si c’était une zone de protection. Les médias sont en train d’aseptiser la guerre en masquant les cadavres sur les photos ou encore sur les petits bouts de films. Faut-il camoufler la réalité à ce point pour verser dans les mensonges de la propagande? Transformer la victime, celle qui a été agressée, en agresseur me répugne au plus haut point. Et, on laisserait faire? Mais que devient la vérité dans ce non-sens? Comment en arrive-t-on à manipuler la réalité à ce point?

En attendant peut-être l’inattendu, espérant l’inespéré, je me suis éloigné en forêt entre le bûchage et la chasse aux chevreuils dans des conditions difficiles afin de soumettre mon vieux corps à l’épreuve, à me mesurer à ma propre épreuve, entre la neige et la pluie, les sols boueux, les ornières traîtresses, les longues attentes, l’effort constant, sans oublier la réalité de ce monde qui déjante. Comment parviendrons-nous à remettre les wagons sur les rails? Votre grand soleil noir, était très inspirant!

La psychanalyse c’est comme la cortisone, peut-être que ça soulage; mais ça ne guérit rien. Ce que nous vivons présentement, c’est une dépression sociale carabinée en refusant cette réalité, que dire ce réalisme, cette montagne de cadavres et de cendre en Ukraine, de ce peuple palestinien pris en otages par le Hamas. Sans oublier tous ces groupements politiques d’extrême droite qui refont surface et qui désirent se renfermer dans leur nationalisme étroit. Un exemple : les résultats des dernières élections en Hollande. On dirait que l’Europe se délétère. Est-ce qu’elle est en train de faire taire son histoire? Oui, je parle de l’Europe, mais il en est de même en Amérique, où resurgisse, les organisations religieuses conservatrices. Serais-ce la fin du libéralisme, d’une certaine mondialisation? Et que dire de l’État de Droit? Ceux qui désirent exterminer des peuples ne font pas rêver et nous savons très bien de qui il s’agit.

Les médias parlent de cessez-le-feu, de négociations, propos qui sentent la soumission, semailles de dépressions, un véritable soleil noir, la vie n’est pas une fiction, mais présentement je sens comme une manipulation déplaisante et inacceptable. Jusqu’à être témoin de manifestations dans des universités canadiennes, non pas en faveur des palestiniens, mais du Hamas! Ils ne resterait plus qu’à s’agenouiller devant le maître du Kremlin. Je m’y refuse!

Bonne fin de journée Carmilla

Richard St-Laurent

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Richard,

Je manque évidemment de recul mais il semble, en effet, qu'une espèce de dépression généralisée envahisse, en ce moment, les sociétés occidentales.

Je disais ainsi que je n'en pouvais plus d'écouter les médias français: ce ne sont que pleurnicheries et lamentations. On s'appauvrirait, les inégalités deviendraient insupportables, le réchauffement climatique va prochainement rendre la terre invivable, une violence générale gangrène les sociétés, etc... Tout cela est affirmé sans examiner, en toute lucidité, les faits.

Parce qu'en réalité, il y a aussi de bonnes raisons d'espérer. On entre notamment, notamment, dans une ère de technologies nouvelles (l'intelligence artificielle en particulier) qui vont profondément bouleverser le monde.

Mais je crois qu'on a un peu abandonné l'esprit des Lumières, celui qui faisait croire au progrès et en un avenir meilleur.

Pourquoi cette perte de confiance ? J'avoue ne pas avoir la réponse mais c'est vrai qu'on est de plus en plus timorés au point, comme vous le soulignez bien, de devenir lâches et de rechercher des compromis ou des solutions boiteuses qui font le jeu des ennemis véritables de la Paix. C'est comme ça que le Hamas et Poutine ont aujourd'hui le vent en poupe.

Je comprends donc bien votre besoin de vous absenter, parfois, du monde. Pour pouvoir porter attention à d'autres choses sans doute plus essentielles.

Quant à moi, je continue, malgré tout, de croire au Progrès. Tant pis si on me juge simplette ou naïve.

Bien à vous,

Carmilla